Leçon n°3 - New York: une ville mondiale (étude de cas)
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Popularisée par les travaux de la sociologie néerlandaise Saskia Sassen, la notion de « ville mondiale » (global city) est aujourd’hui utilisée pour désigner les principaux centres d’impulsion de la mondialisation. Pour être qualifiée de « ville mondiale », une ville doit être:
- une mégapole (une ville de plus de 10 millions d’habitants) à la fois riche, diverse et active ;
- une métropole rayonnante et attractive ;
- un centre de commandement politique et économique ;
- une ville dotée d’une capacité d’influence mondiale ;
- une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication.
New York apparaît systématiquement aux tout premiers rangs des nombreux classements des villes mondiales qui sont réalisés chaque année en fonction de ces critères. La question n’est donc pas de savoir si elle est ou non une ville mondiale, mais bien plutôt de comprendre ce qui fait de cette ville la ville mondiale par excellence.
I. Une mégapole au rayonnement planétaire
1. L’une des villes les plus vastes et les plus peuplées du monde. Avec plus de 23 millions d’habitants, New York a longtemps été la 2ème agglomération du monde derrière Tokyo. Le ralentissement actuel de la croissance de sa population et l’explosion démographique des mégapoles asiatiques ont rétrogradé son classement mondial autour du 8ème rang, mais elle reste, et de loin, la plus importante ville des États-Unis et du continent américain (document 1).
La ville elle-même – New York City, 8 millions d’habitants – s’étend sur 785 km2 et regroupe les 5 comtés (boroughs) du centre de l’agglomération (Manhattan, Brooklyn, Queens, Bronx et Staten Island), alors que l’aire urbaine de New York s’étend sur 17 400 km2 et regroupe 30 comtés appartenant à 4 États différents (New York, New Jersey, Pennsylvanie et Connecticut). La taille de cette gigantesque agglomération s’explique en grande partie par la prédominance dans la banlieue de New York de l’habitat individuel pavillonnaire (document 2). Par comparaison, l’aire urbaine de Paris (un peu plus de 10 millions d’habitants) ne s’étend que sur 2 845 km2...
2. L’une des villes les plus riches du monde. Avec un Produit Urbain Brut – l’équivalent du PIB pour les villes – de 1 403 milliards de dollars en 2015, New York se place au 2ème rang des villes les plus riches du monde, derrière Tokyo. Si cette ville était un État, elle serait la 11ème puissance mondiale, l’équivalent de la Corée du Sud... (document 3). Par sa richesse, New York dépasse largement celle des autres villes des États-Unis : son PIB/hab, près de 60 000$ par an et par habitant, est de plus de 12% supérieur à la moyenne américaine.
3. L’une des villes les plus attractives du monde. New York a été pendant longtemps la principale porte d’entrée des États-Unis : rien qu’entre 1880 et 1919, la baie de New York a vu passer 17 millions d’immigrants européens (document 4). Aujourd’hui, sa population est composée de 150 nationalités différentes et elle accueille encore plus de 120 000 immigrants par an, en grande majorité originaire d’Amérique latine et d’Afrique occidentale. Ces flux migratoires extrêmement importants se lisent dans le paysage de New York. Une grande partie des quartiers de la ville ont une dominante communautaire très marquée, avec des quartiers jamaïcains, polonais, russes, coréens et même français (document 5).
4. L’une des villes les plus fascinantes du monde. Incarnation du « rêve américain » pour les migrants, New York est aussi une destination privilégiée des touristes internationaux : en 2016, plus de 12 millions de touristes étrangers – et 40 millions de touristes américains – ont séjourné à New York, ce qui en fait la 5ème ville la plus visitée au monde. A elle seule, la célébration du Nouvel An à Times Square (justement surnommé le « carrefour du monde ») attire un million de spectateurs (document 6).
L'une des villes les plus peuplées du monde
Deux classements des 15 plus grandes agglomérations mondiales en 2015
L'une des villes les plus peuplées du monde
Les cinq comtés (boroughs) de New York City:
784 km2 et 8,5 millions d’habitants en 2016
L'une des villes les plus peuplées du monde
L’aire métropolitaine de New York dans sa plus grande extension:
34 493 km2 et 23,6 millions d’habitants en 2016
L'une des villes les plus riches du monde
Les Produits Urbains Bruts (PUB) des quinze villes les plus riches du monde en 2014
L'une des villes les plus attractives du monde
Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge,
Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
De ma lumière, j'éclaire la porte d'or !
Derniers vers du poème d’Emma Lazarus, The new Colossus,
gravés sur le piédestal de la Statue de la Liberté
Entre 1880 et 1919, la baie de New York a vu passer
17 millions d’immigrants européens
L'une des villes les plus attractives du monde
Les quartiers des minorités dans l'espace urbain new-yorkais
L'une des villes les plus fascinantes du monde
L'une des principales destinations touristiques mondiales
L'une des villes les plus fascinantes du monde
Times Square: le "carrefour du monde"
1. L’une des villes les plus peuplées du monde
L'une des villes les plus peuplées du monde
Deux classements des 15 plus grandes agglomérations mondiales en 2015
L'une des villes les plus peuplées du monde
L’aire métropolitaine de New York dans sa plus grande extension:
34 493 km2 et 23,6 millions d’habitants en 2016
2. L’une des villes les plus riches du monde
L'une des villes les plus riches du monde
Les Produits Urbains Bruts (PUB) des quinze villes les plus riches du monde en 2014
3. L’une des villes les plus attractives du monde
L'une des villes les plus attractives du monde
Garde, Vieux Monde, tes fastes d'un autre âge,
Donne-moi tes pauvres, tes exténués,
Qui en rangs pressés aspirent à vivre libres,
Le rebut de tes rivages surpeuplés,
Envoie-les moi, les déshérités, que la tempête m'apporte
De ma lumière, j'éclaire la porte d'or !
Derniers vers du poème d’Emma Lazarus, The new Colossus,
gravés sur le piédestal de la Statue de la Liberté
Entre 1880 et 1919, la baie de New York a vu passer
17 millions d’immigrants européens
L'une des villes les plus attractives du monde
Les quartiers des minorités dans l'espace urbain new-yorkais
4. L’une des villes les plus fascinantes du monde
L'une des villes les plus fascinantes du monde
L'une des principales destinations touristiques mondiales
II. L’un des centres majeurs de la mondialisation
1. Des capacités de commandement exceptionnelles. New York n’est ni la capitale des États-Unis (elle l’a seulement été entre 1780 et 1785) ni celle de l’État de New York (c’est Albany), mais cela ne l’empêche pas d’être l’une des métropoles les plus puissantes du monde. Les skylines (lignes d’horizon) formées par les gratte-ciel de ses deux quartiers d’affaires (Midtown et Financial District) démontrent cette puissance (document 1). On y trouve aussi bien le siège de l’Organisation des Nations Unies que les sièges sociaux d’un grand nombre d’entreprises de taille mondiale. A elle seule, New York accueille 17 des 500 premières FTN du monde, dans tous les secteurs d’activité : la banque (Bank of America, Goldman Sachs), les assurances (AIG), les services financiers (American Express), les médias (Time Warner), l’industrie électronique (Verizon) ou pharmaceutique (Pfizer). Elle n’est dans ce domaine dépassée que par Tokyo et Paris (document 2).
2. Une influence mondiale dans de nombreux domaines. Dominée par la finance, l’activité de la ville a une résonnance dans le monde entier : c’est à New York que se trouvent les deux premiers marchés boursiers de la planète (le New York Stock Exchange et le Nasdaq, qui représentent un tiers de la capitalisation boursière mondiale), ainsi que trois des agences de notation les plus influentes du monde: Fitch, Moody’s et Standard and Poor’s (document 3). Mais New York est aussi un centre intellectuel majeur grâce à ses universités (Columbia et New York University, qui a, à elle seule, accueille 40 000 étudiants) ainsi qu’un centre d’innovation important, grâce aux centaines d’entreprises de l’Internet, de la communication et de la publicité regroupées dans la « Silicon Alley », le technopôle du sud de Manhattan (document 4). A New York se trouvent aussi les sièges de quelques-uns des plus grands médias américains (Le New York Times, Fox News ou NBC), ainsi que certains des plus grands musées du monde, comme le Metropolitan Museum, le MoMA (Museum of Modern Art) ou le Musée Guggenheim (document 5). Lieu de création culturelle de premier plan, la ville est enfin l’une des capitales mondiales de la mode (document 6).
3. Une plaque tournante des échanges mondiaux. Grâce à ses nombreuses installations portuaires, réparties entre Brooklyn (Red Hook Terminal) et le New Jersey (Newark Terminal), New York est le principal port de la façade atlantique des États-Unis. Elle est aussi l’un des premiers hubs aéroportuaires du pays, grâce à ses aéroports internationaux (JFK et Newark) et nationaux (La Guardia). Elle est enfin, l’un des plus importants points de passage des réseaux mondiaux de communication, grâce au Téléport installé depuis 1989 à Staten Island (document 7). Ce rôle de carrefour mondial est renforcé par la place que New York occupe au sein de la Mégalopolis. Cette gigantesque région urbaine qui s’étend sur plus de 700 km entre Boston et Washington (d’où son surnom de "BosWash") et qui regroupe plus de 50 millions d’habitants, est fortement connectée à New York par de nombreux réseaux routiers, ferrés et aériens desservant l’ensemble du territoire américain (document 8).
Des capacités de commandement exceptionnelles
La skyline du Financial District de Manhattan
Des capacités de commandement exceptionnelles
Les sièges de quelques-unes des plus grandes firmes installées à New York
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
Les trois plus importantes agences de notation financière
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
II existe deux grandes universités privées à New York, la célèbre Columbia University située au nord de Manhattan, et la dynamique New York University, éparpillée dans le Greenwich Village, au sud de la ville. Columbia jouit d'une réputation mondiale en termes d'enseignements, a formé les grandes figures de la politique américaine dont le président Obama et décerne chaque année le prix Pulitzer1 .Elle appartient à la Ivy League, qui rassemble les universités d'élite de la côte Est, et parmi elles, Harvard, Princeton et Yale.
NYU est une institution plus récente, fondée à la fin du XIXe siècle, au cœur du downtown Manhattan. La place de NYU a considérablement évolué ces trente dernières années et est passée en une génération du statut de pôle régional à celui d'université nationale dont 90 % des étudiants ne sont pas originaires de New York. Elle accueille aujourd'hui 40 000 étudiants, deux fois plus que Columbia, ce qui fait d'elle la plus grande université privée des Etats-Unis. [...] La stratégie de développement de NYU se veut internationale. Son président apparaît comme un ambassadeur qui parcourt le monde pour promouvoir sa vision du monde de demain dans lequel les universités seront les centres culturels et intellectuels de métropoles capables d'attirer la nouvelle classe intellectuelle mondiale. Il envisage NYU comme le centre d'un réseau de « villes mondiales » interconnectées par des branches de NYU.
New York Magazine, 14 novembre 2010
1. Prix américain créé en 1904 et décerné dans différentes disciplines (romans, photos, journalisme...). Dans le domaine du journalisme, c'est le prix le plus prestigieux au monde.
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
La "Silicon Alley", au sud de Mahattan
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
Quelques-uns des principaux médias new-yorkais
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
Les principaux musées de New York
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
New York, l'une des capitales mondiales de la mode
Une plaque tournante des échanges mondiaux
Les connexions de New York aux réseaux mondiaux de circulation
1. Des capacités de commandement exceptionnelles
Des capacités de commandement exceptionnelles
Les sièges de quelques-unes des plus grandes firmes installées à New York
2. Une influence mondiale dans de nombreux domaines
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
II existe deux grandes universités privées à New York, la célèbre Columbia University située au nord de Manhattan, et la dynamique New York University, éparpillée dans le Greenwich Village, au sud de la ville. Columbia jouit d'une réputation mondiale en termes d'enseignements, a formé les grandes figures de la politique américaine dont le président Obama et décerne chaque année le prix Pulitzer1 .Elle appartient à la Ivy League, qui rassemble les universités d'élite de la côte Est, et parmi elles, Harvard, Princeton et Yale.
NYU est une institution plus récente, fondée à la fin du XIXe siècle, au cœur du downtown Manhattan. La place de NYU a considérablement évolué ces trente dernières années et est passée en une génération du statut de pôle régional à celui d'université nationale dont 90 % des étudiants ne sont pas originaires de New York. Elle accueille aujourd'hui 40 000 étudiants, deux fois plus que Columbia, ce qui fait d'elle la plus grande université privée des Etats-Unis. [...] La stratégie de développement de NYU se veut internationale. Son président apparaît comme un ambassadeur qui parcourt le monde pour promouvoir sa vision du monde de demain dans lequel les universités seront les centres culturels et intellectuels de métropoles capables d'attirer la nouvelle classe intellectuelle mondiale. Il envisage NYU comme le centre d'un réseau de « villes mondiales » interconnectées par des branches de NYU.
New York Magazine, 14 novembre 2010
1. Prix américain créé en 1904 et décerné dans différentes disciplines (romans, photos, journalisme...). Dans le domaine du journalisme, c'est le prix le plus prestigieux au monde.
Une influence mondiale dans de nombreux domaines
New York, l'une des capitales mondiales de la mode
3. Une plaque tournante des échanges mondiaux
Une plaque tournante des échanges mondiaux
Les connexions de New York aux réseaux mondiaux de circulation
III. Les fragilités de la première ville mondiale
1. Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées. New York a beau être l’une des villes les plus riches du monde, sa population se caractérise par de très forts contrastes entre richesse et pauvreté. A l’intérieur des limites de New York City, 1,7 million de personnes (plus de 20% de la population de la ville) vit en dessous du seuil de pauvreté. Ces écarts de richesse se traduisent par une forte opposition entre quartiers aisés et quartiers déshérités. Les disparités ethniques recoupant souvent aux États-Unis les disparités économiques, ces derniers quartiers se sont transformés en ghettos (document 1).
En dépit des efforts récents de la municipalité newyorkaise, la différenciation socio-spatiale s’accroît d’année en année. Par un processus de gentrification (embourgeoisement), les quartiers les plus riches de Manhattan ou de Brooklyn débordent sur les quartiers les plus pauvres (comme Harlem), contraignant les populations les moins favorisées à s’éloigner toujours davantage du centre de l’agglomération ou même à quitter celle-ci (document 2). Ce phénomène, encore renforcé par la constitution de nouvelles zones d’activités dans les quartiers périphériques (les edge cities), explique en grande partie la très faible croissance de la population de New York (document 3).
2. Une ville vulnérable. Comme toutes les grandes métropoles mondiales, New York est exposée au risque terroriste, comme l’a montré la destruction des tours du World Trade Center le 11 septembre 2001. La construction rapide de nouvelles tours, dont la Freedom Tower culminant à 541 mètres (1 776 pieds), a permis à la ville de posséder à nouveau le bâtiment le plus élevé d’Amérique, mais n’a pas effacé le traumatisme de cette attaque (document 4). En raison de sa position littorale, New York est aussi exposée à un autre risque majeur, celui de l’élévation du niveau des océans. Des travaux de protection des zones les plus importantes de l’agglomération sont actuellement en cours au Sud de Manhattan et autour de l’aéroport JFK, mais cela ne met pas la ville à l’abri de phénomènes climatiques extrêmes, comme l’ouragan Sandy qui, en 2012, a paralysé le centre de New York et causé de nombreux dégâts dans les quartiers les plus pauvres (document 5).
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
La pauvreté dans l'une des villes les plus riches du monde...
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
En 2006, un New-Yorkais sur cinq était pauvre et 14 % des familles disposant d'un emploi avaient des revenus annuels inférieurs au seuil de pauvreté fédéral : 10 000 dollars pour une seule personne ; 21 000 dollars pour une famille avec deux enfants mineurs. [...] Les 20 % les plus riches gagnent l'équivalent de 50 fois les revenus des 20 % les plus pauvres, le plus grand écart enregistré depuis l'après-guerre.
Il va de soi que le dynamisme économique et les niveaux de rémunération soutiennent le marché immobilier. Devant une demande intense [...] et une offre faible, les loyers sont extravagants et atteignent 50 % des ressources d'un ménage sur quatre. Les constructions neuves - essentiellement de grand luxe - ne permettent pas d'héberger les plus de 35 000 SDF [...] Bien que la perception de la question raciale ait fortement changé aux États-Unis, les populations noires restent toujours isolées. [...] Alors que le dynamisme de New York réside dans son attractivité migratoire, la ségrégation sociale demeure le problème social majeur, qui se construit tous les jours dans les écoles moins performantes, dans un isolement social toujours aussi fort, avec un taux de chômage record chez les jeunes hommes noirs.
Renaud Le Goix, Atlas de New York, 2009
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Si Harlem commence aujourd'hui à être renommé pour sa renaissance, il est resté le ghetto américain le plus célèbre du monde pendant près d'un demi-siècle. La situation d'extrême ségrégation qui s'était perpétuée au cours du XXe siècle à Harlem, ajoutée au racisme et à la pauvreté, avaient conduit son capital architectural, pourtant magnifique, à se dégrader fortement. De splendides demeures bourgeoises transformées en taudis au milieu de terrains vacants formaient un paysage dévasté. La misère et la violence, ainsi que la drogue et le crime, y proliféraient, effrayant les Blancs de Manhattan qui jamais ne traversaient la frontière imaginaire de la 96e rue. Ce patrimoine est aujourd'hui redécouvert et très prisé. Réhabilitées et restaurées, ces mêmes habitations valent plusieurs millions de dollars en ce début de XXIe siècle. [... ] À la recherche d'espaces de plus grande proximité avec le lieu de travail, de prix plus raisonnables et en partie libérés de préjugés raciaux, Harlem est devenu une destination naturelle pour les cadres et yuppies. En effet, les banlieues ne leur ont pas offert la qualité de vie escomptée et, trop éloignées, trop calmes et trop isolées, elles sont délaissées pour les quartiers centraux.
Charlotte Recoquillon, « Les enjeux de la revitalisation urbaine, Harlem, du ghetto au quartier chic »,
revue Hérodote, 1er trimestre 2009.
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Le processus de gentrification de Harlem
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Un exemple de la multiplication des edge cities:
le centre de White Plains (Etat de New York)
Une ville vulnérable
Le risque terroriste: l'attaque du World Trade Center, le 11 septembre 2001
Une ville vulnérable
Le projet du « Big U », pour protéger le sud de Manhattan de la submersion
1. Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
La pauvreté dans l'une des villes les plus riches du monde...
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
En 2006, un New-Yorkais sur cinq était pauvre et 14 % des familles disposant d'un emploi avaient des revenus annuels inférieurs au seuil de pauvreté fédéral : 10 000 dollars pour une seule personne ; 21 000 dollars pour une famille avec deux enfants mineurs. [...] Les 20 % les plus riches gagnent l'équivalent de 50 fois les revenus des 20 % les plus pauvres, le plus grand écart enregistré depuis l'après-guerre.
Il va de soi que le dynamisme économique et les niveaux de rémunération soutiennent le marché immobilier. Devant une demande intense [...] et une offre faible, les loyers sont extravagants et atteignent 50 % des ressources d'un ménage sur quatre. Les constructions neuves - essentiellement de grand luxe - ne permettent pas d'héberger les plus de 35 000 SDF [...] Bien que la perception de la question raciale ait fortement changé aux États-Unis, les populations noires restent toujours isolées. [...] Alors que le dynamisme de New York réside dans son attractivité migratoire, la ségrégation sociale demeure le problème social majeur, qui se construit tous les jours dans les écoles moins performantes, dans un isolement social toujours aussi fort, avec un taux de chômage record chez les jeunes hommes noirs.
Renaud Le Goix, Atlas de New York, 2009
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Si Harlem commence aujourd'hui à être renommé pour sa renaissance, il est resté le ghetto américain le plus célèbre du monde pendant près d'un demi-siècle. La situation d'extrême ségrégation qui s'était perpétuée au cours du XXe siècle à Harlem, ajoutée au racisme et à la pauvreté, avaient conduit son capital architectural, pourtant magnifique, à se dégrader fortement. De splendides demeures bourgeoises transformées en taudis au milieu de terrains vacants formaient un paysage dévasté. La misère et la violence, ainsi que la drogue et le crime, y proliféraient, effrayant les Blancs de Manhattan qui jamais ne traversaient la frontière imaginaire de la 96e rue. Ce patrimoine est aujourd'hui redécouvert et très prisé. Réhabilitées et restaurées, ces mêmes habitations valent plusieurs millions de dollars en ce début de XXIe siècle. [... ] À la recherche d'espaces de plus grande proximité avec le lieu de travail, de prix plus raisonnables et en partie libérés de préjugés raciaux, Harlem est devenu une destination naturelle pour les cadres et yuppies. En effet, les banlieues ne leur ont pas offert la qualité de vie escomptée et, trop éloignées, trop calmes et trop isolées, elles sont délaissées pour les quartiers centraux.
Charlotte Recoquillon, « Les enjeux de la revitalisation urbaine, Harlem, du ghetto au quartier chic »,
revue Hérodote, 1er trimestre 2009.
Des différenciations socio-spatiales toujours plus marquées
Un exemple de la multiplication des edge cities:
le centre de White Plains (Etat de New York)
Une ville vulnérable
Le risque terroriste: l'attaque du World Trade Center, le 11 septembre 2001
Une ville vulnérable
Le projet du « Big U », pour protéger le sud de Manhattan de la submersion
Conclusion: Comment rester la première ville mondiale?
New York se situe toujours aux premiers rangs des plus grandes villes mondiales, mais elle est de plus en plus soumise à la concurrence et au dynamisme des villes asiatiques, en particulier Shanghai, comme le montre ce document
Comment rester la première ville mondiale?
Les faits sont têtus et demeurent dans l'ensemble défavorables à la mégalopole new-yorkaise. Rétrogradée au 7ème rang mondial des agglomérations dès 2025, comme l'ensemble des métropoles des pays développés face à la montée en puissance de l'Asie, New York semble perdre progressivement les éléments de sa domination. La ville subit la montée des concurrences : en termes de richesse produite ou de sièges d'entreprises multinationales, l'Europe emporte la mise. Ainsi, le couple Londres-Paris apparaît plus puissant que New York, et les régions de la mégalopole européenne n'ont rien à envier à la Mégalopolis. Pour les plus libéraux, la compétitivité de la ville souffrait de ses rigidités. Selon eux, la fiscalité locale défavorable à la croissance et un système social trop coûteux, notamment dans les logements sociaux à loyers bloqués, défavorisaient New York, d'une part, face aux métropoles galopantes du sud-ouest et de l'ouest du pays et, d'autre part, à ses nouvelles concurrentes internationales, plus compétitives du fait des prix immobiliers, de la congestion et du vieillissement des infrastructures de la vieille mégapole portuaire. [...]
Dans un système international instable, la force d'une métropole réside dans sa faculté à innover plus que dans sa capacité à s'adapter. Après tout, les récentes crises ne sont pas les premières à frapper New York, et la ville a surtout montré depuis sa fondation sa remarquable résilience
Renaud Le Goix, Atlas de New York, Éditions Autrement, 2009.