Leçon n°1 - Des cartes pour comprendre le monde
(cliquez sur les titres des cartes et des paragraphes pour faire apparaître les documents et le texte de la leçon)
Une carte de géographie n’est pas un objet neutre. En effet, elle est toujours construite à partir de choix qui sont rarement explicites. Quels sont ces choix?
Une carte est toujours :
- orientée et centrée selon le point de vue de son auteur;
- le résultat d'une projection, qui déforme la représentation de la Terre;
- le résultat d'un choix d'échelle, qui peut donner des résultats très différents;
- le résultat d'un choix de métrique, qui peut lui donner des formes très éloignées les unes des autres;
- le résultat d'un choix de figurés, qui, sur un même sujet, peut donner des résultats très différents;
- le résultat d'un choix de traitement de données statistiques, qui influe sur son contenu.
Les cartes que nous allons étudier dans cette leçon n’y font pas exception. En quoi des cartes géopolitiques, géoéconomiques, géoculturelles et géoenvironnementales du monde actuel nous permettent-elles de comprendre la complexité de son organisation ?
Le choix du centrage et de l'orientation
Le monde centré sur l’Australie, avec ce que cela implique pour l’orientation de la carte
Le choix de la projection
La projection de Mercator (1569) est une projection
cylindrique, qui respecte les angles entre parallèles
et méridiens, mais qui dilate les hautes latitudes
La projection de Peters (1967), également
cylindrique, effectue une dilatation inverse de
celle de Mercator. Le résultat est forcément très différent.
Trois projections différentes: trois mondes différents
La projection de Lambert (1772)
La projection de Mollweide (1805)
La projection de Buckminster-Fuller (1946)
Le choix de l'échelle
Les religions dans le monde à petite échelle:
de vastes ensembles très homogènes
Le choix de la métrique
Une métrique « classique » (ou euclidienne) pour représenter l'accroissement naturel dans le monde:
les surfaces cartographiées sont proportionnelles aux surface réelles
Le choix de la métrique: de la carte à l'anamorphose
Une métrique en anamorphose pour représenter la production scientifique mondiale:
les surfaces cartographiées sont proportionnelles aux données représentées
Le choix de la métrique: de l'anamorphose au cartogramme
la répartition de la richesse mondiale en 2013
les émissions de CO2 dans le monde en 2011
Le choix des contenus et des figurés
Des figurés ponctuels pour représenter le nombre des réfugiés et des déplacés dans le monde
Le choix des contenus et des figurés
le nombre des réfugiés et des déplacés;
des figurés linéaires pour représenter les flux
pour représenter le nombre des réfugiés
dans chaque pays d’accueil
Le choix des données statistiques
Un premier choix de discrétisation pour montrer la disponibilité en eau douce dans le monde en 2010
Le choix des données statistiques
Un deuxième choix de discrétisation pour montrer la disponibilité en eau douce dans le monde en 2010
I. Une lecture géopolitique
Carte n°1: Les regroupements d'États en 2016
Ce que montre la carte: comme l’indiquent les figurés ponctuels rouges ou orange, le monde d'aujourd'hui, loin d'être une « démocratie d'États », est dirigé par un nombre restreint de grandes puissances, membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU ou membres d’organisations internationales telles que le G7 ou le G20. Les décisions prises au sein de ces organisations engagent la planète toute entière, alors qu’elles ne sont prises que par quelques États. Le monde est également partagé en un très grand nombre d’organisations régionales (représentées sur la carte par des à-plats de couleur), à finalité surtout économique. Les plus nombreuses sont de simples zones de libre-échange, les plus abouties sont des marchés communs ou des unions économiques. Les quatre plus puissantes sont l’Union Européenne, l’ALENA, le Mercosur et l’ASEAN, mais il en existe dans la plupart des régions du monde, à l’exception de l’Asie Orientale et du Moyen-Orient. D’autres organisations (représentées par des hachures) sont des alliances à la fois politiques ou militaires. Les deux plus puissantes sont l’OTAN et l’Organisation de coopération de Shanghai, dont l’opposition actuelle a permis de parler d’une « nouvelle Guerre Froide ».
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): un très grand nombre de ces organisations, ici toutes mises sur le même plan, fonctionnent mal ou très peu et sont souvent en concurrence les unes avec les autres, ce qui explique que de nombreux États adhérent en même temps à plusieurs organisations, dont les limites se chevauchent, comme le montre cette autre carte. Par ailleurs, les grandes puissances ont souvent d’importants désaccords qui empêchent les organisations auxquelles elles appartiennent d’adopter des décisions communes.
Les organisations régionales africaines, dans toute leur complexité
Carte n°2: Les conflits et les zones de tension en 2015
Ce que montre la carte: le monde actuel est marqué par de multiples conflits, parfois interétatiques (ils sont indiqués par des carrés jaunes sur la carte), mais beaucoup plus souvent intra-étatiques. Ces derniers opposent une armée gouvernementale ou bien à des mouvements sécessionnistes ou indépendantistes (représentés par des triangles violets), ou bien à des groupes armés contestant la légitimité du gouvernement en place (représentés par des cercles rouges). Toutes ces guerres civiles sont des guerres asymétriques, dans lequel une armée régulière affronte une ou plusieurs guérillas. Elles sont majoritairement localisées dans quatre régions du monde, l’Afrique subsaharienne, le Proche-Orient, le sud de la Russie et l’Asie du Sud (matérialisées par des à-plats de couleur cerclés de rouge), qui dessinent un « arc des crises » (l’expression est de Zbigniew Brzezi?ski, ancien conseiller diplomatique du président américain Carter) concentrant la quasi-totalité de l’instabilité mondiale actuelle.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): un très grand nombre de ces conflits ont une intensité très variable : le conflit qui ravage actuellement la Syrie (plus de 400 000 morts en sept ans, selon les estimations les plus plausibles) est peu comparable avec d’autres guerres beaucoup moins meurtrières. Par ailleurs, des conflits comme ceux qui opposent les deux Corées ou l’Inde et le Pakistan connaissent des pics de tension séparés par de très longues périodes d’apaisement. C'est ce que montre cette autre carte.
Les conflits dans le monde en 2010
Carte n°3: Les enjeux nucléaires en 2017
Ce que montre la carte: le monde actuel est dominé par un nombre restreint de puissances nucléaires, identifiables par des histogrammes proportionnels à leur arsenal. Ces puissances sont indiquées par des à-plats rouges quand elles sont officielles (ce sont les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU qui ont mis en place en 1968 le Traité de Non-Prolifération nucléaire) et par des à-plats orange quand elles sont officieuses (ce sont les quatre pays ayant bravé les interdictions du TNP). Mais, même si, jusqu’à une date récente, certains États (comme l'Iran) ont cherché à se doter de l’arme nucléaire en marge de la légalité internationale, la plupart (indiqués par des à-plats vert clair ou foncé) ont renoncé à celle-ci et ont même, quand ils en avaient, détruit leurs armes nucléaires. Des régions entières du globe (indiquées par des zones pointillées) sont même dénucléarisées. Sauf dans le cas, notable mais exceptionnel, de la Corée du Nord, la bombe atomique a cessé d’être le symbole de puissance qu’elle était au temps de la Guerre froide, même si elle reste encore un instrument de dissuasion.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): la plupart des menaces qui pèsent sur le monde contemporain viennent bien moins de la prolifération nucléaire, finalement assez contrôlée, que des autres armes de destruction massive et notamment des armes chimiques. La menace terroriste est elle aussi de plus en plus présente, alors qu’elle emploie des moyens infiniment moins sophistiqués que la bombe atomique, comme le montre cette autre carte.
La menace terroriste en 2015
II. Une lecture géoéconomique
Carte n°4: Développement et mal-développement
Ce que montre la carte: le monde actuel est clairement partagé entre un ensemble de pays développés, dits du « Nord », identifiables par les à-plats de couleurs indiquant un Indicateur de Développement Humain élevé ou très élevé, et un ensemble de pays faiblement développés, dits du « Sud », identifiables par les à-plats de couleurs indiquant un IDH faible ou très faible. Entre ces deux ensembles, une « limite Nord-Sud » (matérialisée par des pointillés noirs) de moins en moins pertinente : un nombre croissant de pays « du Sud » (en Amérique latine ou en Asie, surtout) connaissent en effet un développement accéléré qui leur permet d’égaler ou de dépasser les IDH de nombreux pays du Nord (certains, comme la Corée du Sud ou Singapour, sont d’ailleurs déjà passés au Nord), alors que des pays réputés du Nord connaissent un développement beaucoup plus lent.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): Si la limite Nord-Sud a aujourd’hui a perdu une grande partie de sa signification, c’est parce que son tracé remonte au début des années 1980, à une époque où la démarcation entre pays développés et pays en développement était beaucoup plus nette (voir cette autre carte). Mais les notions de Nord et de Sud sont d’autant plus discutables que l’on retrouve de profondes inégalités à l’intérieur même de la quasi-totalité des pays du monde, où un fort développement voisine avec un faible développement. C'est ce que montre ce diagramme.
Développement et mal-développement en 1990
Développement et mal-développement à l'intérieur des États
Carte n°5: Richesse et pauvreté parmi les nations
Ce que montre la carte: le monde actuel est clairement marqué par les mêmes inégalités en matière de richesse qu’en matière de développement. La répartition du Produit Intérieur Brut mondial (représentée par un cartogramme carroyé, où la taille des États est proportionnelle à la richesse qu’ils produisent) fait ainsi apparaître trois « aires de puissance »: l’Amérique du Nord, l’Europe et l’Asie Orientale, qui produisent plus de 80% des richesses mondiales et qui dominent l’économie de la planète. On voit aussi, grâce aux à-plats de couleurs vertes et jaunes indiquant les PIB par habitant, que si les aires nord-américaines et européennes sont très homogènes, l’aire asiatique présente de très grandes disparités de richesse. L’économie mondiale apparaît ainsi de plus en plus multipolaire, désormais dominée par les puissances économiques du Nord aussi bien que par les pays « émergents » du Sud.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): Jusqu’aux années 1990, les pays les plus riches du monde étaient (comme on peut le voir sur cette carte) les États-Unis, l’Europe occidentale et le Japon, regroupés dans ce que l’on appelait la « Triade », une expression forgée dans les années 1980 par l’économiste japonais Kenishi Ohmae et qui a perdu une grande partie de sa signification. Par ailleurs, le cadre étatique utilisé par la carte n’est pas forcément le meilleur moyen de mesurer la richesse mondiale. On retrouve en effet de très forts contrastes de richesse entre les régions et à l’intérieur des régions de chacun des pays du monde, ce que montre cette autre carte.
Le PIB mondial en 2001
Le PIB des 50 États américains
Carte n°6: Les échanges mondiaux de marchandises en 2015
Ce que montre la carte: les trois aires de puissance américaine, européenne et asiatique (rapprochées les unes des autres grâce à l’utilisation de la projection de Buckminster) produisent, à elles seules, la quasi-totalité des flux du commerce mondial. En effet, les échanges « intrazone » de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de l’Asie orientale (figurés par des cercles proportionnels à leur importance) représentent, avec les échanges que ces mêmes régions effectuent entre elles (figurés par des flèches proportionnelles à leur intensité), 75% des exportations mondiales de marchandises. Les autres régions du monde ne comptent, à l'inverse, dans le commerce mondial qu’autant qu’elles effectuent des échanges avec les régions qui dominent celui-ci. La mondialisation des échanges a certes rendu tous les pays du monde interdépendants les uns des autres, mais elles les a surtout rendus dépendants des pôles majeurs de l’économie mondiale.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): La croissance très rapide que le commerce mondial a connue depuis les années 2000 – les exportations mondiales ont plus que doublé depuis 15 ans – n’a pas modifié son organisation, bien au contraire (voir cette autre carte), puisque ce sont les aires de puissance américaine, européenne et asiatique qui ont le plus bénéficié de l’accélération de la mondialisation. A l'intérieur de ces régions dominantes, tous les États ne réalisent pas les mêmes performances commerciales : en effet, plus de la moitié des échanges représentés sur la carte est réalisée par seulement dix États (Chine, États-Unis, Allemagne, Japon, Corée du Sud, France, Pays-Bas, Royaume-Uni, Italie et Mexique).
Le commerce mondial en 2001
III. Une lecture géoculturelle
Carte n°7: La planète Internet
⇒ Un monde de plus en plus homogène
Ce que montre la carte: le monde actuel est marqué par une homogénéisation croissante des pratiques culturelles de ses habitants. Ainsi, aujourd’hui, près de la moitié de la population mondiale utilise Internet, alors que ce dernier a été mis en place il y a seulement 25 ans. C’est la concrétisation de la prophétie faite en 1967 par le sociologue canadien Marshall MacLuhan d’un « village planétaire », dont les habitants, unis par des pratiques culturelles identiques, font, pensent et disent de plus en plus souvent les mêmes choses au même moment. L’accès à Internet est toutefois étroitement lié au niveau de vie : c’est en effet dans les régions les plus riches de la planète, en Amérique du Nord, en Europe et en Asie orientale que l’on trouve les usagers les plus nombreux, indiqués par les à-plats de couleur les plus foncées. Une importante « fracture numérique » sépare encore aujourd’hui les pays du Nord et les pays du Sud. L’Afrique (où sont concentrés les plus nombreux des à-plats les plus clairs) est, de loin, le continent le plus touché par ce phénomène.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): Cette « fracture numérique » tend cependant à disparaitre. En effet, de 2011 à 2016 (comme le montre cette autre carte), le pourcentage d’usagers d’Internet dans la population mondiale est passé de 31,7 à 43,9%, et ces progrès sont surtout spectaculaires dans les pays les moins développés. En revanche, une forte opposition existe toujours entre l’Amérique du Nord et l’Europe, qui concentrent le plus grand nombre de serveurs d’Internet, et le reste du monde (voir la carte). L’homogénéisation de la culture mondiale continue donc à s’accompagner de son occidentalisation.
La planète Internet en 2011
Les serveurs d'Internet en 2016
Carte n°8: Les langues les plus parlées dans le monde
Ce que montre la carte: même s’il est de plus en plus culturellement homogène, le monde actuel reste aussi considérablement fragmenté. La carte des langues officielles des États du monde (représentés par un cartogramme carroyé proportionnel à leur population) fait ainsi apparaître dix langues rassemblant chacune plus de 100 millions de locuteurs (elles sont identifiées par des à-plats de différentes couleurs). Ces langues, qui concernent plus de 4,5 milliards de personnes, sont parlées dans des États très peuplés, comme le mandarin, l’hindi, le bengali, l’ourdou, le malais, l’indonésien, le russe et le japonais, ou ont été diffusées sur d’autres continents par la colonisation européenne, comme le français, l’anglais, l’espagnol ou le portugais. Mais la carte suggère aussi (par l’utilisation d’à-plats de couleur grise), l’existence de nombreuses autres langues, dont le nombre de locuteurs est important même s’il ne dépasse pas 100 millions.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): Si l’on considère les langues réellement parlées dans le monde (voir la carte), on ne compte pas moins de 35 familles linguistiques différentes, elles-mêmes divisées en plusieurs langues différentes. Même si, du fait des héritages historiques, les langues européennes sont largement présentes sur tous les continents, ceux-ci conservent donc une diversité infiniment plus grande que ne l’indique la carte des langues officielles. Ce qui est vrai des langues l’est également des religions, dont la répartition fait apparaître de vastes ensembles fondés sur des croyances très différentes les unes des autres. A partir de cette hétérogénéité religieuse, le politologue américain Samuel Huntington a construit sa théorie du « Choc des civilisations » (voir cette autre carte), selon laquelle les différentes cultures sont destinées à s’affronter, au lieu de coexister pacifiquement ou de se mélanger.
Les grandes familles linguistiques
Le "choc des civilisations"
Carte n°9: Le cinéma mondial en 2015
⇒ Un monde de plus en plus métissé
Ce que montre la carte: Les films produits aux États-Unis restent, et de loin, les plus vus dans le monde (surtout en Europe et en Amérique latine, où apparaissent de très nombreux figurés ponctuels rouges), mais le cinéma américain est loin d'être seul au monde : même si leur production est davantage tournée vers leur marché intérieur, l’Inde, le premier producteur mondial de films de long métrage, la Chine et le Japon (identifiables par les à-plats violets les plus foncés) produisent, au moins autant de films que les États-Unis. Par ailleurs, de nombreux autres pays conservent une production nationale importante (représentée par les à-plats indiquant entre 50 et 500 films par an) qui, à défaut de pouvoir concurrencer l’hégémonie américaine, coexiste avec elle. En fait, seules l’Afrique et l’Asie de l’Ouest n’ont pas, pour des raisons essentiellement économiques, de production cinématographique significative.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): comme le montre l’exemple de la diffusion de trois best-sellers mondiaux (voir cette autre carte), les productions culturelles sont rarement destinées au seul marché intérieur du pays qui les produit. La plupart des cultures mondiales se trouvent en effet au croisement d’influences culturelles multiples et de plus en plus nombreuses. Le monde actuel n’est donc pas seulement culturellement fragmenté, il est aussi profondément métissé.
Les exportations mondiales de trois produits culturels
IV. Une lecture géoenvironnementale
Carte n°10: Les émissions de CO2 en 2016
Ce que montre la carte: la Terre est menacée par un « effet de serre » croissant, du fait de la concentration dans l’atmosphère d’une quantité de plus en plus importante de dioxyde de carbone. Or, la production de CO2, représentée par un cartogramme circulaire proportionnel aux émissions de chaque pays, est surtout le fait des trois aires de puissances d’Amérique du Nord, d’Europe et d’Asie orientale, celle-ci étant à elle seule responsable d’un tiers des émissions mondiales. La carte indique aussi les noms des dix États les plus pollueurs du monde sont, qui sont, sans surprise, ou bien des pays fortement industrialisés (États-Unis, Japon, Allemagne) ou bien des pays émergents en croissance très rapide (Chine ou Inde). L’Iran et l’Arabie Saoudite sont présents dans ce classement à cause de l’importance de leurs activités de raffinage de pétrole.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): parmi les plus gros producteurs de gaz à effet de serre, il faut distinguer (comme le montre cette autre carte) les pays les plus développés qui, à partir de leur engagement au Protocole de Kyoto (1997), ont déjà fait baisser leurs émissions de CO2, des autres pays, principalement du Sud, qui ne s’imposent aucune contrainte en la matière. La carte ne montre pas non plus, en raison de sa proximité des Accords de Paris signés en 2015, les progrès que certains des États les plus producteurs, comme la Chine ou les États-Unis, ont récemment accomplis dans la lutte contre le réchauffement climatique. Mais la carte ne fait pas non plus apparaître les conséquences des émissions croissantes de CO2, à savoir la multiplication de phénomènes climatiques de plus en plus destructeurs qui entrainent le déplacement de millions d’hommes. Ainsi, en 2014 (voir cette carte), 19 millions de personnes ont dû quitter leur lieu de résidence à cause de catastrophes, climatiques notamment.
L'évolution des émissions de CO2 entre 2010 et 2016
Les conséquences des émissions de CO2 en 2014
Carte n°11: Débiteurs et créditeurs écologiques en 2013
Ce que montre la carte: toutes les parties de la Terre ont une biocapacité, mesurée en hectares, qui leur permet d’offrir à leur population de quoi satisfaire ses besoins en matière d’alimentation, d’énergie, etc. En consommant ces ressources de toutes sortes, chacune des populations de la Terre exerce sur le territoire qu’elle occupe une pression, elle aussi mesurée en hectares, qu’on appelle l’empreinte écologique. Tant que cette empreinte reste inférieure à la biocapacité d’un territoire donné, celui-ci est en crédit écologique (indiqué sur la carte par des à-plats de différents verts). Au contraire, lorsque l’empreinte devient supérieure à la biocapacité, on parle de dette écologique (indiquée sur la carte par des à-plats rouge ou rose). Or aujourd’hui, la majorité des États du monde est en dette écologique, leurs habitants consomment beaucoup plus que ce que la Terre peut leur offrir. L’Amérique du Nord, l’Europe occidentale, le nord de l’Afrique et presque toute l’Asie sont les régions du monde où les prélèvements humains sont les plus importants.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): Il y a quarante ans (comme le montre cette carte), une majorité d’Etats avaient une dette beaucoup moins importante qu’aujourd’hui ou un crédit nettement supérieur à celui qu’on peut observer actuellement. Cette accélération des prélèvements humains, conséquence du développement d’un grand nombre de pays du Sud qui adoptent les modes de production et de consommation des pays du Nord, est catastrophique : la consommation de la population mondiale nécessite aujourd’hui 1,5 planète Terre ; en 2050, si rien ne change, elle en nécessitera 2,5: c'est ce que montre ce document). D’année en année, le passage à un mode de développement durable devient de plus en plus urgent.
Débiteurs et créditeurs écologiques en 1973
Une dette écologique croissante
Carte n°12: L'accès à l'eau potable en 2015
Ce que montre la carte: même si de nets progrès ont été réalisés depuis 20 ans, l’accès à l’eau potable (défini comme la possibilité de trouver au moins 20 litres par habitant à moins d’un quart d'heure de marche de son domicile), reste difficile pour une partie importante des habitants de la planète. En effet, de nombreuses régions (identifiables par les à-plats bleus les plus foncés) offrent un tel accès à plus de 90% de leur population, mais cela est loin d’être pour de nombreux pays du Sud, en Afrique principalement, mais aussi en Asie centrale et du Sud-Est (où les à-plats bleu clair, jaune ou orange dominent). Le manque d’eau concerne encore 750 millions de personnes, soit 10% de la population mondiale. Mais la carte montre aussi (par des figurés ponctuels blancs cerclés de rouge) que, au Nord de l’Afrique, au Moyen-Orient et en Asie centrale, les prélèvements annuels d’eau dépassent largement les ressources renouvelables : cela signifie que ces régions sont menacées, si rien ne change dans un avenir proche, par des pénuries de plus en plus graves.
Ce que la carte ne montre pas (ou montre mal): ces pénuries d’eau potable seront d’autant plus importantes que les régions où elles ont le plus de chances de se manifester sont aussi les régions qui connaissent la plus forte croissance démographique (voir cette autre carte). La raréfaction des ressources par l’augmentation de la population est une autre raison de passer à un véritable développement durable.
La croissance de la population mondiale en 2015
Conclusion