Leçon n°6 - Mumbai : modernité, inégalités (étude de cas)
(cliquez sur les titres des parties et des paragraphes pour faire apparaître le texte et les documents de la leçon)
Bénéficiant d’une situation avantageuse sur la mer d’Oman et d’un site exceptionnel pour la construction d’un port, Mumbai est conquise par les Portugais dès le XVIe siècle (le nom de Bombay, qui fut celui de la ville jusqu’en 1995, viendrait de « Bom Bahia », la « bonne baie » en portugais), avant de devenir à partir du XVIIe siècle le point de départ de la constitution de l’Empire britannique des Indes. Non seulement les Britanniques ont donné à la ville sa forme actuelle en réunissant ses sept îles originelles en une seule presqu’île (document 1), mais ils ont laissé dans son paysage de nombreuses traces, telles que la « Porte des Indes » célébrant la visite du roi George V en 1911 ou la gare centrale, Victoria Terminus, aujourd’hui rebaptisée Chhatrapati Shivaji Terminus (document 2).
Devenue l’une des principales villes de l’Union Indienne, Mumbai est aujourd’hui une métropole mondiale émergente, comme le montrent ses gratte-ciel emblématiques, les Imperial Towers (document 3), mais elle est aussi une ville qui concentre de très fortes inégalités économiques, sociales et spatiales, particulièrement visibles à Dharavi, l’un des plus grands bidonvilles du monde (document 4).
En quoi l’étude de cette ville permet-elle de comprendre le dynamisme économique de l’Asie du Sud et les problèmes de développement de cette région ?
Un héritage de l’Empire britannique des Indes
Un héritage de l’Empire britannique des Indes
Chhatrapati Shivaji Terminus, la gare centrale de Mumbai (Victoria Terminus jusqu’en 1996)
Une ville marquée par de profondes inégalités
Dharavi, l'un des plus grand bidonville d’Asie (700 000 habitants, environ)
Une ville marquée par de profondes inégalités
Dharavi, l'un des plus grand bidonville d’Asie (700 000 habitants, environ)
a) Elle est l’une des plus grandes villes du monde.Comme de nombreux États asiatiques, l’Inde est encore peu urbanisée (seulement 32% de la population indienne vit en ville, ce qui représente quand même 410 millions d’habitants), mais elle compte un très grand nombre (58 en 2015) de villes de plus d’un million d’habitants (document 1). Parmi celles-ci, Mumbai, avec 24,3 millions d’habitants (5ème rang mondial), n’est dépassée que par Delhi et ses 25 millions d’habitants (3ème rang mondial). Viennent ensuite Kolkata et Bangalore, avec plus de 10 millions d’habitants, puis Chennai, Hyderabad, Pune, Surat, Ahmadabad et Hyderabad avec plus de 5 millions d’habitants (document 2).
b) Mumbai est aussi la capitale économique de l’Inde. La ville a un poids incomparable dans l’économie indienne : alors que sa population ne représente que moins de 2% de la population du pays, son Produit Urbain Brut représente plus de 6% du PIB indien. À elle seule, Mumbai regroupe environ 10% des emplois industriels de l’Inde et assure un quart de sa production industrielle ; plus de 30% des impôts sur le revenu payés en Inde le sont à Mumbai, qui réalise aussi 40% du commerce extérieur et 60% des droits de douane du pays (document 3).
La ville a aussi des capacités de commandements sans équivalent dans le pays : les sièges sociaux de 11 des 15 premières entreprises indiennes (dont Reliance et Tata) sont installés à Mumbai (document 4) et, parmi les 500 premières entreprises indiennes, 174 ont leur siège social dans la ville, avec des filiales dans toutes les régions indiennes, aussi bien dans le secteur de l’énergie que dans la production industrielle où dans les services (document 5). Enfin, c’est à Mumbai que se trouve le siège de la Banque Centrale de l’Inde (la Reserve Bank of India) (document 6)
L’une des plus grandes villes du monde
Les plus grandes villes du monde, dont Mumbai, visibles de l'espace
La capitale économique de l’Inde
Rang | Entreprise | Secteur d'activité | Siège social |
---|---|---|---|
1 | Indian Oil | Énergie | Delhi |
2 | Reliance Industries | Énergie | Mumbai |
3 | Tata Motors | Automobile | Mumbai |
4 | State Bank of India | Banque | Mumbai |
5 | Bharat Petroleum | Énergie | Mumbai |
6 | Hindustan Petroleum | Énergie | Mumbai |
7 | Rajesh Exports | Diamants | Bangalore |
8 | Oil & Natural Gas Corp. | Énergie | Derhadun |
9 | Tata Steel | Sidérurgie | Mumbai |
10 | Tata Consultancy Services | Informatique | Mumbai |
11 | Bharti Airtel | Télécommunications | Mumbai |
12 | Larsen & Toubro | Biens d’équipement | Mumbai |
13 | ICICI Bank | Banque | Mumbai |
14 | Hindalco Industries | Métallurgie | Mumbai |
15 | Coal India | Énergie | Kolkata |
Les 15 premières entreprises indiennes et leurs sièges sociaux en 2016
La capitale économique de l’Inde
La répartition des sièges sociaux des 500 premières entreprises indiennes en 2016
La capitale économique de l’Inde
Une influence sur l'ensemble de l'économie indienne
La capitale économique de l’Inde
Le siège de la Banque centrale de l'Inde, installé à Mumbai
d) Mumbai est enfin le principal point d’ancrage de l’Inde dans la mondialisation. Elle est d’abord un hub aéroportuaire majeur : l’aéroport international Chhatrapati Shivaji (le 29ème du monde) voit passer chaque année plus de 47 millions de passagers et assure 40% des vols internationaux vers ou à destination de l’Inde, principalement à partir d’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie Orientale (document 4). Mumbai est aussi un hub portuaire important : son port, le premier de l’Inde, se place au 28ème rang mondial pour le trafic des EVP (document 5). La ville dispose également de deux marchés boursiers d’importance mondiale : 98% des transactions boursières de l’Inde sont réalisées dans le National Stock Exchange of India (10ème rang mondial) et le Bombay Stock Exchange (11ème rang mondial) (document 6). Enfin, la zone franche de Santa Cruz, installée à proximité de l’aéroport et spécialisée dans l’électronique et la joaillerie, attire de nombreux investissements étrangers. C’est d’ailleurs à Mumbai que se trouve le plus grand marché de diamants du monde (document 7).
Parce qu’elle devenue la vitrine de l'Inde dans la mondialisation, Mumbai accueille les sièges sociaux de la plus grande partie des FTN étrangères installées en Inde. De ce fait, Nariman Point, son premier Central Business District installé à l’extrémité sud de la ville, est désormais concurrencé par les nouveaux quartiers d’affaires qui se développent aussi bien au nord de ville (Bandra Kurla ou Oshiwara) qu’à l’Est (Belapur) (document 8)
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Les studios de Film City, au Nord de Mumbai
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Une production au rayonnement international
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
L’université de Mumbai, l’une des plus grandes universités du monde (plus de 500 000 étudiants)
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Le Tata Institute of Fundamental Research, un pôle majeur de la production scientifique de l'Inde
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Le Bhabha Atomic Research Center, le centre de la recherche nucléaire indienne
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
L’aéroport international Chhatrapati-Shivaji: 47 millions de passagers en 2015 (29ème rang mondial)
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
Un hub mondial: les destinations internationales desservies à partir de l’aéroport de Mumbai
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
Le port de Mumbai, le premier de l’Inde, au 28ème rang mondial pour les EVP
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
Santacruz Electronics Export Processing Zone, la principale zone franche de Mumbai
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
Bharat Diamond Bourse, le plus grand marché de diamants du monde
L’une des plus grandes villes du monde
Les quartiers d'affaires et de commerce de Mumbai
a) L’une des plus grandes villes du monde
L’une des plus grandes villes du monde
Les plus grandes villes du monde, dont Mumbai, visibles de l'espace
b) La capitale économique de l’Inde
La capitale économique de l’Inde
Rang | Entreprise | Secteur d'activité | Siège social |
---|---|---|---|
1 | Indian Oil | Énergie | Delhi |
2 | Reliance Industries | Énergie | Mumbai |
3 | Tata Motors | Automobile | Mumbai |
4 | State Bank of India | Banque | Mumbai |
5 | Bharat Petroleum | Énergie | Mumbai |
6 | Hindustan Petroleum | Énergie | Mumbai |
7 | Rajesh Exports | Diamants | Bangalore |
8 | Oil & Natural Gas Corp. | Énergie | Derhadun |
9 | Tata Steel | Sidérurgie | Mumbai |
10 | Tata Consultancy Services | Informatique | Mumbai |
11 | Bharti Airtel | Télécommunications | Mumbai |
12 | Larsen & Toubro | Biens d’équipement | Mumbai |
13 | ICICI Bank | Banque | Mumbai |
14 | Hindalco Industries | Métallurgie | Mumbai |
15 | Coal India | Énergie | Kolkata |
Les 15 premières entreprises indiennes et leurs sièges sociaux en 2016
c) La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Les studios de Film City, au Nord de Mumbai
La capitale culturelle et scientifique de l’Inde
Le Bhabha Atomic Research Center, le centre de la recherche nucléaire indienne
d) Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
Une ville connectée aux réseaux mondiaux de communication
L’aéroport international Chhatrapati-Shivaji: 47 millions de passagers en 2015 (29ème rang mondial)
L’une des plus grandes villes du monde
Les quartiers d'affaires et de commerce de Mumbai
2. Une ville confrontée à d’immenses défis
a) La croissance de la ville engendre un très important étalement urbain. La population de Mumbai, qui n’était que de 3 millions d’habitants en 1950, a dépassé les 10 millions dans les années 1980 et est aujourd’hui proche de 25 millions (document 1). Or, la ville elle-même (Mumbai City) et sa couronne péri-urbaine (Mumbai Suburban District) se sont développées sur un espace exigu, où la densité moyenne dépasse déjà les 22 000 hab/km2. C’est la raison pour laquelle, depuis les années 1980, l’essentiel de la croissance de la ville se reporte sur l’aire métropolitaine (Mumbai Metropolitan Region) qui s’étend sur 17 400 km2 et qui regroupe aujourd’hui plus de la moitié des habitants de l’agglomération (document 2). Intercalées entre des zones industrielles et des zones encore rurales, les nouvelles zones habitées de cette partie de la ville se développent le long des axes de communication qui les relient au centre, souvent distant de plus de 50 kilomètres (document 3).
b) La croissance de la ville engendre aussi de profondes inégalités socio-spatiales. En raison de son dynamisme économique, Mumbai a un PIB par habitant trois fois plus élevé que celui du reste de l’Inde. Mais ce chiffre n’est qu’une moyenne, recouvrant des écarts considérables entre les différentes parties de la ville (document 4). Le Sud et l’Ouest regroupent effet les quartiers les plus riches où se concentrent les classes moyennes et supérieures. On y trouve quelques-unes des plus grandes fortunes indiennes, surtout présentes dans le quartier de Tardeo, où la famille Ambani (propriétaire du groupe Reliance) a fait construire Antilia, une maison de 27 étages estimée à un milliard de dollars et réputée être la maison la plus chère du monde (document 5). La pression immobilière dans ces parties du centre est telle que de nombreux habitants préfèrent se loger dans la lointaine banlieue. Mumbai est en effet l'une des métropoles où le prix du m2 est le plus élevé au monde.
Dans le même temps, plus de la moitié de la population de la ville habite dans des bidonvilles (document 6). Les plus connus sont les slums du centre, de véritables quartiers où s’entassent une population considérable (plus de 700 000 habitants sur 200 hectares pour le seul slum de Dharavi), mais il en existe dans toute l’agglomération, partout où les pauvres trouvent de la place pour s’installer : le long des routes, des voies ferrées et des pistes de l’aéroport, au pied des résidences de luxe ou dans le Parc national Sanjay Gandhi aménagé au nord de la ville (document 7). Les plus pauvres des habitants de Mumbai, qui n’ont même pas de quoi aménager une cabane, sont les pavement dwellers, les occupants des trottoirs (document 8). La plupart des habitants de toutes les zones d’habitat précaire tirent leurs moyens de subsistance de l’économie informelle, largement contrôlée par les mafias : à lui seul, Dharavi a un chiffre d’affaires annuel estimé à plus de 600 millions de dollars (document 9)
Un important étalement urbain,
conséquence d'une croissance très rapide
Année | Nombre d'habitants (en millions) | |
---|---|---|
Ville-centre | Agglomération | |
1901 | 0.820 | |
1911 | 1.0 | |
1921 | 1.250 | |
1931 | 1.300 | |
1941 | 1.700 | |
1951 | 2.700 | 3.0 |
1961 | 4.200 | 4.400 |
1971 | 5.900 | 6.500 |
1981 | 8.200 | 9.700 |
1991 | 9.900 | 12.800 |
2001 | 11.900 | 16.700 |
2011 | 13.800 | 23.500 |
La croissance de la population de Mumbai
(le prochain recensement officiel aura lieu en 2021)
Un important étalement urbain, conséquence d'une croissance très rapide
L’évolution de la population de la ville et de l’aire métropolitaine de Mumbai
Un important étalement urbain,
conséquence d'une croissance très rapide
La répartition de la population
dans l’aire métropolitaine de Mumbai
De profondes inégalités socio-spatiales
L'indice de développement humain des différents quartiers de Mumbai
De profondes inégalités socio-spatiales
La « maison la plus chère du monde » (173 mètres de haut), propriété de la famille Ambani
De profondes inégalités socio-spatiales
Un des symboles de la richesse de la ville, le projet « Bandra Ohm »
De profondes inégalités socio-spatiales
Deux représentations de l'omniprésence des bidonvilles (slums) à Mumbai
De profondes inégalités socio-spatiales
Une coexistence permanente des populations riches et pauvres
De profondes inégalités socio-spatiales
Un des nombreux chawls de Mumbai, des immeubles transformés en habitats informels
De profondes inégalités socio-spatiales
L'extrême de la pauvreté à Mumbai: les pavement dwellers, les « occupants des trottoirs »
De profondes inégalités socio-spatiales
L'activité informelle la plus connue de Mumbai: un dabbawallah en plein travail
d) Comment aménager Mumbai ? Pour faire face à ces multiples défis, les autorités de la Municipalité et de l’Aire métropolitaine ont multiplié les initiatives. Des villes nouvelles, comme Navi Mumbai, ont été construites dans la périphérie de l’agglomération afin de répondre à la pénurie de logements, mais celles-ci concernent surtout les revenus les plus élevés (document 3). Depuis les années 1990, une politique de réhabilitation des bidonvilles (Slum Rehabilitation Scheme) a été mise en place en partenariat avec des entrepreneurs privés qui financent la construction de nouvelles habitations pour les plus pauvres en échange de « droits à bâtir » dans les quartiers les plus aisés. Or cette politique n’a eu que des résultats mitigés : elle n'a permis de reloger qu’une petite partie de la population la plus pauvre, dans des immeubles souvent éloignés du centre et de si mauvaise qualité qu’on parle de « vertical slums » (document 4). Enfin, de nouvelles infrastructures de transport (plusieurs lignes de métro, un monorail, des autoroutes urbaines et un pont maritime, le Bandra-Worli Sealink, reliant deux des nouveaux quartiers d’affaires de la ville) ont été mises en place pour résoudre les problèmes de circulation, mais elles ont surtout contribué à l’augmentation du trafic (document 5)
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Une scène ordinaire sur le réseau ferroviaire entre la banlieue et le centre
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Des embouteillages quotidiens sur tous les axes routiers
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Une distribution d’eau dans un quartier privé d'eau courante
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Mumbai, l'envers de la modernité
Moins de 20 % des habitations de Mumbai ont accès à l'eau courante. Pour le reste, elle n'est disponible qu'à certains moments de la journée: deux heures le matin et en fin d'après-midi. Pour acheminer l'eau dans les bidonvilles, Mumbai utilise des camions-citernes qui délivrent des bidons de 35 litres pour un tarif moyen de cinq roupies. 20% du revenu d'une famille moyenne passe ainsi dans sa consommation d'eau, 50 % pour les familles les plus pauvres.
Une occasion pour les mafias, omniprésentes à Mumbai, de pratiquer un trafic en la revendant jusqu'à trente fois plus cher dans les endroits que les camions-citernes ne peuvent atteindre. Car aller chercher la ration d'eau quotidienne prend du temps. L'Institut Tata des sciences sociales de Mumbai estime que 69% des enfants en âge d'être scolarisés rateraient l'école pour cette raison.
Si l'enjeu autour de l'eau est crucial, celui autour de l'air est tout aussi préoccupant. L'Organisation mondiale de la santé classe Mumbai parmi les villes les plus polluées au monde. La pollution atteint son paroxysme en hiver: pour se chauffer, les habitants des taudis brûlent des déchets ménagers, dont du plastique. Submergé par ses détritus, Mumbai génère 11 000 tonnes de déchets par jour. Les déchetteries étant saturées, les ordures sont dispersées dans les bidonvilles et récupérées par les habitants qui les recyclent et les revendent par la suite à des grossistes.
V. Jolly, « Bombay, Metropolis infernale », Le Figaro magazine 17 janvier 2014
Comment aménager Mumbai?
Des villes nouvelles pour contrôler l'étalement urbain: l'exemple de Navi Mumbai
Comment aménager Mumbai?
Que faire des slums ?
Dans les années 1950, la politique principale à l'égard des bidonvilles consistait à les détruire systématiquement. C'est à partir des années 1970 que la ville a engagé une politique d'inclusion des bidonvilles dans le territoire urbain.
En 1991, la Municipalité de Mumbai a créé les bases de la politique actuelle fondée sur un financement privé en échange de « droits de développement supplémentaires » (DDS). Les constructeurs privés qui réhabilitaient des bidonvilles étaient compensés par des droits à bâtir qui devaient être utilisés in situ. Les ventes de ces surfaces additionnelles sur le marché immobilier étaient censées financer la totalité du projet de réhabilitation.
Le Slum Rehabilitation Scheme est, depuis 1995, la principale politique de la Municipalité de Mumbai. Une agence indépendante a été créée, la Slum Réhabilitation Authority. Les habitants sont relogés temporairement en camps de transit. Le bidonville est démoli et de nouveaux bâtiments sont construits sur le même terrain. Chaque famille reçoit gratuitement un nouvel appartement de 21 mètres carrés, un titre de propriété et des connexions individuelles aux services publics de l'eau et de l'électricité. En contrepartie, la Municipalité donne aux constructeurs des droits à bâtir supplémentaires, variables selon la localisation du projet.
P.-N. Giraud, P. Restrepo, « La politique de réhabilitation
des bidonvilles à Mumbai », Cerna, janvier 2011.
Comment aménager Mumbai?
Un exemple de vertical slums construit pour reloger les habitants des bidonvilles
Comment aménager Mumbai?
Les différents aspects de l'aménagement de Mumbai
a) Un important étalement urbain, conséquence d'une croissance très rapide
Un important étalement urbain,
conséquence d'une croissance très rapide
Année | Nombre d'habitants (en millions) | |
---|---|---|
Ville-centre | Agglomération | |
1901 | 0.820 | |
1911 | 1.0 | |
1921 | 1.250 | |
1931 | 1.300 | |
1941 | 1.700 | |
1951 | 2.700 | 3.0 |
1961 | 4.200 | 4.400 |
1971 | 5.900 | 6.500 |
1981 | 8.200 | 9.700 |
1991 | 9.900 | 12.800 |
2001 | 11.900 | 16.700 |
2011 | 13.800 | 23.500 |
La croissance de la population de Mumbai
(le prochain recensement officiel aura lieu en 2021)
Un important étalement urbain,
conséquence d'une croissance très rapide
La répartition de la population
dans l’aire métropolitaine de Mumbai
b) De profondes inégalités socio-spatiales
De profondes inégalités socio-spatiales
L'indice de développement humain des différents quartiers de Mumbai
De profondes inégalités socio-spatiales
L'activité informelle la plus connue de Mumbai: un dabbawallah en plein travail
c) Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Une scène ordinaire sur le réseau ferroviaire entre la banlieue et le centre
Une agglomération sans cesse au bord de l’asphyxie
Mumbai, l'envers de la modernité
Moins de 20 % des habitations de Mumbai ont accès à l'eau courante. Pour le reste, elle n'est disponible qu'à certains moments de la journée: deux heures le matin et en fin d'après-midi. Pour acheminer l'eau dans les bidonvilles, Mumbai utilise des camions-citernes qui délivrent des bidons de 35 litres pour un tarif moyen de cinq roupies. 20% du revenu d'une famille moyenne passe ainsi dans sa consommation d'eau, 50 % pour les familles les plus pauvres.
Une occasion pour les mafias, omniprésentes à Mumbai, de pratiquer un trafic en la revendant jusqu'à trente fois plus cher dans les endroits que les camions-citernes ne peuvent atteindre. Car aller chercher la ration d'eau quotidienne prend du temps. L'Institut Tata des sciences sociales de Mumbai estime que 69% des enfants en âge d'être scolarisés rateraient l'école pour cette raison.
Si l'enjeu autour de l'eau est crucial, celui autour de l'air est tout aussi préoccupant. L'Organisation mondiale de la santé classe Mumbai parmi les villes les plus polluées au monde. La pollution atteint son paroxysme en hiver: pour se chauffer, les habitants des taudis brûlent des déchets ménagers, dont du plastique. Submergé par ses détritus, Mumbai génère 11 000 tonnes de déchets par jour. Les déchetteries étant saturées, les ordures sont dispersées dans les bidonvilles et récupérées par les habitants qui les recyclent et les revendent par la suite à des grossistes.
V. Jolly, « Bombay, Metropolis infernale », Le Figaro magazine 17 janvier 2014
Comment aménager Mumbai?
Des villes nouvelles pour contrôler l'étalement urbain: l'exemple de Navi Mumbai
Comment aménager Mumbai?
Que faire des slums ?
Dans les années 1950, la politique principale à l'égard des bidonvilles consistait à les détruire systématiquement. C'est à partir des années 1970 que la ville a engagé une politique d'inclusion des bidonvilles dans le territoire urbain.
En 1991, la Municipalité de Mumbai a créé les bases de la politique actuelle fondée sur un financement privé en échange de « droits de développement supplémentaires » (DDS). Les constructeurs privés qui réhabilitaient des bidonvilles étaient compensés par des droits à bâtir qui devaient être utilisés in situ. Les ventes de ces surfaces additionnelles sur le marché immobilier étaient censées financer la totalité du projet de réhabilitation.
Le Slum Rehabilitation Scheme est, depuis 1995, la principale politique de la Municipalité de Mumbai. Une agence indépendante a été créée, la Slum Réhabilitation Authority. Les habitants sont relogés temporairement en camps de transit. Le bidonville est démoli et de nouveaux bâtiments sont construits sur le même terrain. Chaque famille reçoit gratuitement un nouvel appartement de 21 mètres carrés, un titre de propriété et des connexions individuelles aux services publics de l'eau et de l'électricité. En contrepartie, la Municipalité donne aux constructeurs des droits à bâtir supplémentaires, variables selon la localisation du projet.
P.-N. Giraud, P. Restrepo, « La politique de réhabilitation
des bidonvilles à Mumbai », Cerna, janvier 2011.
Jamais autant qu’aujourd’hui, Mumbai n’a mérité ses surnoms de « monstruopole » et de « Maximum City ». C'est tout ce que montre cette publicité de promotion la ville...
Croquis n°5 : Mumbai : inégalités et dynamiques territoriales