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Leçon n°9 - La Chine et le monde depuis 1949
(cliquez sur les titres des parties et des paragraphes pour faire apparaître le texte et les documents de la leçon)
Lorsque, le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame à Beijing la naissance de la République Populaire de Chine, la Chine est un pays en ruines, qui sort de plus d'un demi-siècle de déclin, de guerre civile et de guerre étrangère (Voir le rappel des épisodes précédents). 70 ans plus tard, elle est devenue la deuxième puissance économique du monde et ambitionne désormais de devancer les États-Unis. Comment la Chine, longtemps dominée, déchirée et affaiblie, devient-elle une puissance majeure dans la deuxième moitié du XXe siècle ?
Alors qu’elle domine le monde du XVIe au XVIIIe siècle, produisant 1/3 du PIB mondial d’alors (document 1), la Chine connaît ensuite un long déclin, qui culmine dans la première moitié du XXe siècle : l’ancien « Empire du milieu », dominé par les grandes puissances européennes auxquelles se joint le Japon (document 2), est ravagé par une guerre civile qui oppose le Guomindang, le parti nationaliste chinois créé en réaction à la mainmise des impérialismes étrangers sur la Chine, aux « seigneurs de la guerre », des généraux de l’armée chinoise contrôlant des parties entières du pays. Ce conflit prend fin en 1927 par la victoire du Guomindang, aidé par le parti communiste chinois qui a été créé en 1921 (document 3). Mais immédiatement après, commence une autre guerre civile, qui oppose les nationalistes et les communistes devenus rivaux (document 4). L’invasion japonaise de la Chine en 1937 suspend temporairement l’affrontement – nationalistes et communistes combattent ensemble les forces japonaises (document 5) –, mais celui-ci reprend en 1945 : avec l’aide de l’URSS, le parti communiste s’empare de toute la Chine, tandis que les forces du Guomindang se réfugient à Taïwan et que les puissances occidentales quittent le territoire chinois. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la naissance de la République Populaire de Chine (document 6).
La Chine jusqu'au XVIIIe siècle : le centre du monde
L’empire de la dynastie Qing à son apogée, au début du XIXe siècle
La Chine à la fin du XIXe siècle :
la proie des impérialismes européens et japonais
« Le gâteau des rois et des empereurs »
Caricature publiée dans Le Petit Journal en 1898
La Chine au début du XXe siècle : un État bouleversé
La proclamation de la République en 1912 oblige
l'empereur Pu Yi (6 ans) à abdiquer.
Il reste enfermé dans son palais de la Cité interdite.
Sun Yat-sen (S?n Yìxi?n),
fondateur du parti nationaliste chinois, le Guomindang
et premier président de la République de Chine.
La Chine en 1918 : un État humilié
Les possessions allemandes en Chine réparties entre les vainqueurs de la guerre
Article 134: L'Allemagne renonce en faveur du Gouvernement de Sa Majesté britannique aux biens de l'État allemand dans la concession britannique de Shameen, à Canton.[...]
Article 156: L'Allemagne renonce, en faveur du Japon, à tous ses droits, titres et privilèges, concernant notamment le territoire de Kiao-Tchéou [...] qu'elle a acquis en vertu du traité passé par elle avec la Chine, le 6 mars 1898 [...].
Tous les droits allemands dans le chemin de fer de Tsingtao à Tsinanfou,[...] sont et demeurent acquis au Japon, avec tous les droits et privilèges qui s'y rattachent.
Les câbles sous-marins de l'État allemand, de Tsingtao à Shanghaï et de Tsingtao à Tchéfou [...] restent également acquis au Japon, francs et quittes de toutes charges.
Article 157: Les droits mobiliers et immobiliers que l'État allemand possède dans le territoire de Kiao-Tchéou […] sont et demeurent acquis au Japon, francs et quittes de toutes charges.
Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919
La Chine après 1918 : une guerre civile permanente
Après la fondation de la République de Chine, les généraux de l’armée chinoise,
surnommés les « seigneurs de la guerre », prennent le contrôle du Nord du pays
La Chine après 1918 : une guerre civile permanente
L’alliance des deux partis permet la reconquête du Nord du pays.
Celle-ci est menée sous la direction de Tchang Kaï-chek (Ji?ng Jièshí),
qui a succédé à Sun Yat-sen en 1925
La Chine après 1918 : une guerre civile permanente
Mais, à la différence de son prédécesseur, Tchang Kaï-chek refuse l’alliance avec les communistes.
Le massacre des communistes de Shanghai en 1927 est le point de départ d’une autre guerre civile chinoise.
La Chine après 1918 : une guerre civile permanente
Le principal épisode de cette nouvelle guerre civile est la « Longue Marche » : entre 1934 et 1935,
l’armée du parti communiste se replie vers le nord du pays, face aux armées nationalistes.
Cette retraite de 12 000 km fait de Mao Zedong le chef incontesté des communistes chinois.
1937-1945 : La Chine confrontée à l’invasion japonaise
L'expansion japonaise en Chine, entre 1937 et 1942
1937-1945 : La Chine confrontée à l’invasion japonaise
La stratégie du parti communiste chinois face au Japon
La politique actuelle du front national antijaponais uni n'est ni l'union sans la lutte, ni la lutte sans l'union, mais associe l'union à la lutte. Voici ce que cela signifie concrètement :
1. L’union de tous ceux qui combattent les envahisseurs japonais, c’est à dire l’union dans le Front national anti-japonais uni de tous les ouvriers, paysans, soldats, intellectuels et milieux d’affaires qui luttent contre les envahisseurs.
2. Bien que le Parti communiste soit contre tout impérialisme, il faut cependant faire une distinction entre les impérialistes japonais qui ont entrepris une agression contre la Chine, et les autres impérialistes qui ne se livrent pas actuellement à une agression ; il faut également faire une différence entre les impérialistes allemands et italiens qui ont conclu une alliance avec le Japon et les impérialistes anglais et américains qui s'opposent au Japon ; il faut aussi faire une distinction entre l'Angleterre et les États-Unis de la période où ils [...] nuisaient à la Chine dans sa lutte contre les envahisseurs japonais, et l'Angleterre et les États-Unis d'aujourd'hui, qui ont renoncé à cette politique et aident la Chine dans sa lutte de résistance.
Mao Zedong , Directive intérieure au Parti, 25 décembre 1940.
1937-1945 : La Chine confrontée à l’invasion japonaise
Tchang Kaï-chek et Mao Zedong célébrant la victoire contre le Japon en septembre 1945
La reprise et la fin de la guerre civile après 1945
La « deuxième guerre civile », de 1945 à 1949
La reprise et la fin de la guerre civile après 1945
Le départ des derniers Occidentaux de Shanghai, en 1949
I. L’édification d’une grande puissance communiste (1949-1979)
1. Un État communiste dans l’orbite soviétique
a) La Chine adopte le modèle soviétique. Alors qu’un traité d’amitié sino-soviétique est signé dès 1950 (document 1), l’organisation de l’économie chinoise est calquée sur celle de l’URSS : la propriété privée disparaît, une planification autoritaire est mise en place, la priorité est donnée à l’industrie lourde et les campagnes sont collectivisées (document 2). Parallèlement, le parti communiste, devenu parti unique, étend son pouvoir sur l’ensemble de la population, envoie les « ennemis du peuple » dans les camps de concentration du Laogai et développe un « culte de la personnalité », autour de Mao, promu « Grand Timonier » de la Chine Populaire (document 3).
b) Forts du soutien de l’URSS, les Chinois étendent leur influence en Asie. Dès 1950, l’armée chinoise envahit le Tibet, qui avait profité de la guerre civile pour conquérir une quasi-indépendance vis-à-vis de la Chine et qui sera ré-annexé en 1954 (document 4). À partir de 1950 toujours, la Chine prend une part active à la guerre de Corée, en soutenant la Corée du Nord puis en participant directement au conflit face aux États-Unis. Depuis 1953, le régime de Pyongyang est l’un des plus fidèles alliés de la Chine (document 5). Enfin, entre 1949 et 1954, les Chinois apportent leur soutien aux mouvements indépendantistes indochinois en lutte contre la présence française. En 1954, la Chine joue un rôle majeur à la conférence de Genève, qui donne naissance au Vietnam, au Cambodge et au Laos (document 6).
c) Mais, à partir de 1953, la Chine rompt avec l’URSS et développe un communisme original. Après la mort de Staline, les dirigeants chinois condamnent aussi bien la dénonciation par Khrouchtchev des « crimes de Staline » que sa recherche de la « coexistence pacifique » avec les Américains (document 7). La Chine s’éloigne encore plus de l’URSS, accusée de trahir l’idéal communiste, lorsque Mao Zedong abandonne le modèle économique soviétique et lance en 1958 la campagne du « Grand Bond en avant » fondée sur l’industrialisation des campagnes chinoises réorganisées en « communes populaires » (document 8). Enfin, à partir de 1966, la « Révolution culturelle », dirigée par Mao contre les élites du pays et du Parti, permet à la Chine de se présenter comme la seule puissance authentiquement communiste (document 9). En 1969, un conflit armé oppose la Chine et l’URSS le long de l’Oussouri (un affluent du fleuve Amour…) .
L’adoption du modèle soviétique
L’amitié sino-soviétique : Mao Zedong et Staline à Moscou en 1949
L’adoption du modèle soviétique
Affiche de 1950, célébrant le traité d’amitié sino-soviétique
L’adoption du modèle soviétique
Le développement planifié de l'industrie lourde
« Avec l’immense soutien de l’Union soviétique
et notre très grande force, nous réaliserons l’industrialisation
de notre nation, pas à pas! » Affiche de 1953
« Envoi de plus d'acier
pour la ligne de front de la construction nationale ! »
Affiche de 1953.
L’adoption du modèle soviétique
La collectivisation des campagnes
Affiche en faveur des coopératives agricoles, mars 1956
L’adoption du modèle soviétique
Affiches de la « campagne contre les contre-révolutionnaires », lancée en 1950.
Parallèlement, un réseau de camps de concentration est mis en place:
les Laogai (littéralement: rééducation par le travail)
L’adoption du modèle soviétique
Le « culte de la personnalité » autour de Mao. Affiches des années 1950 et 1960
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
En 1950, l’armée chinoise envahit le Tibet, jusque là autonome. La région sera annexée en 1954.
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
L'intervention chinoise dans la guerre de Corée (1950-1953)
Juillet 1950 :
la déroute sud-coréenne
Octobre 1950 : l’occupation
de la Corée du Nord
Janvier 1951: la Chine
au secours de la Corée du Nord
Mars 1951-juin 1953:
une guerre de position
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
« Souhaitons dix mille ans de victoire à l’armée du peuple coréen
et à l’armée des volontaires du peuple chinois ! » Affiche chinoise de 1951
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
Pierre Mendès France, président du Conseil français et Zhou Enlai, ministre des affaires étrangères chinois
lors de la signature en 1954 des Accords de Genève, qui mettent fin à la guerre d’Indochine.
La rupture progressive avec l’URSS
Le point de départ: la critique de la déstalinisation en URSS
En 1963, le journal du Parti communiste chinois dénonce les erreurs commises en URSS depuis 1956.
La critique de Staline par le XXe Congrès du PCUS fut erronée […]. La vie de Staline fut celle d’un grand marxiste léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien (…). Mais dans son rapport secret au XXe Congrès du PCUS, le camarade Khrouchtchev a complétement répudié Staline, défigurant la dictature du prolétariat, le système socialiste, le grand Parti communiste de l’Union soviétique, la grande Union soviétique et le mouvement communiste international. […]
La direction du PCUS s’attache avec un zèle croissant à conclure des marchés politiques avec l’impérialisme américain et ne pense qu’à contracter une alliance réactionnaire avec Kennedy, n’hésitant pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts du camp socialiste et du mouvement communiste international. L’exemple frappant est la crise de Cuba au cours de laquelle la direction du PCUS versa dans le capitulationnisme en cédant au chantage nucléaire de l’impérialisme américain.
Le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois, 13 Septembre 1963
La rupture progressive avec l’URSS
En 1958, Mao lance « Le Grand Bond en avant » pour promouvoir le modèle communiste chinois.
La Chine commence à se détourner du modèle soviétique (affiches de 1959 et 1960)
La rupture progressive avec l’URSS
Un bilan du Grand Bond en avant
De gigantesques famines provoquent des millions de morts à la fin des années 1950
Quand vint le temps de la moisson d’automne, les heures de travail s’allongèrent. Les moissonneurs besognaient de jour et besognaient de nuit, à la lueur des lampes à pétrole; la journée de douze heures était devenu la règle dans maintes régions. Des hommes s’évanouissaient de fatigue, disaient certains rapports. Un peu plus tard, la moisson terminée et le travail devenant moins pressant, le pays était de nouveau mobilisé, mais cette fois pour construire des hauts-fourneaux. Par dizaine de millions, les paysans étaient conviés à produire du fer et de l'acier en utilisant les méthodes des artisans chinois du Moyen Age […] Il fallait à tout prix remplir les normes de production fixées par les cadres; quand le minerai manquait, on fondait les rails et parfois les ustensiles de cuisine.
Tibor Mende, La Chine et son ombre, 1960
La rupture progressive avec l’URSS
« Tenons haut le drapeau rouge de Mao Zedong pour mener à son terme
la grande révolution culturelle prolétarienne! », Affiche de 1966
La rupture progressive avec l’URSS
Mao Zedong utilise la jeunesse communiste (les « Gardes rouges ») pour rétablir son autorité sur le Parti
et pour présenter la Chine comme le seul pays authentiquement communiste
a) L’adoption du modèle soviétique
L’adoption du modèle soviétique
L’amitié sino-soviétique : Mao Zedong et Staline à Moscou en 1949
L’adoption du modèle soviétique
Le développement planifié de l'industrie lourde
« Avec l’immense soutien de l’Union soviétique
et notre très grande force, nous réaliserons l’industrialisation
de notre nation, pas à pas! » Affiche de 1953
« Envoi de plus d'acier
pour la ligne de front de la construction nationale ! »
Affiche de 1953.
L’adoption du modèle soviétique
Le « culte de la personnalité » autour de Mao. Affiches des années 1950 et 1960
b) L’expansion de la puissance chinoise en Asie
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
En 1950, l’armée chinoise envahit le Tibet, jusque là autonome. La région sera annexée en 1954.
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
L'intervention chinoise dans la guerre de Corée (1950-1953)
Juillet 1950 :
la déroute sud-coréenne
Octobre 1950 : l’occupation
de la Corée du Nord
Janvier 1951: la Chine
au secours de la Corée du Nord
Mars 1951-juin 1953:
une guerre de position
L’expansion de la puissance chinoise en Asie
Pierre Mendès France, président du Conseil français et Zhou Enlai, ministre des affaires étrangères chinois
lors de la signature en 1954 des Accords de Genève, qui mettent fin à la guerre d’Indochine.
c) La rupture progressive avec l’URSS
La rupture progressive avec l’URSS
Le point de départ: la critique de la déstalinisation en URSS
En 1963, le journal du Parti communiste chinois dénonce les erreurs commises en URSS depuis 1956.
La critique de Staline par le XXe Congrès du PCUS fut erronée […]. La vie de Staline fut celle d’un grand marxiste léniniste, d’un grand révolutionnaire prolétarien (…). Mais dans son rapport secret au XXe Congrès du PCUS, le camarade Khrouchtchev a complétement répudié Staline, défigurant la dictature du prolétariat, le système socialiste, le grand Parti communiste de l’Union soviétique, la grande Union soviétique et le mouvement communiste international. […]
La direction du PCUS s’attache avec un zèle croissant à conclure des marchés politiques avec l’impérialisme américain et ne pense qu’à contracter une alliance réactionnaire avec Kennedy, n’hésitant pas, pour ce faire, à sacrifier les intérêts du camp socialiste et du mouvement communiste international. L’exemple frappant est la crise de Cuba au cours de laquelle la direction du PCUS versa dans le capitulationnisme en cédant au chantage nucléaire de l’impérialisme américain.
Le Quotidien du Peuple, organe du Parti communiste chinois, 13 Septembre 1963
La rupture progressive avec l’URSS
Un bilan du Grand Bond en avant
De gigantesques famines provoquent des millions de morts à la fin des années 1950
Quand vint le temps de la moisson d’automne, les heures de travail s’allongèrent. Les moissonneurs besognaient de jour et besognaient de nuit, à la lueur des lampes à pétrole; la journée de douze heures était devenu la règle dans maintes régions. Des hommes s’évanouissaient de fatigue, disaient certains rapports. Un peu plus tard, la moisson terminée et le travail devenant moins pressant, le pays était de nouveau mobilisé, mais cette fois pour construire des hauts-fourneaux. Par dizaine de millions, les paysans étaient conviés à produire du fer et de l'acier en utilisant les méthodes des artisans chinois du Moyen Age […] Il fallait à tout prix remplir les normes de production fixées par les cadres; quand le minerai manquait, on fondait les rails et parfois les ustensiles de cuisine.
Tibor Mende, La Chine et son ombre, 1960
La rupture progressive avec l’URSS
Mao Zedong utilise la jeunesse communiste (les « Gardes rouges ») pour rétablir son autorité sur le Parti
et pour présenter la Chine comme le seul pays authentiquement communiste
2. La Chine, leader du Tiers-Monde ?
a) Présents à Bandung, les Chinois dénoncent les impérialismes américain et soviétique. La conférence de Bandung, qui réunit en 1955 des pays d’Asie et d’Afrique récemment décolonisés, marque la naissance du Tiers-Monde sur la scène internationale. La Chine s’y présente comme le défenseur de tous les peuples victimes de l’impérialisme et de la colonisation (document 1), en offrant une « troisième voie » entre celle des États-Unis et celle de l’URSS. Cette position est maintenue jusqu’aux années 1970 : dans un discours prononcé à l’ONU en 1974, Deng Xiaoping énonce l’existence de « trois mondes », celui des puissances impérialistes, celui des pays dominés par les puissances impérialistes et celui des peuples émancipés, dont la Chine veut être le porte-parole et le chef de file (document 2).
b) La Chine tente de diffuser son modèle aussi bien en Afrique qu’en Asie. Au cours des années 1960, la diplomatie chinoise est particulièrement active en Afrique : les Chinois offrent une aide matérielle importante aux Etats nouvellement décolonisés comme la Tanzanie ou la Zambie et soutiennent les mouvements indépendantistes de l’Afrique Australe (document 3). Ils apportent également une aide matérielle aux mouvements communistes d’Indochine en lutte contre les États-Unis : si le Vietnam est surtout soutenu par l’URSS, les Khmers rouges, qui accèdent au pouvoir au Cambodge après 1975, deviennent les principaux alliés de la Chine dans la région (document 4). Dans le reste du monde l’influence chinoise est beaucoup plus limitée : l’Albanie, qui a rompu avec l’URSS à la fin des années 1950, est le seul pays socialiste à adopter le modèle chinois (document 5).
Une puissance en lutte contre le colonialisme et les impérialismes
Zhou Enlai avec Sukarno (Indonésie) et Nasser (Egypte) à la conférence de Bandung en 1955
Une puissance en lutte contre le colonialisme et les impérialismes
La Chine aux côtés du Tiers-Monde
Nous avons réussi à nous opposer au colonialisme, à sauvegarder la paix mondiale et à encourager la coopération économique et culturelle parce que nous autres, peuples des pays d’Asie et d’Afrique, nous avons en commun le même sort et les mêmes désirs.
Pour la même raison, je désire déclarer une fois encore que le peuple chinois apporte toute sa sympathie et son appui à la lutte des peuples d’Algérie, du Maroc et de Tunisie pour leur autodétermination et leur indépendance […], et à la juste lutte pour l’indépendance nationale et la liberté des peuples que livrent tous les peuples d’Asie et d’Afrique pour secouer le joug du colonialisme.
Zhou Enlai, déclaration à la Conférence de Bandung, 24 avril 1955
Une puissance en lutte contre le colonialisme et les impérialismes
« Soutenons vigoureusement la lutte anti-impérialiste
des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine! » Affiche de 1964
Une puissance en lutte contre le colonialisme et les impérialismes
La « théorie des trois mondes »
À en juger par les changements intervenus dans les relations internationales, notre globe comporte en fait maintenant trois parties , trois mondes qui sont à la fois liés mutuellement et contradictoires entre eux. Les États-Unis et l’Union soviétique forment le premier monde, les pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et des autres régions, le tiers-monde, et les pays développés se trouvant entre eux, le second monde. Les deux superpuissances, les États-Unis et l’URSS tentent mais en vain de s’assurer l’hégémonie mondiale. Elles cherchent par divers moyens à placer sous leur contrôle respectif les pays en voie de développement […].
La Chine est un pays socialiste et en même temps un pays en voie de développement. Elle appartient au Tiers-monde. Le gouvernement et le peuple chinois, indéfectiblement fidèles aux enseignements du président Mao, appuient résolument le lutte menée par les nations et les peuples opprimés de partout pour la conquête et la sauvegarde de l’indépendance nationale et le développement de l’économie nationale, contre le colonialisme, l’impérialisme et l’hégémonisme.
Deng Xioping, chef de la délégation chinoise à l’ONU, discours du 10 avril 1974.
La diffusion d’un modèle chinois
« Les peuples des trois pays d’Indochine vaincront,
l’impérialisme américain sera vaincu ! »
Affiche de 1971 .
La diffusion d’un modèle chinois
Mao Zedong avec les dirigeants Khmers rouges du Cambodge en 1970
La diffusion d’un modèle chinois
« Longue vie à l’éternelle amitié des peuples chinois et albanais ! ». Affiche de 1969
a) Une puissance en lutte contre le colonialisme et les impérialismes
b) La diffusion d’un modèle chinois
3. À la recherche d’une reconnaissance internationale
a) Le communisme chinois fascine une partie des élites intellectuelles occidentales. Face à l’URSS dont le modèle est de plus en plus critiqué, des intellectuels de renom, comme Jean-Paul Sartre, et une part non négligeable de la jeunesse européenne et nord-américaine attribuent à la Chine populaire une pureté révolutionnaire exemplaire : les pensées de Mao, réunies dans le « Petit Livre rouge », ont ainsi un succès phénoménal lors des révoltes étudiantes de 1968 (document 1). Mais la fascination exercée par le modèle chinois ne se limite pas aux intellectuels de gauche : le livre Quand la Chine s’éveillera, publié en 1973 par Alain Peyrefitte, un ancien ministre du général de Gaulle qui prédit l’essor économique de la Chine guidée par la pensée de Mao, connaît également un immense succès (document 2).
b) Au cours des années 1960, la Chine est progressivement reconnue par l’Occident. Depuis 1949, les États du camp occidental ne reconnaissent que la Chine nationaliste de Taïwan et n’ont aucune relation officielle avec la Chine populaire. Mais après la rupture sino-soviétique, de nouvelles relations deviennent possibles : en 1964, la France de De Gaulle, qui veut mener une politique indépendante des deux blocs de la Guerre froide, est la première puissance capitaliste à reconnaître le régime communiste de Beijing (document 3) ; elle est ensuite imitée par les autres pays de l’Ouest. Les États-Unis, quant à eux, ont de plus en plus besoin de la Chine pour se désengager du bourbier vietnamien : après une série de contacts officieux entre les deux pays (par « la diplomatie du ping-pong », notamment) (document 4), Nixon annonce en 1971 une réorientation de la politique américaine vis-à-vis de la Chine et, l’année suivante, se rend à Beijing pour y rencontrer Mao (document 5).
c) Sortie de son isolement, la Chine peut enfin entrer à l’ONU. C’est en 1971 que l’Assemblée générale des Nations-Unis adopte, à une large majorité, une résolution qui permet à la Chine communiste d’entrer dans l’Organisation des Nations-Unies et qui oblige Taïwan à en sortir. Le régime communiste peut ainsi récupérer le siège de membre permanent du Conseil de Sécurité jusque-là détenu par la Chine nationaliste (document 6). Mais le régime de Beijing, par ailleurs puissance nucléaire depuis 1964 , n’en devient pas pour autant une puissance de premier plan : son économie reste encore très largement sous-développée quand Mao Zedong meurt en 1976 (document 7)
La fascination des élites occidentales pour la Chine
Un film maoïste français: La Chinoise de Jean-Luc Godard (1967)
La fascination des élites occidentales pour la Chine
Un best-seller du début des années 1970 : Quand la Chine s’éveillera, d’Alain Peyrefitte
Le rapprochement avec le bloc de l’Ouest
La reconnaissance de la Chine par la France en 1964,
annoncée par un quotidien français et par le journal du Parti communiste chinois
Le rapprochement avec le bloc de l’Ouest
Nixon rencontre Mao Zedong à Beijing, le 21 février 1972
La Chine, enfin une puissance mondiale ?
L’admission de la Chine Populaire à l’ONU
L’Assemblée générale, […]
Rappelant les principes de la Charte des Nations Unies,
Considérant que le rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine est indispensable à la sauvegarde de la Charte des Nations unies et à la cause que l’Organisation doit servir conformément à la Charte,
Reconnaissant que les représentants du gouvernement de la République populaire de Chine sont les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des nations unies et que la République populaire de Chine est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité,
Décide le rétablissement de la République populaire de Chine dans tous ses droits et la reconnaissance des représentants de son gouvernement comme les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des Nations unies.
Résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU, adoptée le 25 octobre 1971
La Chine, enfin une puissance mondiale ?
La République Populaire de Chine au Conseil de Sécurité de l’ONU en 1972
La Chine, enfin une puissance mondiale ?
L'annonce de l'explosion de la première bombe atomique chinoise en 1964
La Chine, enfin une puissance mondiale ?
Une image du sous-développement de la Chine en 1975
a) La fascination des élites occidentales pour la Chine
La fascination des élites occidentales pour la Chine
Un best-seller du début des années 1970 : Quand la Chine s’éveillera, d’Alain Peyrefitte
b) Le rapprochement avec le bloc de l’Ouest
Le rapprochement avec le bloc de l’Ouest
La reconnaissance de la Chine par la France en 1964,
annoncée par un quotidien français et par le journal du Parti communiste chinois
Le rapprochement avec le bloc de l’Ouest
Nixon rencontre Mao Zedong à Beijing, le 21 février 1972
c) La Chine, enfin une puissance mondiale?
La Chine, enfin une puissance mondiale ?
L’admission de la Chine Populaire à l’ONU
L’Assemblée générale, […]
Rappelant les principes de la Charte des Nations Unies,
Considérant que le rétablissement des droits légitimes de la République populaire de Chine est indispensable à la sauvegarde de la Charte des Nations unies et à la cause que l’Organisation doit servir conformément à la Charte,
Reconnaissant que les représentants du gouvernement de la République populaire de Chine sont les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des nations unies et que la République populaire de Chine est l’un des cinq membres permanents du Conseil de sécurité,
Décide le rétablissement de la République populaire de Chine dans tous ses droits et la reconnaissance des représentants de son gouvernement comme les seuls représentants légitimes de la Chine à l’Organisation des Nations unies.
Résolution 2758 de l’Assemblée générale de l’ONU, adoptée le 25 octobre 1971
II. L’émergence d’une grande puissance mondiale depuis 1979
1. Le tournant des années 1970 et 1980
a) Ses successeurs ouvrent l’économie chinoise au capitalisme. Devenu maître du parti communiste en 1978, Deng Xiaoping lance à partir de 1979 une vaste campagne de réformes (« les quatre modernisations ») destinées à permettre à la Chine de rattraper son immense retard en matière économique et technologique : les campagnes sont décollectivisées, la planification autoritaire est abandonnée et l’initiative individuelle est encouragée dans tous les secteurs d’activités (document 1). Parallèlement, des « Zones Economiques Spéciales » ouvertes dans les régions littorales – l’une des premières est celle de Shenzhen, au sud du pays – permettent d’attirer des capitaux venus des puissances occidentales (document 2). D’abord discrète et limitée, l’introduction des principes du capitalisme dans l’économie communiste chinoise devient de plus en plus massive au début des années 1990. On commence alors à parler de « socialisme de marché » pour désigner le nouveau modèle économique de la Chine (document 3).
b) Mais les dirigeants chinois maintiennent intacte la dictature du parti communiste. Les réformes économiques entrainent une transformation rapide de la société chinoise, qui pousse une partie de la jeunesse et des intellectuels du pays à réclamer une « cinquième modernisation », c’est-à-dire la libéralisation du régime communiste. Au printemps 1989, cette revendication s’intensifie avec l’occupation par les étudiants de Beijing de la place Tiananmen, le principal lieu de pouvoir de la capitale chinoise (document 4). Mais le « Printemps de Pékin » est écrasé par l’armée le 4 juin 1989 : près de 2 000 manifestants sont tués, les dirigeants du mouvement sont arrêtés ou contraints à l’exil. Contrairement à ce qui se passe en URSS à la même époque, la libéralisation de l’économie chinoise ne va pas de pair avec la démocratisation du pays (document 5). Encore aujourd'hui, les libertés politiques restent très limitées, la censure est constante sur Internet et les camps du Laogai sont toujours en activité (document 6). Malgré les protestations internationales, une sévère répression frappe les revendications autonomistes du Tibet ou du Xinjiang (document 7). De même, les protestations de la population de Hong Kong n’empêchent pas la disparition progressive du principe « un État, deux systèmes » (l’un communiste, l’autre libéral) proclamé après le rattachement de l’ancienne colonie britannique à la Chine en 1997 (document 8)
L’ouverture économique de la Chine
Écarté du pouvoir pendant la « révolution culturelle », Deng Xiaoping est réintégré dans le Parti
au début des années 1970. Après la mort de Mao en 1976, il élimine ses rivaux
et devient le premier dirigeant de la Chine jusqu’à sa mort en 1997. Affiches de 1983 et 1985
L’ouverture économique de la Chine
Les « quatre modernisations »
Nous voici encore une fois à un tournant de l’histoire de la Chine. En 1978, nous avons lancé un vaste programme que nous appelons « les quatre modernisations » : modernisation de l’industrie chinoise, de l’agriculture, du secteur scientifique et technologique, et de la défense nationale. Pour nous autres Chinois, il s’agit là, en un sens bien réel, d’une nouvelle révolution; et c’est une révolution socialiste. Le but d’une révolution socialiste, au fond, consiste à libérer les forces productives d’un pays et à les développer. […]
La Chine a maintenant adopté une politique d’ouverture sur le monde, dans un esprit de coopération internationale. […]
Nous voudrions, à mesure que notre développement se poursuit, élargir le rôle de l’économie de marché. Au sein du système socialiste, une économie de marché et une économie fondée sur la planification de la production peuvent coexister et il est possible d’établir entre elles une coordination.
Deng Xiaoping, Discours devant le comité central du parti communiste, décembre 1978.
L’ouverture économique de la Chine
Shenzhen, avant et après l'ouverture économique de la ZES
L’ouverture économique de la Chine
« Inaugurons une ère nouvelle. Célébrons le 50ème anniversaire
de la République populaire de Chine. » Affiche de 1999
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Le « printemps de Pékin » en 1989: la revendication d'une libéralisation du régime communiste
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
La « Déesse de la démocratie »
érigée sur la place Tiananmen
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
L'image la plus célèbre de la répression du « printemps de Pékin », le 4 juin 1989,
qui entraîne la mort de centaines de personnes et la détention de milliers d’autres
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Tiananmen, 20 ans après
La commémoration de la sanglante répression du mouvement étudiant le 4 juin 1989 concentre toutes les crispations. L'heure ne semble pas aux concessions. Le président du Parlement, Wu Bangguo, vient de rappeler fermement que la Chine ne « copiera jamais le modèle occidental » et « n'appliquera pas un système multipartite et la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ». En ce qui concerne l'Internet chinois, il est sévèrement verrouillé, le site Youtube étant par exemple bloqué depuis mardi.
Arnaud de La Grange, Le Figaro, 25 mars 2009.
Le Parti communiste chinois en congrès
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
L'impitoyable censure de l'Internet chinois :
l'expression « gros canard jaune » y est interdite depuis la publication de cette image en 2013
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Même Winnie l'ourson est censuré en Chine..., à cause de sa ressemblance avec Xi Jinping (ici avec Barack Obama) !
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Un déploiement de la police chinoise devant un des hauts lieux du bouddhisme tibétain, en 2018
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Des Ouighours musulmans enfermés dans un « camp de rééducation » du Xinjiang en 2019
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
La rétrocession de Hong-Kong à la Chine en 1997: « un État, deux systèmes » ?
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Les manifestations de 2014 à Hong-Kong contre la disparition de la démocratie
a) L’ouverture économique de la Chine
L’ouverture économique de la Chine
Écarté du pouvoir pendant la « révolution culturelle », Deng Xiaoping est réintégré dans le Parti
au début des années 1970. Après la mort de Mao en 1976, il élimine ses rivaux
et devient le premier dirigeant de la Chine jusqu’à sa mort en 1997. Affiches de 1983 et 1985
L’ouverture économique de la Chine
Les « quatre modernisations »
Nous voici encore une fois à un tournant de l’histoire de la Chine. En 1978, nous avons lancé un vaste programme que nous appelons « les quatre modernisations » : modernisation de l’industrie chinoise, de l’agriculture, du secteur scientifique et technologique, et de la défense nationale. Pour nous autres Chinois, il s’agit là, en un sens bien réel, d’une nouvelle révolution; et c’est une révolution socialiste. Le but d’une révolution socialiste, au fond, consiste à libérer les forces productives d’un pays et à les développer. […]
La Chine a maintenant adopté une politique d’ouverture sur le monde, dans un esprit de coopération internationale. […]
Nous voudrions, à mesure que notre développement se poursuit, élargir le rôle de l’économie de marché. Au sein du système socialiste, une économie de marché et une économie fondée sur la planification de la production peuvent coexister et il est possible d’établir entre elles une coordination.
Deng Xiaoping, Discours devant le comité central du parti communiste, décembre 1978.
L’ouverture économique de la Chine
« Inaugurons une ère nouvelle. Célébrons le 50ème anniversaire
de la République populaire de Chine. » Affiche de 1999
b) Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Le « printemps de Pékin » en 1989: la revendication d'une libéralisation du régime communiste
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Tiananmen, 20 ans après
La commémoration de la sanglante répression du mouvement étudiant le 4 juin 1989 concentre toutes les crispations. L'heure ne semble pas aux concessions. Le président du Parlement, Wu Bangguo, vient de rappeler fermement que la Chine ne « copiera jamais le modèle occidental » et « n'appliquera pas un système multipartite et la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire ». En ce qui concerne l'Internet chinois, il est sévèrement verrouillé, le site Youtube étant par exemple bloqué depuis mardi.
Arnaud de La Grange, Le Figaro, 25 mars 2009.
Le Parti communiste chinois en congrès
Le maintien du pouvoir exclusif du parti communiste
Les manifestations de 2014 à Hong-Kong contre la disparition de la démocratie
2. Une puissance désormais complète?
a) Le « socialisme de marché » permet à l’économie chinoise de faire des progrès fulgurants. Devenue l’« atelier du monde », la Chine intègre les principales organisations internationales : le FMI en 1980, l’OMC en 2001, le G20 en 2008 (document 1) ; grâce à sa croissance économique supérieure à 10% par an depuis 1978, elle multiplie son PIB par 10 pour devenir en 2010 la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis (document 2) ; ses énormes excédents commerciaux lui permettent aussi de constituer des réserves de change considérables grâce auxquelles elle devient le premier créancier des États-Unis, tout en multipliant dans de nombreuses régions – en Afrique tout particulièrement – les investissements destinés à sécuriser ses approvisionnements en matières premières (document 3).
b) La Chine devient dans le même temps une puissance militaire et technologique majeure. En augmentation constante depuis les années 1990, les dépenses militaires du pays, désormais les deuxièmes du monde derrière celles des États-Unis avec 250 milliards de dollars en 2018, lui permettent de lancer de vastes programmes d’équipements navals, terrestres ou aériens (document 4). La Chine a également comblé une large partie de son retard sur ses concurrents occidentaux, en se dotant de capacités technologiques majeures, dont témoignent aussi bien le lancement d’un vol habité dans l’espace en 2003, que l’envoi d’un robot d’exploration sur la Lune (le « Lapin de Jade ») en 2014 ou la constitution du plus long réseau ferroviaire à grande vitesse du monde (document 5).
c) Parallèlement, la Chine développe aussi une puissance culturelle de plus en plus marquée. L’organisation à Beijing des Jeux Olympiques de 2008 et celle à Shanghai de l’Exposition universelle de 2010 marquent la naissance d’un Soft Power chinois (document 6). Celui-ci se matérialise aussi bien par la « diplomatie du panda » que que par la multiplication des Instituts Confucius permettant de diffuser la culture chinoise sur tous les continents ou par l’exportation massive des films produits par les studios de Hong Kong (document 7). Les 50 millions de « Chinois de l’extérieur » qui constituent la diaspora chinoise sont également un puissant relais de la nouvelle influence culturelle que la Chine cherche à acquérir (document 8).
d) La puissance chinoise est désormais sensible dans un grand nombre de régions du monde. Après avoir récupéré Hong Kong, ancienne colonie britannique, en 1997 et Macao, ancienne colonie portugaise, en 1999, la Chine multiplie les initiatives pour imposer son leadership en Asie orientale face au Japon et aux États-Unis : alors que son alliance avec la Corée du Nord permet au régime totalitaire de Pyongyang de se maintenir en place, la Chine continue à considérer Taïwan comme une partie intégrante de son territoire (document 9). Elle multiplie aussi les revendications territoriales en mer de Chine, contestant la souveraineté du Japon sur les îles Senkaku et disputant les archipels des Spratleys et des Paracels au Vietnam, à la Malaisie et aux Philippines (document 10). La Chine accroît également sa présence en Afrique (où elle concurrence la France, le Royaume-Uni et les États-Unis) par de multiples investissements et par l’organisation de sommets sino-africains trisannuels (document 11). Son alliance avec la Russie, dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai fondée en 2001, et son rapprochement avec l’Inde, avec qui elle participe aux réunions des BRICS, lui permettent enfin d’étendre son influence en Asie . Pour confirmer ces ambitions continentales, la Chine a lancé le projet des « Nouvelles routes de la Soie », un ensemble de routes, de voies ferrées et d’oléoducs reliant la Chine au Moyen-Orient et à l’Europe en passant par l’Asie centrale (document 12).
Un géant économique incontesté
L'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce en 2010:
une étape décisive de son décollage économique
Un géant économique incontesté
La skyline de Pudong, l'une des vitrines de la 2ème économie mondiale
Un géant économique incontesté
La Chine, financier du monde ? Caricature de Pismestrovic, Kleine Zeitung, 2011.
La Chine est devenu le premier créancier des États-Unis et de la zone euro
Un géant économique incontesté
La Chine, devenue le 3ème investisseur mondial, est le premier partenaire commercial de l’Afrique
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
Le budget militaire chinois, le deuxième du monde, atteint 250 milliards de dollars en 2018
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
Une puissance militaire en expansion depuis les années 2000
La Chine modernise largement et rapidement ses forces militaires, principalement sa force nucléaire, ses missiles, ainsi que sa marine et son armée de l’air, elle renforce ses capacités de projection à grande distance. […]
La Chine a intensifié et étendu ses activités dans ses mers bordières. Le manque de transparence dans sa politique de défense nationale et ses activités militaires est un sujet d’inquiétude pour la région et la communauté internationale, y compris le Japon. […]
En ce qui concerne son action dans les mers proches du japon, on a observé des navires de guerre chinois en train de mener ce qui semblait être des exercices d’entraînement ou des activités de collecte d’informations. On a aussi observé des navires du gouvernement chinois s’engageant dans des activités de surveillance pour la protection des droits et d’intérêts maritimes. […]
[En outre,] la Chine intensifie ses activités dans la mer de chine méridionale où se situent les îles Spratleys et Paracels, pour lesquelles la Chine est engagée dans des conflits territoriaux avec ses voisins.
Extraits du Rapport du ministère de la Défense du Japon, 2011.
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
La Chine devient une puissance spatiale majeure : le lanceur de satellite « Longue Marche »
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
La ligne de train à grande vitesse entre Beijing et Guangzhou,
la plus longue voie ferrée à grande vitesse du monde.
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Le triomphe de la Chine aux Jeux Olympiques de Beijing en 2008
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
L’Exposition universelle de Shanghai
Placé sous le signe du gigantisme, l’événement permet au régime de réaffirmer sa puissance. Ce sera, comme promis, la somme de tous les records. Record d’affluence avec 70 à 80 millions de visiteurs attendus jusqu’à la fin octobre, record de pays participants (192 au total), budget explosé pour un pays hôte (plus de 40 milliards d’euros avec les travaux), 200 000 bénévoles réquisitionnés, site le plus vaste jamais mis à disposition. À la veille du coup d’envoi de l’Exposition universelle, la Chine a donc vu grand. Comme d’habitude. « Il faut montrer au monde qui nous sommes », confirme un jeune chinois.
Le Journal du Dimanche, 25 Avril 2010
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
La diplomatie du panda, l’une des facettes du Soft Power chinois
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Deux films chinois récompensés au festival de Cannes en 2013 et 2015
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Une diaspora de 50 millions de « Chinois d’outre-mer »,
un puissant relais pour la diffusion de la culture chinoise
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Le nouvel an chinois à New York
Une influence mondiale croissante
La revendication permanente sur Taïwan : « Bonjour! C’est juste pour vous rappeler quel est votre statut... »
Caricature du dessinateur Paresh, publiée en 2017
Une influence mondiale croissante
Un exemple d’aménagement chinois dans les îles Spratly
Une influence mondiale croissante
La construction par la Chine du siège de l’Union africaine à Addis-Abeba en 2010
Une influence mondiale croissante
Des sommets sur la coopération sino-africaine ont désormais lieu tous les trois ans
Une influence mondiale croissante
Un partenariat privilégié avec la Russie: l’Organisation de coopération de Shanghai
Un rôle politique mondial
Un projet à l'échelle de la puissance chinoise aujourd'hui: les « Nouvelles Routes de la Soie »
a) Un géant économique incontesté
Un géant économique incontesté
L'entrée de la Chine dans l'Organisation mondiale du commerce en 2010:
une étape décisive de son décollage économique
Un géant économique incontesté
La Chine, devenue le 3ème investisseur mondial, est le premier partenaire commercial de l’Afrique
b) Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
Le budget militaire chinois, le deuxième du monde, atteint 250 milliards de dollars en 2018
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
Une puissance militaire en expansion depuis les années 2000
La Chine modernise largement et rapidement ses forces militaires, principalement sa force nucléaire, ses missiles, ainsi que sa marine et son armée de l’air, elle renforce ses capacités de projection à grande distance. […]
La Chine a intensifié et étendu ses activités dans ses mers bordières. Le manque de transparence dans sa politique de défense nationale et ses activités militaires est un sujet d’inquiétude pour la région et la communauté internationale, y compris le Japon. […]
En ce qui concerne son action dans les mers proches du japon, on a observé des navires de guerre chinois en train de mener ce qui semblait être des exercices d’entraînement ou des activités de collecte d’informations. On a aussi observé des navires du gouvernement chinois s’engageant dans des activités de surveillance pour la protection des droits et d’intérêts maritimes. […]
[En outre,] la Chine intensifie ses activités dans la mer de chine méridionale où se situent les îles Spratleys et Paracels, pour lesquelles la Chine est engagée dans des conflits territoriaux avec ses voisins.
Extraits du Rapport du ministère de la Défense du Japon, 2011.
Une puissance technologique et militaire de plus en plus affirmée
La ligne de train à grande vitesse entre Beijing et Guangzhou,
la plus longue voie ferrée à grande vitesse du monde.
c) Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
Le triomphe de la Chine aux Jeux Olympiques de Beijing en 2008
Une puissance culturelle de plus en plus marquée
L’Exposition universelle de Shanghai
Placé sous le signe du gigantisme, l’événement permet au régime de réaffirmer sa puissance. Ce sera, comme promis, la somme de tous les records. Record d’affluence avec 70 à 80 millions de visiteurs attendus jusqu’à la fin octobre, record de pays participants (192 au total), budget explosé pour un pays hôte (plus de 40 milliards d’euros avec les travaux), 200 000 bénévoles réquisitionnés, site le plus vaste jamais mis à disposition. À la veille du coup d’envoi de l’Exposition universelle, la Chine a donc vu grand. Comme d’habitude. « Il faut montrer au monde qui nous sommes », confirme un jeune chinois.
Le Journal du Dimanche, 25 Avril 2010
d) Une influence mondiale croissante
Un rôle politique mondial
Un projet à l'échelle de la puissance chinoise aujourd'hui: les « Nouvelles Routes de la Soie »
Malgré les immenses progrès qu’elle a accomplis depuis 1949, la puissance de la Chine n’est pas encore exempte de fragilités. Même si, comme la Russie, elle dénonce régulièrement l’impérialisme des Etats-Unis et de leurs alliés – allant jusqu’à créer le Prix Confucius, un contre-Prix Nobel de la paix dont l’un des premiers lauréats fut Vladimir Poutine –, elle reste dépendante des grandes puissances occidentales, qui sont autant ses partenaires que ses concurrents. Et ce, d’autant plus qu’elle doit relever les défis d’une croissance ralentie et d’un développement encore inachevé (son IDH ne la place qu’au 86e rang mondial en 2018)
Le prix Confucius: des valeurs chinoises pour le monde ?
Les dirigeants chinois, irrités par les critiques occidentales à propos des droits de l'Homme, tentent de promouvoir leurs propres valeurs, en créant un prix concurrent du prix Nobel de la paix.
Accusé en Occident de faire peu de cas des libertés démocratiques, le Premier ministre russe Vladimir Poutine s'est vu décerner ce vendredi, en son absence, le prix Confucius de la paix 2011, institué l'an dernier en Chine pour contrer le prix Nobel alors attribué au dissident Liu Xiaobo1. Les organisateurs ont expliqué avoir choisi le dirigeant russe pour son opposition à l'intervention militaire de l'Otan en Libye2. [...] « Vladimir Poutine a été choisi parce qu'il a un cœur juste », a dit Qiao [le fondateur du prix]. « La guerre en Libye a fait de nombreux morts, pas seulement des soldats mais aussi des civils et des enfants. »
www.express.fr., 9 décembre 2011
1. Militant de la cause démocratique en Chine, actuellement emprisonné pour motifs politiques.
2. Intervention militaire clé mars à octobre 2011 contre le dictateur libyen Mouammar Kadhafi. La Chine était défavorable à cette intervention.