Leçon n°6 - Socialisme, communisme et syndicalisme en Allemagne depuis 1875
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Socialisme communisme et syndicalisme sont les trois formes du mouvement ouvrier qui se développe dans tous les pays européens au XIXe siècle. Si le syndicalisme désigne l’ensemble des mouvements de défense de la classe ouvrière, le socialisme et le communisme sont des idéologies dénonçant les inégalités produites par l’industrialisation. Selon leur principal théoricien, Karl Marx, l’histoire est l’affrontement de la classe possédante (la bourgeoisie) et de la classe démunie (le prolétariat). La lutte des classes ne peut se résoudre que par une révolution mettant fin à la domination bourgeoise, remplacée par une dictature du prolétariat. Celle-ci permet d’établir une société sans classes, grâce à la mise en place d’une propriété collective des moyens de production. C’est sur ce dernier point que le socialisme se distingue du communisme : pour une majorité de socialistes, la propriété collective doit être réalisée par les ouvriers eux-mêmes, alors que, pour les communistes, elle doit être mise en place de manière autoritaire par l’Etat, avant qu’il ne disparaisse.
Quelle place ces différentes formes du mouvement ouvrier occupent-elles dans l’histoire allemande aux XIXe et XXe siècles ?
I. La construction du mouvement ouvrier en Allemagne de 1875 à 1914
1. La naissance du parti socialiste allemand
a) C’est en 1875 qu’est créé le Parti socialiste des ouvriers allemands (le SAP Sozialistische Arbeiterpartei Deutschlands) Le programme de ce nouveau parti, qui est élaboré lors d’un congrès réuni dans la ville de Gotha (d’où son nom de « programme de Gotha ») est ouvertement révolutionnaire – il appelle à renverser le système capitaliste par l’action violente – mais il contient aussi des éléments réformistes – il demande la mise en place par la loi de mesures améliorant le sort de la classe ouvrière (document 1). Cette double orientation s’explique par les conditions de la naissance du parti, qui est formé par la réunion d’un parti réformiste, l’ « Union générale des travailleurs allemands » (l’ADAV, Allgemeiner Deutscher Arbeiterverein), dirigée par Ferdinand Lassalle et d’un parti révolutionnaire, le « parti social-démocrate des travailleurs allemands » (le SDAP, Socialdemokratische Arbeiterpartei Deutschlands) dirigé par Wilhelm Liebknecht (document 2). L’opposition entre réformisme et révolution, que l’on retrouve dans tous les mouvements ouvriers européens, oriente durablement l’évolution du socialisme allemand.
b) Dès sa naissance, le parti socialiste affronte l’hostilité du gouvernement impérial. Aux yeux du très conservateur chancelier Bismarck, le socialisme, même réformiste, est une menace majeure pour l’ordre établi : tandis qu’une loi, votée en 1878, prive le SAP de ses moyens d’expression en interdisant toute propagande socialiste en Allemagne (document 3), de nombreuses autres lois, votées dans les années 1880, apportent d’importantes améliorations à la condition ouvrière, afin d’éloigner les ouvriers allemands du parti socialiste: une assurance-maladie est créée en 1883 ; une assurance vieillesse et invalidité est établie en 1889 ; des lois votées en 1890 et 1891 réduisent la durée du travail et instituent un jour de repos hebdomadaire .
c) Une nouvelle période s’ouvre en 1890 pour le socialisme allemand. Bismarck ayant été contraint de quitter le pouvoir en 1890, les lois antisocialistes sont abrogées et le SAP se reforme sous le nom définitif de « Parti social-démocrate d’Allemagne » (le SPD, Sozialdemokratische Partei Deutschlands), en gardant sa double orientation idéologique : le programme élaboré au congrès d’Erfurt en 1891 réaffirme la nécessité de faire disparaître le capitalisme, mais réclame aussi d’importantes réformes sociales (document 4). Jusqu’en 1914, les idées des socialistes réformistes, principalement représentées par Eduard Bernstein, s’opposent au sein du parti aux idées des socialistes révolutionnaires, représentés par Rosa Luxemburg (document 5).
La création du SAP, entre réformisme et révolution
Socialismes réformiste et révolutionnaire, à l'origine du SAP
L'opposition de Bismarck
Bismarck essayant de faire disparaître le socialisme en Allemagne.
Caricature anglaise de 1878
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Le programme du SPD, défini au congrès d'Erfurt (1891)
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Eduard Bernstein (1850-1932)
Un socialiste réformiste: Eduard Bernstein
Une question aujourd’hui plus importante […] est celle de compléter le programme du parti. La pratique a mis à l’ordre du jour une quantité de questions qui étaient considérées, lors de l’élaboration du programme, comme étant encore trop éloignées pour que la social-démocratie eût à s’occuper d’elle en particulier.
La croissance considérable de la social-démocratie pendant les huit années qui se sont écoulées depuis la rédaction du programme d’Erfurt, son action sur la politique intérieure de l’Allemagne, ainsi que l’expérience faite dans d’autres pays, ont rendu inéluctable l’approfondissement de toutes ces questions. […]
Il faut que la social-démocratie ait le courage de s’émanciper de la phraséologie du passé et de vouloir paraître ce qu’elle est aujourd’hui en réalité: un parti de réformes démocratiques et socialistes.
Eduard Bernstein, Les présupposés du socialisme et les devoirs de la social-démocratie, 1895.
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Rosa Luxemburg (1871-1919)
Une socialiste révolutionnaire: Rosa Luxemburg
Le prolétariat acquiert par l’expérience la conviction qu’il est impossible de transformer de fond en comble sa situation au moyen de la seule lutte syndicale et parlementaire et qu’il n’y parviendra qu’en s’emparant du pouvoir politique. […] D’après Bernstein, la lutte syndicale et politique a pour tâche de réduire progressivement l’exploitation capitaliste et de lui donner un caractère socialiste. […] Le conseil révisionniste d’abandonner le but final socialiste revient à abandonner le mouvement socialiste tout entier.
Rosa Luxemburg, Réformes sociales ou révolution?, 1898.
a) La création du SAP, entre réformisme et révolution
La création du SAP, entre réformisme et révolution
Socialismes réformiste et révolutionnaire, à l'origine du SAP
L'opposition de Bismarck
Bismarck essayant de faire disparaître le socialisme en Allemagne.
Caricature anglaise de 1878
c) Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Le programme du SPD, défini au congrès d'Erfurt (1891)
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Eduard Bernstein (1850-1932)
Un socialiste réformiste: Eduard Bernstein
Une question aujourd’hui plus importante […] est celle de compléter le programme du parti. La pratique a mis à l’ordre du jour une quantité de questions qui étaient considérées, lors de l’élaboration du programme, comme étant encore trop éloignées pour que la social-démocratie eût à s’occuper d’elle en particulier.
La croissance considérable de la social-démocratie pendant les huit années qui se sont écoulées depuis la rédaction du programme d’Erfurt, son action sur la politique intérieure de l’Allemagne, ainsi que l’expérience faite dans d’autres pays, ont rendu inéluctable l’approfondissement de toutes ces questions. […]
Il faut que la social-démocratie ait le courage de s’émanciper de la phraséologie du passé et de vouloir paraître ce qu’elle est aujourd’hui en réalité: un parti de réformes démocratiques et socialistes.
Eduard Bernstein, Les présupposés du socialisme et les devoirs de la social-démocratie, 1895.
Une orientation à la fois réformiste et révolutionnaire jusqu'en 1914
Rosa Luxemburg (1871-1919)
Une socialiste révolutionnaire: Rosa Luxemburg
Le prolétariat acquiert par l’expérience la conviction qu’il est impossible de transformer de fond en comble sa situation au moyen de la seule lutte syndicale et parlementaire et qu’il n’y parviendra qu’en s’emparant du pouvoir politique. […] D’après Bernstein, la lutte syndicale et politique a pour tâche de réduire progressivement l’exploitation capitaliste et de lui donner un caractère socialiste. […] Le conseil révisionniste d’abandonner le but final socialiste revient à abandonner le mouvement socialiste tout entier.
Rosa Luxemburg, Réformes sociales ou révolution?, 1898.
2. Le plus puissant parti socialiste d’Europe
a) Le SPD accumule les succès électoraux jusqu’en 1914. Alors qu’il n’attire que moins de 10% des voix des électeurs allemands en 1875, le parti socialiste devient au début du XXe siècle le premier parti du Parlement allemand, le Reichstag (document 1). Aux élections législatives de 1912, les socialistes recueillent plus de 35% des suffrages exprimés et obtiennent 110 députés (document 2). Même s’il reste un parti d’opposition, le SPD n’en est pas moins une force politique considérable, ainsi qu’une référence pour tous les autres partis socialistes européens. Ses succès électoraux s’expliquent avant tout par son monopole de la représentation politique de la classe ouvrière : face aux autres forces politiques, les socialistes se présentent comme les meilleurs défenseurs des intérêts des 8 millions d’ouvriers allemands, dont les conditions de vie et de travail restent très précaires jusqu’en 1914 (document 3).
b) Un très puissant mouvement syndical se construit également en Allemagne. Interdits en 1878, les syndicats socialistes se développent surtout après 1890. Regroupés à partir de 1892 dans la Confédération des Syndicats d’Allemagne (Generalkommission der Gewerkschaften Deutschlands), ils comptent plus de 2,5 millions d’adhérents à la veille de la première guerre mondiale. Bien qu'ils soient surtout réformistes, ces syndicats encouragent les mouvements de grève, particulièrement nombreux entre 1900 et 1914 (document 4): en 1905, la grève organisée par le syndicat des mineurs de la Ruhr mobilise 200 000 mineurs, sur les 300 000 que compte le bassin minier. Même si elles sont violemment réprimées (document 5), ces actions permettent d’importantes améliorations de la condition ouvrière, comme l’adoption des premières conventions collectives en 1902. D’autres syndicats, chrétiens ou libéraux se constituent parallèlement, mais ils n’ont pas l’importance des syndicats socialistes.
c) Le SPD constitue enfin en Allemagne une véritable « contre-société », alternative à la société capitaliste. Des coopératives de consommation gérées par des organisations socialistes (il y en a 1 200 en 1911) permettent aux ouvriers de trouver des produits moins chers que dans les circuits économiques classiques (document 6). Des milliers d’associations culturelles, sportives ou artistiques, souvent issues des syndicats socialistes, organisent aussi les loisirs des ouvriers (document 7). La force du SPD est sa capacité d’encadrer au quotidien la classe ouvrière allemande.
Des succès électoraux croissants
Les résultats aux élections législatives du SPD,
du parti du centre et du parti national-libéral entre 1870 et 1974
Des succès électoraux croissants
Les compositions du Reichstag en 1871 et en 1912
Des succès électoraux croissants
Une affiche de propagande socialiste:
"comment ses ennemis voient le socialiste" et "comment le socialiste se montre réellement"
Des succès électoraux croissants
Une réunion de propagande socialiste:
Jens Birkholm, L’Evangile des pauvres gens, 1900
Un mouvement syndical en constants progrès
L'essor et les luttes du syndicalisme allemand à la fin du XIXe siècle
Une véritable contre-société
Une coopérative ouvrière de consommation à Hambourg (carte postale de 1905)
a) Des succès électoraux croissants
Des succès électoraux croissants
Les résultats aux élections législatives du SPD,
du parti du centre et du parti national-libéral entre 1870 et 1974
Des succès électoraux croissants
Une réunion de propagande socialiste:
Jens Birkholm, L’Evangile des pauvres gens, 1900
b) Un mouvement syndical en constants progrès
Un mouvement syndical en constants progrès
L'essor et les luttes du syndicalisme allemand à la fin du XIXe siècle
c) Une véritable contre-société
Une véritable contre-société
Une coopérative ouvrière de consommation à Hambourg (carte postale de 1905)
II. La division du mouvement ouvrier en Allemagne entre 1914 et 1945
a) La première guerre mondiale met fin à l’unité du socialisme allemand. Jusqu’en 1914, le SPD, comme tous les autres partis socialistes européens regroupés dans l’Internationale ouvrière, multiplie les proclamations hostiles à la guerre, au nom de la solidarité des classes ouvrières opprimées (document 1). Mais cet internationalisme ne résiste pas au déclenchement du conflit. En août 1914, les socialistes allemands s’engagent dans l’« Union sacrée » (Burgfrieden) et apportent leur soutien au gouvernement de l’empereur Guillaume II (document 2). Le patriotisme l’emporte sur toute autre considération. Acceptée par presque tous les socialistes qui croient à une guerre courte, cette orientation belliciste est de plus en plus contestée au fur et à mesure de l’enlisement du conflit. En 1916, une partie des militants du SPD se regroupent dans la Ligue spartakiste (« Spartakusbund ») fondée par Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg pour demander la fin de la guerre (document 3). Même s’il ne se sépare pas tout de suite du SPD, le mouvement spartakiste (dont le nom fait référence à l’organisateur de la plus grande révolte d’esclaves de l’Antiquité) est une première rupture de l’unité du mouvement socialiste allemand.
b) La rupture s’approfondit avec la fin de la guerre. En novembre 1918, l’abdication de l’empereur Guillaume II est suivie d’une double proclamation de la République : alors que les députés socialistes proclament une république démocratique (document 4) et forment un gouvernement avant tout destiné à maintenir l’ordre établi, les spartakistes proclament une république socialiste et réclament la disparition du système capitaliste (document 5). Cette opposition s’approfondit en décembre 1918 quand les spartakistes quittent le SPD pour fonder le Parti communiste d’Allemagne (le KPD, Kommunistische Partei Deutschlands) en s’inspirant directement du parti bolchevique qui vient de prendre le pouvoir en Russie (document 6).
c) Mais la rupture devient irrémédiable en janvier 1919, lorsque le gouvernement dirigé par le socialiste Friedrich Ebert décide de mettre fin au soulèvement des communistes de Berlin contre la République de Weimer. Soutenus par les partis conservateurs, les socialistes chargent l’armée de disperser par la force les militants communistes qui occupent les rues de la capitale (document 7) : plusieurs centaines d’entre eux sont tués et leurs chefs, dont Liebknecht et Luxemburg, sont assassinés (document 8). La « semaine sanglante de Berlin » met définitivement un terme à l’unité du mouvement ouvrier allemand.
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
"Prolétaires de tous les pays, unissez vous!"
carte postale de 1888
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
Déclaration de Hugo Haase, député et dirigeant du SPD, au Reichstag, le 4 août 1914.
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
"Je ne connais plus de partis; je ne connais que des Allemands" (Guillaume II),
carte postale de 1914
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
Karl Liebknecht (1871-1919)
Rosa Luxemburg (1871-1919)
Fondée au début de l’année 1916, la ligue spartakiste est à la fois hostile à la guerre et à la politique soutenue par le SPD.
Ouvriers, camarades, femmes du peuple, ne laissez pas passer ce deuxième 1er mai de la guerre mondiale sans en faire une manifestation du socialisme international, un acte de protestation contre la boucherie impérialiste !
En ce premier mai, nous tendons notre main fraternelle, par dessus les barrières de toutes les frontières, au peuple de France, de Belgique, de Russie, d'Angleterre, de Serbie, du monde entier. Le 1er mai, nous crions à des milliers et des milliers de voix : Halte au crime infâme du meurtre des peuples ! À bas les responsables – décideurs, provocateurs, profiteurs ! Nos ennemis ne sont pas le peuple français, russe ou anglais, ce sont les hobereaux [petits propriétaires de la noblesse terrienne] allemands, les capitalistes allemands et leur comité exécutoire, le gouvernement allemand ! Luttons contre ces ennemis mortels de toute liberté, luttons pour tout ce que représente le bien-être et l'avenir de la cause ouvrière, de l'humanité et de la culture ! Halte à la guerre ! Nous voulons la paix ! Vive le socialisme ! Vive l'Internationale ouvrière !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Appel à une manifestation du Spartakus Bund, 1er mai 1916
La naissance du parti communiste allemand
Après l'abdication de Guillaume II, le 9 novembre 1918, le social-démocrate Philipp Scheidemann proclame la République au balcon du Reichstag à Berlin.
Le peuple allemand a remporté une victoire totale. Tout ce qui était ancien et pourri s'est écroulé, le militarisme a pris fin ! Les Hohenzollern[ La famille impériale allemande] ont abdiqué! Vive la République allemande! Le député du Reichstag Ebert a été proclamé chancelier. Il a été chargé de former un nouveau gouvernement ; tous les partis socialistes y participeront. Notre tâche à présent est de ne pas laisser cette victoire scintillante, cette victoire complète du peuple allemand, être souillée. C'est pourquoi je vous demande de faire en sorte qu'il n'y ait pas de rupture de l'ordre public. Nous devons pouvoir être fiers de ce jour à jamais. Rien ne doit arriver qui puisse être retenu contre nous. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de légalité, d’ordre et de sécurité. Contribuez à ce que la nouvelle République allemande que nous voulons établir ne soit pas mise en danger.
Vive la République allemande !
La naissance du parti communiste allemand
Le 9 novembre 1918 également, le chef spartakiste Karl Liebknecht proclame une République socialiste au Palais royal.
Camarades ! Voici l'aube de notre liberté. Jamais un Hohenzollern ne mettra plus le pied ici... Ce sont les esprits de millions de personnes qui ont donné leur vie pour la cause sacrée du prolétariat. Avec les crânes brisés, baignant dans leur sang, ces victimes de la tyrannie ont titubé, suivies par les esprits de millions de femmes et d'enfants morts de chagrin et de misère pour la cause du prolétariat. Après eux sont venus les millions et millions de victimes sanglantes de cette guerre mondiale. Aujourd'hui, une multitude immense de prolétaires impassibles se tient sur la même place, rendant hommage à cette nouvelle liberté. Camarades, je proclame la République socialiste allemande libre, qui réunira tous les Allemands, dans laquelle il n'y aura plus de serviteurs, dans laquelle tout travailleur honnête recevra un salaire juste pour son travail. Le règne du capitalisme, qui a transformé l'Europe en marais de sang, est brisé.
La naissance du parti communiste allemand
La « révolution spartakiste » de janvier 1919 et son échec
Käthe Kollwitz, Le mémorial de Karl Liebknecht, 1919
a) De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
"Prolétaires de tous les pays, unissez vous!"
carte postale de 1888
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
Déclaration de Hugo Haase, député et dirigeant du SPD, au Reichstag, le 4 août 1914.
De l’union sacrée de 1914 à la division du mouvement ouvrier
Karl Liebknecht (1871-1919)
Rosa Luxemburg (1871-1919)
Fondée au début de l’année 1916, la ligue spartakiste est à la fois hostile à la guerre et à la politique soutenue par le SPD.
Ouvriers, camarades, femmes du peuple, ne laissez pas passer ce deuxième 1er mai de la guerre mondiale sans en faire une manifestation du socialisme international, un acte de protestation contre la boucherie impérialiste !
En ce premier mai, nous tendons notre main fraternelle, par dessus les barrières de toutes les frontières, au peuple de France, de Belgique, de Russie, d'Angleterre, de Serbie, du monde entier. Le 1er mai, nous crions à des milliers et des milliers de voix : Halte au crime infâme du meurtre des peuples ! À bas les responsables – décideurs, provocateurs, profiteurs ! Nos ennemis ne sont pas le peuple français, russe ou anglais, ce sont les hobereaux [petits propriétaires de la noblesse terrienne] allemands, les capitalistes allemands et leur comité exécutoire, le gouvernement allemand ! Luttons contre ces ennemis mortels de toute liberté, luttons pour tout ce que représente le bien-être et l'avenir de la cause ouvrière, de l'humanité et de la culture ! Halte à la guerre ! Nous voulons la paix ! Vive le socialisme ! Vive l'Internationale ouvrière !
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Appel à une manifestation du Spartakus Bund, 1er mai 1916
b) La naissance du parti communiste allemand
La naissance du parti communiste allemand
Après l'abdication de Guillaume II, le 9 novembre 1918, le social-démocrate Philipp Scheidemann proclame la République au balcon du Reichstag à Berlin.
Le peuple allemand a remporté une victoire totale. Tout ce qui était ancien et pourri s'est écroulé, le militarisme a pris fin ! Les Hohenzollern[ La famille impériale allemande] ont abdiqué! Vive la République allemande! Le député du Reichstag Ebert a été proclamé chancelier. Il a été chargé de former un nouveau gouvernement ; tous les partis socialistes y participeront. Notre tâche à présent est de ne pas laisser cette victoire scintillante, cette victoire complète du peuple allemand, être souillée. C'est pourquoi je vous demande de faire en sorte qu'il n'y ait pas de rupture de l'ordre public. Nous devons pouvoir être fiers de ce jour à jamais. Rien ne doit arriver qui puisse être retenu contre nous. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est de légalité, d’ordre et de sécurité. Contribuez à ce que la nouvelle République allemande que nous voulons établir ne soit pas mise en danger.
Vive la République allemande !
La naissance du parti communiste allemand
Le 9 novembre 1918 également, le chef spartakiste Karl Liebknecht proclame une République socialiste au Palais royal.
Camarades ! Voici l'aube de notre liberté. Jamais un Hohenzollern ne mettra plus le pied ici... Ce sont les esprits de millions de personnes qui ont donné leur vie pour la cause sacrée du prolétariat. Avec les crânes brisés, baignant dans leur sang, ces victimes de la tyrannie ont titubé, suivies par les esprits de millions de femmes et d'enfants morts de chagrin et de misère pour la cause du prolétariat. Après eux sont venus les millions et millions de victimes sanglantes de cette guerre mondiale. Aujourd'hui, une multitude immense de prolétaires impassibles se tient sur la même place, rendant hommage à cette nouvelle liberté. Camarades, je proclame la République socialiste allemande libre, qui réunira tous les Allemands, dans laquelle il n'y aura plus de serviteurs, dans laquelle tout travailleur honnête recevra un salaire juste pour son travail. Le règne du capitalisme, qui a transformé l'Europe en marais de sang, est brisé.
La naissance du parti communiste allemand
c) La « révolution spartakiste » de janvier 1919 et son échec
La « révolution spartakiste » de janvier 1919 et son échec
Käthe Kollwitz, Le mémorial de Karl Liebknecht, 1919
2. Socialistes et communistes face-à-face (1919-1933)
a) Entre 1919 et 1933, le SPD est l’un des principaux partis la République de Weimar. Fondateurs du nouveau régime, les socialistes perdent une partie de leur électorat d’avant-guerre après la création du KPD, mais ils restent une force politique majeure de l’entre-deux-guerres (document 1). Relayée par les très puissants syndicats socialistes regroupés dans la Confédération Générale Syndicale Allemande (8,5 millions d’adhérents en 1932), l’action du SPD permet l’adoption de nombreuses lois sociales, comme la journée de 8 heures ou l’assurance-chômage. Comme avant la guerre, les organisations socialistes encadrer la classe ouvrière, même si le parti se tourne de plus vers les employés et les classes moyennes. Maintenue en théorie, son orientation révolutionnaire disparaît quasiment en pratique (document 2).
b) A l’inverse, le KPD s’enferme dans une durable opposition. Organisé sur le modèle du parti communiste d’URSS et membre de l’Internationale communiste dirigée par les Soviétiques, le KPD adopte au contraire une orientation révolutionnaire et antiparlementaire (document 3). Sa propagande englobe dans un même rejet les partis conservateurs et les « sociaux-traitres » du SPD. Fidèles à une stratégie de « classe contre classe », les communistes se présentent comme les seuls défenseurs de la classe ouvrière (document 4). Leur syndicat, le Syndicat Révolutionnaire d’Opposition (le RGO, Revolutionäre Gewerkschafts Opposition), relaie le discours du KPD dans les entreprises et organise de nombreux mouvements de grève.
c) La division du mouvement ouvrier permet l’accession de Hitler au pouvoir. De 1918 à 1933, le SPD perd continûment des électeurs, dont le KPD ne récupère qu’une partie, car une fraction importante des ouvriers allemands se tourne vers le parti national-socialiste, surtout après 1930 et le début de la crise économique (document 5). Or, si les socialistes et les communistes sont d’accord pour dénoncer les risques que l’ascension de Hitler fait courir à la classe ouvrière allemande (document 6), ils sont incapables de s’unir pour y faire face (document 7) : en janvier 1933, les dirigeants communistes se mettent d’accord avec les dirigeants nazis pour organiser une grève des transports à Berlin … contre les socialistes !
Le SPD, principale force de gouvernement
Article 151. L'organisation de la vie économique doit répondre aux principes de la justice et viser à garantir à chacun les conditions d'une existence digne de l'homme. Dans ces limites, la liberté économique de l'individu doit être assurée.
Article 153. La propriété est garantie par la Constitution. Son objet et ses limites sont établis par la loi.
Article 156. Le Reich peut par la loi, sans préjudice à l'indemnité, en appliquant par analogie les dispositions sur l'expropriation, transférer à la collectivité les entreprises économiques privées aptes à la socialisation.
Article 161. Le Reich crée, avec le concours adéquat des assurés, un régime global d'assurances pour le maintien de la santé et de la capacité de travail, pour la protection de la maternité et la prévoyance à l'égard des suites économiques de la vieillesse, de l'infirmité et des vicissitudes de la vie.
Article 163. La possibilité doit être donnée à tout Allemand de gagner sa vie par un travail productif. Au cas où une occupation convenable ne peut lui être procurée, il doit être pourvu aux nécessités de sa subsistance. Les modalités seront réglées par des lois du Reich particulières.
Article 165. Les ouvriers et employés obtiennent, pour le règlement de leurs intérêts sociaux et économiques, des représentations légales dans les conseils ouvriers d'entreprise ainsi que dans les conseils ouvriers d'arrondissement, formés selon les secteurs économiques, et dans un Conseil ouvrier du Reich.
Le KPD, principale force d’opposition
"Votez Spartacus", affiche communiste de 1920
Une division source d’impuissance face à la montée du nazisme
Les résultats des lections législatives en Allemagne de 1919 à 1933
a) Le SPD, principale force de gouvernement
Le SPD, principale force de gouvernement
Article 151. L'organisation de la vie économique doit répondre aux principes de la justice et viser à garantir à chacun les conditions d'une existence digne de l'homme. Dans ces limites, la liberté économique de l'individu doit être assurée.
Article 153. La propriété est garantie par la Constitution. Son objet et ses limites sont établis par la loi.
Article 156. Le Reich peut par la loi, sans préjudice à l'indemnité, en appliquant par analogie les dispositions sur l'expropriation, transférer à la collectivité les entreprises économiques privées aptes à la socialisation.
Article 161. Le Reich crée, avec le concours adéquat des assurés, un régime global d'assurances pour le maintien de la santé et de la capacité de travail, pour la protection de la maternité et la prévoyance à l'égard des suites économiques de la vieillesse, de l'infirmité et des vicissitudes de la vie.
Article 163. La possibilité doit être donnée à tout Allemand de gagner sa vie par un travail productif. Au cas où une occupation convenable ne peut lui être procurée, il doit être pourvu aux nécessités de sa subsistance. Les modalités seront réglées par des lois du Reich particulières.
Article 165. Les ouvriers et employés obtiennent, pour le règlement de leurs intérêts sociaux et économiques, des représentations légales dans les conseils ouvriers d'entreprise ainsi que dans les conseils ouvriers d'arrondissement, formés selon les secteurs économiques, et dans un Conseil ouvrier du Reich.
b) Le KPD, principale force d’opposition
c) Une division source d’impuissance face à la montée du nazisme
Une division source d’impuissance face à la montée du nazisme
Les résultats des lections législatives en Allemagne de 1919 à 1933
3. Socialistes et communistes sous la dictature nazie
a) L’arrivée de Hitler entraine l’anéantissement du SPD et du KPD. Pour les dirigeants nazis, le parti communiste est l’ennemi à abattre en priorité. Le 28 février 1933, l’incendie du Reichstag, faussement attribué à des communistes, sert de prétexte à l’interdiction du KPD et à l’arrestation de ses dirigeants et de nombreux militants, qui sont torturés avant d’être envoyés en camps de concentration (document 1). Mais comme les socialistes refusent, en mars 1933, de voter les pleins pouvoirs à Hitler, le SPD est à son tour interdit et ses dirigeants sont eux aussi internés (document 2). Les nazis font ainsi disparaître en quelques mois l’ensemble des organisations ouvrières allemandes.
b) Le régime hitlérien met en place ses propres organisations ouvrières. Comme le parti national-socialiste prétend encadrer à lui seul la classe ouvrière allemande, les syndicats socialistes et communistes sont eux aussi supprimés et remplacés par le « Front allemand du travail » (Deutsche Arbeitsfront), une organisation nazie qui regroupe à la fois les patrons et les ouvriers (document 3). Les autres associations socialistes et communistes sont nazifiées et regroupées dans la « Force par la joie » (Kraft durch Freude), une autre organisation nazie qui encadre les loisirs de la classe ouvrière (document 4).
c) Les socialistes et les communistes sont impuissants face à la terreur nazie. De 1933 à 1945, les militants des deux partis qui n’ont pas été arrêtés et qui sont restés en Allemagne sont soumis à la surveillance constante de la Gestapo, ce qui interdit toute réelle opposition (document 5). Les dirigeants et les militants qui ont pu s’exiler parviennent à reconstituer des forces politiques en dehors d’Allemagne (à Londres pour le SPD, à Moscou pour le KPD), mais ils ont les plus grandes difficultés à faire entendre leur propagande (document 6).
Le temps des persécutions
Le temps des persécutions
Nous étions en face du Café Komet, le bar des troupes d'assaut [les SA] dans Stralaug-Rummelsburg. C'est ainsi que commença notre épreuve. À chaque fois que l'orchestre jouait une danse dans le café, nous étions chacun notre tour frappé au visage et partout sur le corps [...]. Après quatre heures, nous avons été emmenés à Köpenick. Là, dans cave humide et puante, [...] nous nous sommes retrouvés ensemble, avec d'autres prisonniers, hommes et femmes, qui étaient apparemment là depuis longtemps et avaient été torturés de façon terrible par les troupes d'assaut. De Köpenick, nous avons été embarqués [...] à la Gestapo sur Prinz-Albert-Strasse. Durant toute cette période nous avons été interrogés et torturés physiquement. Jeudi [...] on ne nous avait donné ni à manger ni à boire. Mais tout cela n'était qu'un début par rapport à ce qui nous attendait à Vosstrasse ! Durant la nuit j'ai revu Hans Otto. Il devait être autour de minuit. Il n'était plus capable de parler, mais uniquement d'émettre des sons inaudibles. Sa bouche et ses yeux étaient totalement enflés. [...] Quelques heures plus tard je l'ai vu pour la dernière fois. Il était à demi nu et je ne pouvais plus le reconnaître, Son corps n'était plus qu'une plaie sanglante. Il était inconscient.
Gerhard Hinze, jeune militant communiste cité dans Topographie de la Terreur, Berlin, 1987
Le temps des persécutions
L'interdiction du SPD
Le 23 mars 1933, après l'interdiction du KPD, Hitler demande au Reichstag de lui accorder les pleins pouvoirs pour mettre fin à la démocratie et à la République. Le président du groupe SPD lui répond.
À cette heure historique, nous les socio-démocrates allemands faisons le vœu solennel de défendre les principes d'humanité et de justice, de liberté et de socialisme. Aucune loi ne peut vous donner le droit de détruire les idées qui sont éternelles et indestructibles [...]. De ces nouvelles persécutions en Allemagne, la démocratie sociale peut tirer une nouvelle force. Nous saluons les persécutés et les opprimés. Nous saluons nos amis du Reich. Leur constance et leur fidélité méritent l'admiration. Le courage avec lequel ils défendent leurs convictions est la garantie d'un avenir plus lumineux.
Otto Wells, discours au Reichstag, 23 mars 1933
L’encadrement du monde ouvrier par les nazis
Deux affiches produites en 1935 par la Kraft durch Freude,
l'organisation nazie qui organise les loisirs du monde ouvrier
L’encadrement du monde ouvrier par les nazis
Hitler ayant promis de fournir une voiture à chaque travailleur allemand, le régime nazi lance en 1938
la KdF-Wagen qui peut être acquise grâce aux livrets d’épargne (Sparkarte) de l’organisation
Kraft durch Freude. Après la guerre, la KdF-Wagen deviendra la « Volkswagen » (la voiture du peuple).
L’impossible opposition
En 1937, l'attitude des sociaux-démocrates dans notre pays a été la même que pendant les années précédentes. Ils se sont contentés d'attendre un élément déclencheur venu de l'extérieur. Pourtant, il faut se préparer au pire, et nous continuons à les surveiller de près. Dans cet esprit, et suivant la volonté de la direction de leur parti de ne pas mettre en place d'organisations structurées, les clandestins du pays restent dans l'attentisme. Le soir, ils se réunissent après la fermeture de l'entreprise pour boire une bière ; ils se retrouvent avec d'anciens camarades dans les immeubles, ils gardent des liens en rendant visite à la famille, évitant de reformer tout ce qui peut ressembler à une organisation : ils se contentent ainsi, entre amis, de maintenir vivaces les idées qui les rassemblaient. Lors de ces rencontres, ils évoquent naturellement la situation politique, échangent des informations qu'ils ont réussi à obtenir, pratiquent le bouche-à-oreille, qui constitue pour l'instant le travail illégal le plus efficace contre les mesures prises par l'État et contre notre parti.
Rapport de la Gestapo (police secrète d'État) sur les activités des sociaux-démocrates en 1937
Le temps des persécutions
Le temps des persécutions
Nous étions en face du Café Komet, le bar des troupes d'assaut [les SA] dans Stralaug-Rummelsburg. C'est ainsi que commença notre épreuve. À chaque fois que l'orchestre jouait une danse dans le café, nous étions chacun notre tour frappé au visage et partout sur le corps [...]. Après quatre heures, nous avons été emmenés à Köpenick. Là, dans cave humide et puante, [...] nous nous sommes retrouvés ensemble, avec d'autres prisonniers, hommes et femmes, qui étaient apparemment là depuis longtemps et avaient été torturés de façon terrible par les troupes d'assaut. De Köpenick, nous avons été embarqués [...] à la Gestapo sur Prinz-Albert-Strasse. Durant toute cette période nous avons été interrogés et torturés physiquement. Jeudi [...] on ne nous avait donné ni à manger ni à boire. Mais tout cela n'était qu'un début par rapport à ce qui nous attendait à Vosstrasse ! Durant la nuit j'ai revu Hans Otto. Il devait être autour de minuit. Il n'était plus capable de parler, mais uniquement d'émettre des sons inaudibles. Sa bouche et ses yeux étaient totalement enflés. [...] Quelques heures plus tard je l'ai vu pour la dernière fois. Il était à demi nu et je ne pouvais plus le reconnaître, Son corps n'était plus qu'une plaie sanglante. Il était inconscient.
Gerhard Hinze, jeune militant communiste cité dans Topographie de la Terreur, Berlin, 1987
Le temps des persécutions
L'interdiction du SPD
Le 23 mars 1933, après l'interdiction du KPD, Hitler demande au Reichstag de lui accorder les pleins pouvoirs pour mettre fin à la démocratie et à la République. Le président du groupe SPD lui répond.
À cette heure historique, nous les socio-démocrates allemands faisons le vœu solennel de défendre les principes d'humanité et de justice, de liberté et de socialisme. Aucune loi ne peut vous donner le droit de détruire les idées qui sont éternelles et indestructibles [...]. De ces nouvelles persécutions en Allemagne, la démocratie sociale peut tirer une nouvelle force. Nous saluons les persécutés et les opprimés. Nous saluons nos amis du Reich. Leur constance et leur fidélité méritent l'admiration. Le courage avec lequel ils défendent leurs convictions est la garantie d'un avenir plus lumineux.
Otto Wells, discours au Reichstag, 23 mars 1933
b) L’encadrement du monde ouvrier par les nazis
L’encadrement du monde ouvrier par les nazis
Hitler ayant promis de fournir une voiture à chaque travailleur allemand, le régime nazi lance en 1938
la KdF-Wagen qui peut être acquise grâce aux livrets d’épargne (Sparkarte) de l’organisation
Kraft durch Freude. Après la guerre, la KdF-Wagen deviendra la « Volkswagen » (la voiture du peuple).
L’impossible opposition
En 1937, l'attitude des sociaux-démocrates dans notre pays a été la même que pendant les années précédentes. Ils se sont contentés d'attendre un élément déclencheur venu de l'extérieur. Pourtant, il faut se préparer au pire, et nous continuons à les surveiller de près. Dans cet esprit, et suivant la volonté de la direction de leur parti de ne pas mettre en place d'organisations structurées, les clandestins du pays restent dans l'attentisme. Le soir, ils se réunissent après la fermeture de l'entreprise pour boire une bière ; ils se retrouvent avec d'anciens camarades dans les immeubles, ils gardent des liens en rendant visite à la famille, évitant de reformer tout ce qui peut ressembler à une organisation : ils se contentent ainsi, entre amis, de maintenir vivaces les idées qui les rassemblaient. Lors de ces rencontres, ils évoquent naturellement la situation politique, échangent des informations qu'ils ont réussi à obtenir, pratiquent le bouche-à-oreille, qui constitue pour l'instant le travail illégal le plus efficace contre les mesures prises par l'État et contre notre parti.
Rapport de la Gestapo (police secrète d'État) sur les activités des sociaux-démocrates en 1937
III. Le mouvement ouvrier allemand de 1945 à nos jours
1. Le communisme au pouvoir en RDA
a) Le KPD devient la principale force politique de l’Allemagne de l’Est. Profitant de la présence de l’armée soviétique à l’Est du pays, les communistes est-allemands, après avoir éliminé les partis conservateurs, imposent en 1946 aux socialistes une fusion dans un Parti socialiste unifié, le SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands), qui imite en tous points du Parti communiste d’URSS (document 1). Lorsque la RDA est créée en 1949, ils appliquent intégralement le modèle soviétique, aussi bien sur le plan politique (la RDA devient une « démocratie populaire » fondée sur un régime de parti unique) que sur le plan économique : l’Etat est-allemand supprime la propriété privée et contrôle l’ensemble des moyens de production dont il planifie le fonctionnement, en donnant, comme en URSS, la priorité au développement de l’industrie lourde (document 2).
b) La société est-allemande est entièrement contrôlée par le SED. Les organisations communistes encadrent tous les aspects de la vie sociale et chaque moment de la vie des citoyens de la RDA (document 3). Une attention toute particulière est portée à la jeunesse, regroupée dans l’organisation de la Jeunesse libre allemande, la FDJ (Freie Deutsche Jugend) : l’éducation, les loisirs et même les rites de passages (comme la Jugendweihe, l’équivalent de la cérémonie chrétienne de la confirmation) sont pris en charge par l’Etat (document 4). Parallèlement, les syndicats sont regroupés dans la Fédération Libre des Syndicats Allemands, la FDGB (Freie Deutsche Gewerkschaftsbund), qui est avant tout un relais des orientations économiques et sociales décidées par le SED (document 5). Le droit de grève disparaît en 1961.
c) La moindre opposition est vigoureusement réprimée. En juin 1953, après la mort de Staline, les ouvriers de Berlin se révoltent contre le régime communiste en réclamant de meilleures conditions de travail et plus de démocratie. Cette révolte, qui gagne ensuite toute la RDA, est violemment réprimée par l’armée soviétique (document 6). Dans les années qui suivent, plus de deux millions d’Allemands de l’Est fuient vers l’Ouest, en profitant des passages encore possibles entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. C’est la raison pour laquelle, en août 1961, les autorités est-allemandes construisent le Mur de Berlin (document 7). Pour empêcher la moindre opposition à l’intérieur d’un « paradis socialiste » désormais fermé, une redoutable police politique, la Stasi (Staatssicherheit, la Sécurité de l’Etat) fait espionner les citoyens est-allemands par leurs voisins, leurs collègues ou par les membres de leur propre famille (document 8).
Une société encadrée par le parti communiste
Une parade communiste à Berlin, le 1er mai 1953
Une société encadrée par le parti communiste
Walter Ulbricht est l'un des fondateurs de la RDA en 1949. En 1958, il est premier secrétaire du comité central du SED.
1. Tu dois te dévouer constamment à la solidarité internationale du prolétariat [...].
2. Tu dois aimer ta patrie et être constamment prêt à [...] la défense du pouvoir des ouvriers et des paysans.
3. Tu dois aider à supprimer l'exploitation de l'homme par l'homme.
4. Tu dois faire de bonnes actions pour le socialisme, car le socialisme mène à une vie meilleure pour tous les travailleurs.
5. Tu dois agir pour la construction du socialisme dans l'esprit de l'aide mutuelle [...], respecter la collectivité et suivre ses critiques.
6. Tu dois protéger et accroître la propriété collective du peuple.
7. Tu dois constamment aspirer à l'amélioration de ton rendement, être économe et renforcer la discipline socialiste du travail.
8. Tu dois éduquer tes enfants dans l'esprit de la liberté et du socialisme pour qu'ils deviennent des individus éduqués en tout, avec du caractère et sains de corps.
9. Tu dois mener une vie saine et décente et t'occuper de ta famille.
10. Tu dois travailler à la solidarité avec les peuples qui se battent pour leur libération nationale et ceux qui défendent leur indépendance nationale.
Walter Ulbricht, Les Dix Commandements de la morale socialiste, 1958
Une société encadrée par le parti communiste
Une parade de la Jeunesse Communiste, à Berlin en 1952
Une répression impitoyable de toute opposition
Certains citoyens demandent pourquoi il n’y a pas d’opposition chez nous. Ils pensent que l’existence d’une opposition est le propre d’une véritable démocratie. Mais une démocratie n’existe pas là où différents partis passent leur temps à s’opposer, là où la classe des travailleurs est divisée.
Dans notre république démocratique allemande, les criminels de guerre, les détenteurs de monopole, les grands propriétaires terriens sont écartés du pouvoir. Ici les usines, les banques appartiennent au peuple. L’armée, la police et la justice- les prérogatives de l’Etat- sont au service des actifs. Il n’y a aucune contradiction entre la politique du gouvernement et les intérêts de la population. Une opposition, si elle existait en RDA, ne pourrait être que tournée contre la politique de notre gouvernement. Elle contesterait la semaine de 45 heures, la construction de milliers de logement, les loyers bas, la stabilité de nos prix, nos dépenses élevées pour la culture et le savoir, et notre pacifisme.[…] Tolérer une telle opposition serait criminel.
Article publié dans le journal Neues Deutschland (journal officiel de la RDA), 17 mai 1957
Une répression impitoyable de toute opposition
La construction du "Mur de Berlin", le 13 août 1961
Une répression impitoyable de toute opposition
La construction du "Mur de Berlin", le 13 août 1961
Une répression impitoyable de toute opposition
Nous savions que nous étions espionnés par des gens de notre rue. Il y avait aussi des espions de la Stasi [la police politique de la RDA] parmi nos collègues de travail mais aussi dans notre propre famille. Mon beau-frère par exemple était un secrétaire du Parti. Nous conservions nos distances [...]. La télévision était la seule source d'information en dehors de nos amis de l'Ouest. Mais il était très difficile d'obtenir un livre. Un jour, une cousine vint en visite avec son fils. Il lisait un livre de Günter Grass [un écrivain d'Allemagne de l'Ouest] et je lui ai demandé de me laisser [...]. De cette manière, on pouvait se procurer des livres, car il était presque toujours possible de passer de la littérature classique ; en revanche, le contrôle était très tatillon pour les illustrés et les journaux [...]. Nos amis et parents qui nous rendaient visite se plaignaient beaucoup de la dureté et du caractère pénible des contrôles à la frontière.
Témoignage d'un couple d'habitants de Berlin-Est sur la vie dans les années 1970.
a) Un Etat pour les travailleurs
b) Une société encadrée par le parti communiste
Une société encadrée par le parti communiste
Une parade communiste à Berlin, le 1er mai 1953
Une société encadrée par le parti communiste
Walter Ulbricht est l'un des fondateurs de la RDA en 1949. En 1958, il est premier secrétaire du comité central du SED.
1. Tu dois te dévouer constamment à la solidarité internationale du prolétariat [...].
2. Tu dois aimer ta patrie et être constamment prêt à [...] la défense du pouvoir des ouvriers et des paysans.
3. Tu dois aider à supprimer l'exploitation de l'homme par l'homme.
4. Tu dois faire de bonnes actions pour le socialisme, car le socialisme mène à une vie meilleure pour tous les travailleurs.
5. Tu dois agir pour la construction du socialisme dans l'esprit de l'aide mutuelle [...], respecter la collectivité et suivre ses critiques.
6. Tu dois protéger et accroître la propriété collective du peuple.
7. Tu dois constamment aspirer à l'amélioration de ton rendement, être économe et renforcer la discipline socialiste du travail.
8. Tu dois éduquer tes enfants dans l'esprit de la liberté et du socialisme pour qu'ils deviennent des individus éduqués en tout, avec du caractère et sains de corps.
9. Tu dois mener une vie saine et décente et t'occuper de ta famille.
10. Tu dois travailler à la solidarité avec les peuples qui se battent pour leur libération nationale et ceux qui défendent leur indépendance nationale.
Walter Ulbricht, Les Dix Commandements de la morale socialiste, 1958
c) Une répression impitoyable de toute opposition
Une répression impitoyable de toute opposition
Certains citoyens demandent pourquoi il n’y a pas d’opposition chez nous. Ils pensent que l’existence d’une opposition est le propre d’une véritable démocratie. Mais une démocratie n’existe pas là où différents partis passent leur temps à s’opposer, là où la classe des travailleurs est divisée.
Dans notre république démocratique allemande, les criminels de guerre, les détenteurs de monopole, les grands propriétaires terriens sont écartés du pouvoir. Ici les usines, les banques appartiennent au peuple. L’armée, la police et la justice- les prérogatives de l’Etat- sont au service des actifs. Il n’y a aucune contradiction entre la politique du gouvernement et les intérêts de la population. Une opposition, si elle existait en RDA, ne pourrait être que tournée contre la politique de notre gouvernement. Elle contesterait la semaine de 45 heures, la construction de milliers de logement, les loyers bas, la stabilité de nos prix, nos dépenses élevées pour la culture et le savoir, et notre pacifisme.[…] Tolérer une telle opposition serait criminel.
Article publié dans le journal Neues Deutschland (journal officiel de la RDA), 17 mai 1957
Une répression impitoyable de toute opposition
Nous savions que nous étions espionnés par des gens de notre rue. Il y avait aussi des espions de la Stasi [la police politique de la RDA] parmi nos collègues de travail mais aussi dans notre propre famille. Mon beau-frère par exemple était un secrétaire du Parti. Nous conservions nos distances [...]. La télévision était la seule source d'information en dehors de nos amis de l'Ouest. Mais il était très difficile d'obtenir un livre. Un jour, une cousine vint en visite avec son fils. Il lisait un livre de Günter Grass [un écrivain d'Allemagne de l'Ouest] et je lui ai demandé de me laisser [...]. De cette manière, on pouvait se procurer des livres, car il était presque toujours possible de passer de la littérature classique ; en revanche, le contrôle était très tatillon pour les illustrés et les journaux [...]. Nos amis et parents qui nous rendaient visite se plaignaient beaucoup de la dureté et du caractère pénible des contrôles à la frontière.
Témoignage d'un couple d'habitants de Berlin-Est sur la vie dans les années 1970.
2. Le socialisme en Allemagne de l’Ouest
a) a) Entre 1949 et 1966, le SPD est un parti d’opposition en RFA. Alors que les communistes, qui ne recueillent qu’à peine 2% aux premières élections, disparaissent presque complétement de la vie politique de l’Allemagne de l’Ouest, les socialistes jouent un rôle de premier plan dans la naissance de la République Fédérale (ils participent notamment à la rédaction en 1949 de sa Constitution, la Loi Fondamentale). Mais ils n’exercent pas pour autant le pouvoir, puisqu’ils sont constamment devancés jusqu’aux années 1960 par les conservateurs de la CDU, un parti chrétien-démocrate (document 1). Ceci s’explique par le fait que le SPD ne prend pas acte de la séparation de l’Allemagne en deux Etats et refuse l’intégration de la RFA au bloc occidental (document 2) : pendant les années 1950, les socialistes combattent aussi bien l’entrée de l’Allemagne de l’Ouest dans l’OTAN que sa participation aux débuts de la construction européenne. Ils apparaissent alors, aux yeux de nombreux électeurs, comme des alliés des communistes de la RDA (document 3). De plus, les chrétiens-démocrates au pouvoir parviennent, en un temps record, à reconstituer la puissance économique de l’Allemagne. Or, ce « miracle économique allemand » est réalisé avec le soutien des puissants syndicats socialistes regroupés dans la Confédération Allemande des Syndicats, la DGB (Deutscher Gewerkschaftsbund) (document 4). Le fondement le plus important de l’économie allemande, « l’Economie sociale de marché » qui repose sur la cogestion des entreprises capitalistes par les patrons et par les employés, est mis en place à cette époque par des gouvernements conservateurs (document 5).
b) Dans les années 1960, le SPD s’installe durablement au pouvoir. En effet, après avoir participé de 1966 à 1969 à un gouvernement de « Grande Coalition » (d’union nationale) avec les chrétiens-démocrates, les socialistes remportent les élections de 1969 et gouvernent l’Allemagne jusqu’en 1982. Un tel changement s’explique surtout par l’action du principal dirigeant socialiste de cette époque, Willy Brandt (document 6). C’est en effet sous l’impulsion de Brandt que le SPD, lors de son congrès réuni à Bad Godesberg en 1959, renonce définitivement à toute référence marxiste, et donc à tout discours révolutionnaire : officiellement devenu un parti social-démocrate, il intègre dans son programme les principes du capitalisme libéral et accepte l’appartenance de la RFA au camp occidental. Lors de la visite de Kennedy à Berlin en 1963, Brandt se tient aux côtés du président américain (document 7). Une fois au pouvoir, les socialistes font de nombreuses réformes qui améliorent l’Economie sociale de marché et libéralisent la société allemande (document 8). La période de gouvernement de Willy Brandt (1969-1974) correspond aussi à la mise en place de l’Ostpolitik, « la politique de l’Est », qui fait de l’Allemagne un acteur majeur des relations Est-Ouest (document 9).
c) L’influence des socialistes décline pourtant à partir de la fin des années 1970. Affaibli par la crise économique qui touche l’Allemagne depuis 1974, le SPD voit vieillir sa base militante et diminuer le nombre de ses adhérents ouvriers qui ne se reconnaissent plus dans sa politique gestionnaire du capitalisme (document 10). Une partie importante de la jeunesse allemande préfère rejoindre l’Opposition extra-parlementaire, l’APO (Außerparlamentarische Opposition), un mouvement d’extrême-gauche dont le discours anticapitaliste et antiaméricain s’oppose complètement aux positions du SPD. Une partie des militants de l’APO rejoint même la Fraction Armée Rouge (Rote Armee Fraktion), dont l’action terroriste est combattue par les socialistes au pouvoir (document 11). Après les élections de 1982, les socialistes revenus dans l’opposition sont incapables de prévoir la désagrégation du bloc de l’Est et doivent laisser la conduite de la réunification de l'Allemagne aux chrétiens-démocrates dirigés par Helmut Kohl (document 12).
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Les résultats des élections au Bundestag de la RFA, de 1949 à 1980
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Un syndicalisme original: la culture de la négociation
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Un syndicalisme original:la cogestion des entreprises
a) Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Les résultats des élections au Bundestag de la RFA, de 1949 à 1980
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Le "miracle économique allemand", réalisé par les conservateurs de la CDU ...
" 1947: Faim, détresse, misère.
1949: En avant! Plus haut!"
"Nous ne pouvons pas faire de la magie,
mais nous pouvons TRAVAILLER!"
Affiches de la CDU pour les élections de 1949
Le SPD dans une durable opposition pendant les années 1950
Un syndicalisme original:la cogestion des entreprises
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
"Pour que vous puissiez vivre en paix demain"
Affiche du SPD pour les élections de 1969
Vers un Etat plus démocratique
Nous voulons oser plus de démocratie. Nous allons rendre notre manière de travailler plus ouverte et donner des informations pour les besoins de la critique. Nous allons faire en sorte que chaque citoyen puisse contribuer à la réforme de l’Etat et de la société, non seulement en suivant les débats du Bundestag, mais encore grâce à des prises de contact avec les groupes représentatifs de notre peuple et grâce à une information complète sur la politique gouvernementale […]. Nous voulons une société qui offre plus de liberté et exige plus de responsabilité.
Discours inaugural de Willy Brandt (1913-1992)
devant le Bundestag, 8 octobre 1969.
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
Liberté, justice et solidarité, ainsi que les devoirs mutuels qui découlent de la vie commune sont les fondements de la volonté socialiste. Le socialisme démocratique, qui a ses racines en Europe dans l'éthique chrétienne, l'humanisme et la philosophie classique, ne veut proclamer aucune vérité sur les fins dernières, non par manque de compréhension ni par indifférence face aux conceptions du monde ou aux vérités religieuses, mais par respect de la liberté de conscience de l'homme, dont le contenu ne peut être déterminé ni par un parti politique ni par l'État. Le SPD est le parti de la liberté de l'esprit. [... ] Nous nous opposons à toutes les dictatures, à toutes les formes de domination totalitaire et autoritaire, car celles-ci méprisent la dignité de l'homme, anéantissent sa liberté et détruisent le droit. Le socialisme ne peut se réaliser que dans la démocratie, la démocratie enrichie par le socialisme. C'est à tort que les communistes se réclament de traditions socialistes. En réalité, ils ont falsifié l'héritage socialiste. Les socialistes veulent réaliser la liberté et la justice, alors que les communistes utilisent les divisions de la société pour établir la dictature de leur parti. [... ] Le SPD vit et agit à l'intérieur de l'ensemble du peuple allemand. Il prend parti pour la Loi fondamentale de la RFA. Dans le sens de celle-ci, il réclame l'unité de l'Allemagne dans la liberté et la sécurité. [... ] La propriété privée des moyens de production doit être protégée et encouragée, tant qu'elle n'empêche pas l'édification d'un ordre social juste. Les petites et moyennes entreprises viables doivent être encouragées, pour qu'elles puissent concurrencer économiquement les grandes entreprises. La concurrence des entreprises publiques est un instrument décisif pour empêcher la domination du marché privé. Ces entreprises publiques doivent favoriser l'intérêt général.
Programme du SPD, adopté au congrès de Bad Godesberg en 1969
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
Willy Brandt aux côtés de Kennedy et d’Adenauer à Berlin en 1963
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
Affiches du SPD pour les élections de 1976
"Notre économie reste en tête.
Grâce à la stabilité de notre société."
"Un bon avenir pour nous."
Plus de liberté,
grâce à la sécurité sociale pour tous."
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
La réglementation relative à la cogestion s'applique aux entreprises dotées de leur propre personnalité juridique qui emploient normalement plus de 2 000 salariés [...]. 480 entreprises environ tombent sous le coup de la loi sur la cogestion [...]. Le conseil de surveillance des entreprises soumises au régime de la cogestion est composé d'un nombre égal de porteurs de parts1 et de salariés [...]. Une partie des sièges du conseil de surveillance qui revient aux salariés est réservé aux syndicats représentés dans l'entreprise [...]. Le restant des sièges revenant aux salariés, selon le nombre de membres dont se compose le conseil de surveillance, devra être occupé par des salariés appartenant à l'entreprise. Ces sièges seront répartis entre les ouvriers, les employés et les cadres supérieurs [...] au prorata de leur importance numérique [...]. Tous les membres salariés du conseil de surveillance, ceux qui sont occupés dans l'entreprise aussi bien que les représentants syndicaux, sont élus par élection directe ou par un collège électoral.
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
L'Ostpolitik: Willy Brandt rencontre Erich Honecker,
le principal dirigeant de la RDA, en 1970
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
L'Ostpolitik: Willy Brandt devant le mémorial du ghetto de Varsovie en 1970
Le déclin relatif des années 1980
Les résultats des élections au Bundestag de 1949 à 1998
b) Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
"Pour que vous puissiez vivre en paix demain"
Affiche du SPD pour les élections de 1969
Vers un Etat plus démocratique
Nous voulons oser plus de démocratie. Nous allons rendre notre manière de travailler plus ouverte et donner des informations pour les besoins de la critique. Nous allons faire en sorte que chaque citoyen puisse contribuer à la réforme de l’Etat et de la société, non seulement en suivant les débats du Bundestag, mais encore grâce à des prises de contact avec les groupes représentatifs de notre peuple et grâce à une information complète sur la politique gouvernementale […]. Nous voulons une société qui offre plus de liberté et exige plus de responsabilité.
Discours inaugural de Willy Brandt (1913-1992)
devant le Bundestag, 8 octobre 1969.
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
Liberté, justice et solidarité, ainsi que les devoirs mutuels qui découlent de la vie commune sont les fondements de la volonté socialiste. Le socialisme démocratique, qui a ses racines en Europe dans l'éthique chrétienne, l'humanisme et la philosophie classique, ne veut proclamer aucune vérité sur les fins dernières, non par manque de compréhension ni par indifférence face aux conceptions du monde ou aux vérités religieuses, mais par respect de la liberté de conscience de l'homme, dont le contenu ne peut être déterminé ni par un parti politique ni par l'État. Le SPD est le parti de la liberté de l'esprit. [... ] Nous nous opposons à toutes les dictatures, à toutes les formes de domination totalitaire et autoritaire, car celles-ci méprisent la dignité de l'homme, anéantissent sa liberté et détruisent le droit. Le socialisme ne peut se réaliser que dans la démocratie, la démocratie enrichie par le socialisme. C'est à tort que les communistes se réclament de traditions socialistes. En réalité, ils ont falsifié l'héritage socialiste. Les socialistes veulent réaliser la liberté et la justice, alors que les communistes utilisent les divisions de la société pour établir la dictature de leur parti. [... ] Le SPD vit et agit à l'intérieur de l'ensemble du peuple allemand. Il prend parti pour la Loi fondamentale de la RFA. Dans le sens de celle-ci, il réclame l'unité de l'Allemagne dans la liberté et la sécurité. [... ] La propriété privée des moyens de production doit être protégée et encouragée, tant qu'elle n'empêche pas l'édification d'un ordre social juste. Les petites et moyennes entreprises viables doivent être encouragées, pour qu'elles puissent concurrencer économiquement les grandes entreprises. La concurrence des entreprises publiques est un instrument décisif pour empêcher la domination du marché privé. Ces entreprises publiques doivent favoriser l'intérêt général.
Programme du SPD, adopté au congrès de Bad Godesberg en 1969
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
La réglementation relative à la cogestion s'applique aux entreprises dotées de leur propre personnalité juridique qui emploient normalement plus de 2 000 salariés [...]. 480 entreprises environ tombent sous le coup de la loi sur la cogestion [...]. Le conseil de surveillance des entreprises soumises au régime de la cogestion est composé d'un nombre égal de porteurs de parts1 et de salariés [...]. Une partie des sièges du conseil de surveillance qui revient aux salariés est réservé aux syndicats représentés dans l'entreprise [...]. Le restant des sièges revenant aux salariés, selon le nombre de membres dont se compose le conseil de surveillance, devra être occupé par des salariés appartenant à l'entreprise. Ces sièges seront répartis entre les ouvriers, les employés et les cadres supérieurs [...] au prorata de leur importance numérique [...]. Tous les membres salariés du conseil de surveillance, ceux qui sont occupés dans l'entreprise aussi bien que les représentants syndicaux, sont élus par élection directe ou par un collège électoral.
Le tournant des années 1960 et 1970: le SPD au pouvoir en RFA
L'Ostpolitik: Willy Brandt devant le mémorial du ghetto de Varsovie en 1970
c) Le déclin relatif des années 1980
3. Le mouvement ouvrier allemand depuis la réunification
a) Le régime communiste est-allemand s’effondre en 1989. Les célébrations du 40e anniversaire de la RDA sont accompagnées de nombreuses manifestations contre le pouvoir communiste, dont les médiocres résultats économiques mécontentent de plus en plus la population est-allemande (document 1). Mais, comme les manifestants s’inspirent de la glasnost (la libéralisation du régime communiste que Mikhaïl Gorbatchev est en train de mettre en place en URSS), les autorités de la RDA ne peuvent pas compter sur le soutien des Soviétiques pour enrayer la contestation (document 2). Dès lors, les choses vont très vite : le mur de Berlin est ouvert le 9 novembre 1989 sans que personne ne s’y oppose ; en mars 1990, le SED est obligé d’organiser pour la première fois des élections libres, qui portent au pouvoir l’Alliance pour l’Allemagne, un ensemble de partis dominés par les conservateurs de la CDU et favorables à la réunification ; en octobre 1990, la RDA est absorbée par la RFA sans véritable résistance (document 3).
b) La réunification fait disparaître le communisme à l’Est de l’Allemagne. Après la disparition de la RDA, les syndicats communistes réunis dans la FDGB rejoignent la DGD, la fédération syndicale liée au SPD. Mais l’unité qui prévaut sur le plan syndical ne se réalise pas sur le plan politique: après la dissolution du SED en 1990, une partie de ses militants se regroupent dans un nouveau parti socialiste, le Parti du socialisme démocratique (le PDS, Partei des Demokratischen Sozialismus) (document 4). Ce nouveau parti, qui reste distinct du SPD, n’a qu’une audience réduite dans l’Allemagne réunifiée, mais il connaît plusieurs succès électoraux dans l’ancienne RDA (document 5), où la montée du chômage et de la pauvreté entretient l’Ostalgie, la nostalgie du régime communiste et de ses nombreux avantages sociaux (document 6).
c) L’évolution du SPD après la réunification crée de nouvelles divisions chez les socialistes allemands. A partir de 1998, le SPD, allié aux Grünen (les écologistes) exerce à nouveau le pouvoir sous la direction de Gerhardt Schröder (document 7). Mais ce gouvernement socialiste adopte une ligne idéologique de moins en moins réformiste et de plus en plus gestionnaire du capitalisme. Une telle réorientation provoque l’opposition des syndicats et le départ de nombreux militants du SPD qui, avec le PDS, forment un nouveau parti, Die Linke (« La gauche ») pour protester contre la disparition d’un grand nombre d’acquis sociaux et pour réclamer la poursuite des réformes sociales en Allemagne (document 8). A nouveau divisés, les socialistes perdent les élections de 2005 et abandonnent durablement le pouvoir aux chrétiens-démocrates conduits par Angela Merkel (document 9).
La fin de la RDA
… des manifestations monstres réclament depuis plusieurs mois la mise en place de la démocratie.
La fin de la RDA
Mais comme les mouvements de contestation s’appuient sur les réformes
que Gorbatchev a mises en place en URSS …
La fin de la RDA
… les dirigeants est-allemands savent qu'ils ne peuvent pas s'appuyer sur l'URSS pour réprimer les manifestations.
La fin de la RDA
Privés de leur principal soutien, les dirigeants de la RDA ne peuvent
rien faire contre l’ouverture du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, …
La fin de la RDA
… prélude à la réunification des deux Allemagne, le 3 octobre 1990.
Un socialisme renouvelé dans l’Est de l’Allemagne
Les votes en faveur du PDS et du SPD aux élections législatives allemandes de 1990 à 2002
b) Un socialisme renouvelé dans l’Est de l’Allemagne
c) Les difficultés actuelles du SPD
Lors des élections de 2013, les chrétiens-démocrates, qui n’ont pas obtenu la majorité absolue au Bundestag, sont contraints de former un nouveau gouvernement de « Grande Coalition » auquel participent les socialistes. Mais, à la suite des élections de 2017, le SPD, une nouvelle fois devancé par les chrétiens-démocrates, revient dans l’opposition après avoir refusé de former une nouvelle coalition avec le parti d’Angela Merkel. Le retour des socialistes au pouvoir n’est toujours pas d’actualité....
Quelle place ces différentes formes du mouvement ouvrier occupent-elles dans l’histoire allemande aux XIXe et XXe siècles ?