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Leçon n°7 - Les États-Unis et le monde
depuis les « 14 points » du Président Wilson (1918)
(cliquez sur les titres des parties et des paragraphes pour faire apparaître le texte et les documents de la leçon)
Selon Raymond Aron, la puissance se définit comme la capacité pour un État de « faire » (sa propre politique), de « ne pas faire » (une politique que d’autres voudraient lui imposer) et de « faire faire » (aux autres États ce qu’ils ne souhaitent pas forcément). Pour devenir la première puissance mondiale, les États-Unis se sont dotés d’une exceptionnelle capacité d’imposer leur politique (le « Hard Power ») (document 1), tout en développant une extraordinaire capacité d’influence et de séduction (le « Soft Power ») (document 2).
Comment la puissance américaine s’est-elle construite et imposée au monde au cours du XXe siècle ?
Une capacité exceptionnelle d'imposer sa politique aux autres pays: le "Hard Power"
Une publicité de l'entreprise d'armement Northrop-Grumman
Une capacité tout aussi exceptionnelle d'influencer la politique des autres pays: le "Soft Power"
Marylin Monroe, un mythe mondialement diffusé
I. La puissance américaine, d’une guerre mondiale à l’autre (1918-1945)
1. La Grande Guerre: le début de l’affirmation de la puissance américaine
a) Les États-Unis entrent dans la première guerre mondiale pour défendre leurs intérêts menacés. En réponse aux nombreuses attaques de navires américains par les sous-marins allemands (le torpillage du Lusitania en 1915, par exemple), le président démocrate Wilson fait entrer les Etats-Unis en guerre aux côtés des Alliés en avril 1917 (document 1). C’est une rupture majeure avec le traditionnel isolationnisme américain : depuis leur indépendance et conformément à la doctrine Monroe (1823), les États-Unis se sont toujours tenus à l’écart des affaires européennes (document 2).
b) Pour Wilson, cette intervention est un moyen d’établir une paix universelle et durable. En janvier 1918, le président américain présente le projet d’un règlement du conflit en « 14 points », parmi lesquels figurent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’interdiction de la diplomatie secrète, la liberté du commerce et la création d’un organisme de sécurité collective, la Société des Nations (document 3). Avec ce projet, les États-Unis affirment leur volonté de prendre durablement part à l’organisation du monde de l’après-guerre (document 4).
c) Mais l’idéalisme wilsonien se heurte à la vigueur de l’isolationnisme américain. Si une partie des idées de Wilson est acceptée par les Européens lors des négociations du traité de Versailles (la SDN est ainsi créée à la suite de la signature de ce dernier) (document 5), l’opinion américaine se montre beaucoup plus réticente sur un engagement de leur pays en temps de paix en dehors de ses frontières : en 1920, le Sénat américain rejette la ratification du traité de Versailles et l’entrée des États-Unis dans la Société des Nations. Par crainte d’une limitation de leur souveraineté, les Américains reviennent à l’isolationnisme (document 6).
L’entrée en guerre des États-Unis
La principale raison invoquée par les Etats-Unis pour entrer dans le conflit:
la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands
L’entrée en guerre des États-Unis
En avril 1917, les Etats-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne ...... et commencent un recrutement massif: à partir du printemps 1918,
200 000 soldats américains débarquent chaque mois en Europe.
Affiche de James Montgomery Flagg, 1917
L’idéalisme wilsonien: apporter la paix au monde
Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu où tous puissent vivre en sécurité, […]un lieu sûr pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]
C’est donc un programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant: 1. Des conventions de paix préparées et conclues au grand jour. […]
2. Liberté absolue de navigation sur les mers, en dehors de eaux territoriales. […]
3. Suppression dans la mesure du possible de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales entre toutes les nations. […]
4. Échanges de garanties convenables que les armements de chaque pays seront réduits au seuil minimum compatible avec sa sécurité intérieure.
5. Arrangement librement débattu, dans un esprit large et tout à fait impartial, de toutes les revendications coloniales et fondé sur l’observation stricte du principe selon lequel, dans le règlement de toutes les questions de souveraineté, les intérêts des populations intéressées pèseront d’un même poids que les revendications équitables dont il faut déterminer le titre.
8. Le territoire français tout entier devra être libéré. […]
9. Le rétablissement de la frontière italienne devra être effectué conformément aux données clairement reconnaissables du principe des nationalités.
10. Aux peuples de l’Autriche-Hongrie dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, on devra accorder largement et au plus tôt la possibilité d’un développement autonome.
13. Un État polonais indépendant devra être établi ; il devra comprendre les territoires habités par les populations indiscutablement polonaises auxquelles on devra assurer le libre accès à la mer.
14. Il faudra constituer une association générale des nations en vertu de conventions formelles visant à offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégralité territoriale aux grands comme aux petits États.
Message au Congrès des Etats-Unis, 8 janvier 1918
L’idéalisme wilsonien: apporter la paix au monde
en voulant apporter partout le Progrès, le Liberté et la Paix
John Gast, American Progress, 1872
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
Lloyd George, Orlando, Clemenceau et Wilson
à la Conférence de la Paix à Paris en 1919.
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
En mars 1920, le Sénat américain rejette le traité de Versailles et l’entrée des États-Unis.
Je désire que nos représentants décident, après mûre réflexion, s'ils sont disposés à voir la jeunesse des États-Unis envoyée au combat par d’autres nations. [...] Ce que je désire par dessus tout, ce que j'ai le plus à cœur est de voir nos soldats dans leurs foyers. La création de la Société des Nations ne les y amènera pas. [...]
Nous avons dans ce pays un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, le gouvernement le plus libre et le meilleur du monde, et nous sommes aujourd'hui le grand rempart contre l'anarchie et les désordres qui se sont emparés de la Russie et essayent d'envahir toutes les nations possibles du monde. Au gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple [...] on nous demande de substituer aux États-Unis, sur beaucoup de points importants, un gouvernement de, pour et par d’autres peuples. Réfléchissez bien avant de prendre cette décision capitale. [...] Je veux du bien à toutes les races humaines. J'espère, et je le souhaite ardemment, que la paix, une paix non troublée, régnera partout sur la terre. Mais l'Amérique et le peuple américain ont la première place dans mon cœur, aujourd'hui et toujours.
Henry Cabot Lodge, sénateur républicain,
discours devant le Sénat des États-Unis, 28 février 1920
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
"Ce pont de la Société des Nations a été conçu par le Président des Etats-Unis"
Caricature britannique de 1919
a) L’entrée en guerre des États-Unis
L’entrée en guerre des États-Unis
La principale raison invoquée par les Etats-Unis pour entrer dans le conflit:
la guerre sous-marine à outrance menée par les Allemands
b) L’idéalisme wilsonien: apporter la paix au monde
L’idéalisme wilsonien: apporter la paix au monde
Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu où tous puissent vivre en sécurité, […]un lieu sûr pour toute nation qui désire vivre sa propre vie en toute liberté, décider de ses propres institutions, et être assurée que les autres nations la traitent en toute justice et loyauté, au lieu de se voir exposée aux agressions égoïstes de jadis. […]
C’est donc un programme de paix dans le monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul que nous croyons possible, est le suivant: 1. Des conventions de paix préparées et conclues au grand jour. […]
2. Liberté absolue de navigation sur les mers, en dehors de eaux territoriales. […]
3. Suppression dans la mesure du possible de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales entre toutes les nations. […]
4. Échanges de garanties convenables que les armements de chaque pays seront réduits au seuil minimum compatible avec sa sécurité intérieure.
5. Arrangement librement débattu, dans un esprit large et tout à fait impartial, de toutes les revendications coloniales et fondé sur l’observation stricte du principe selon lequel, dans le règlement de toutes les questions de souveraineté, les intérêts des populations intéressées pèseront d’un même poids que les revendications équitables dont il faut déterminer le titre.
8. Le territoire français tout entier devra être libéré. […]
9. Le rétablissement de la frontière italienne devra être effectué conformément aux données clairement reconnaissables du principe des nationalités.
10. Aux peuples de l’Autriche-Hongrie dont nous désirons voir sauvegarder et assurer la place parmi les nations, on devra accorder largement et au plus tôt la possibilité d’un développement autonome.
13. Un État polonais indépendant devra être établi ; il devra comprendre les territoires habités par les populations indiscutablement polonaises auxquelles on devra assurer le libre accès à la mer.
14. Il faudra constituer une association générale des nations en vertu de conventions formelles visant à offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégralité territoriale aux grands comme aux petits États.
Message au Congrès des Etats-Unis, 8 janvier 1918
L’idéalisme wilsonien: apporter la paix au monde
en voulant apporter partout le Progrès, le Liberté et la Paix
John Gast, American Progress, 1872
c) L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
Lloyd George, Orlando, Clemenceau et Wilson
à la Conférence de la Paix à Paris en 1919.
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
En mars 1920, le Sénat américain rejette le traité de Versailles et l’entrée des États-Unis.
Je désire que nos représentants décident, après mûre réflexion, s'ils sont disposés à voir la jeunesse des États-Unis envoyée au combat par d’autres nations. [...] Ce que je désire par dessus tout, ce que j'ai le plus à cœur est de voir nos soldats dans leurs foyers. La création de la Société des Nations ne les y amènera pas. [...]
Nous avons dans ce pays un gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple, le gouvernement le plus libre et le meilleur du monde, et nous sommes aujourd'hui le grand rempart contre l'anarchie et les désordres qui se sont emparés de la Russie et essayent d'envahir toutes les nations possibles du monde. Au gouvernement du peuple, pour le peuple, par le peuple [...] on nous demande de substituer aux États-Unis, sur beaucoup de points importants, un gouvernement de, pour et par d’autres peuples. Réfléchissez bien avant de prendre cette décision capitale. [...] Je veux du bien à toutes les races humaines. J'espère, et je le souhaite ardemment, que la paix, une paix non troublée, régnera partout sur la terre. Mais l'Amérique et le peuple américain ont la première place dans mon cœur, aujourd'hui et toujours.
Henry Cabot Lodge, sénateur républicain,
discours devant le Sénat des États-Unis, 28 février 1920
L’échec de Wilson et le retour à l'isolationnisme
"Ce pont de la Société des Nations a été conçu par le Président des Etats-Unis"
Caricature britannique de 1919
2. Le temps de l’isolationnisme (1921-1941)
a) Dans l’entre-deux-guerres, les États-Unis se tiennent à l’écart du monde. Les présidents républicains – Harding, Coolidge et Hoover – qui se succèdent jusqu’en 1933 adoptent une politique de méfiance vis-à-vis de l’étranger, symbolisée par le slogan « America first ! » (« L’Amérique d’abord ») (document 1) : des mesures protectionnistes sont prises pour protéger les produits américains contre les produits importés et des quotas sont établis pour limiter l’immigration (document 2). Dans le même temps, les valeurs américaines traditionnelles sont mises en avant : les années 1920 sont l’âge d’or du Ku Klux Klan et de la Prohibition (document 3).
b) Mais ce repli est relatif, à cause des nombreux intérêts américains à l’extérieur du pays. Les États-Unis, qui possèdent 45% du stock d’or mondial, sont devenus les créanciers de l’Europe pendant la guerre. Leur puissance financière leur permet de mener une « diplomatie du dollar » qui oblige les Français et les Anglais à régler leurs dettes de guerre, tout en réduisant les réparations imposées à l’Allemagne (document 4). Pour préserver les intérêts commerciaux américains, une conférence internationale sur le commerce maritime est organisée à Washington en 1922 et, en 1928, le secrétaire d’État américain Kellogg élabore avec le ministre français Briand un pacte qui met théoriquement la guerre « hors-la-loi » (document 5). Enfin, les années 1920 marquent le début de l’exportation massive de la culture américaine en Europe, notamment des films d’Hollywood (document 6).
c) L’isolationnisme est encore renforcé par les crises des années 1930. Pour lutter contre la crise économique qui débute avec le krach de Wall Street le 24 octobre 1929, les États-Unis adoptent une politique protectionniste, marquée par un rapatriement massif des investissements placés à l’étranger et par un ralentissement brutal des importations américaines (document 7). Élu en 1932, le président démocrate Roosevelt ne change rien à cette politique, puisque le « New Deal » (la « nouvelle donne ») ne prévoit que des réponses strictement américaines à la crise (document 8). Face à la montée des totalitarismes, Roosevelt mène une politique aussi isolationniste que celle de ces prédécesseurs : trois lois de neutralité votées entre 1935 et 1937 interdisent au gouvernement américain de vendre des armes ou même de prêter de l’argent aux pays en guerre (document 9).
d) Les États-Unis entrent progressivement dans une nouvelle guerre à partir de 1939. Même si l’opinion américaine reste majoritairement isolationniste (document 10), Roosevelt est conscient que les États-Unis ne pourront pas rester longtemps à l’écart du conflit. Après avoir fait voter des lois permettant, à certaines conditions, des ventes d’armes à la France et au Royaume-Uni, il prépare les Américains à une entrée en guerre qu’il juge inévitable: le 6 janvier 1941, il prononce le discours des « quatre libertés », qui oppose le modèle américain et les systèmes totalitaires et le 12 août 1941, il signe, avec le premier ministre britannique Churchill, la « Charte de l’Atlantique », qui place les Etats-Unis dans le camp des défenseurs de la liberté des peuples (document 11). L’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, ne fait que précipiter l’entrée en guerre des Américains contre les forces de l’Axe (document 12).
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
"Je prèfère briser le cœur du monde que briser le cœur du peuple des Etats-Unis"
Carte postale à la gloire du président républicain Harding, élu en 1920
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
Les conséquences de la politique des quotas mise en place
dans les années 1920 pour freiner l'immigration
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
L'exaltation des valeurs traditionnelles de l'Amérique dans les années 1920:
La parade du Ku Klux Klan à Washington en 1926
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
L'exaltation des valeurs traditionnelles de l'Amérique dans les années 1920:
Une destruction d'un stock d'alcool à New York au temps de la Prohibition
Un repli à relativiser
La situation en Europe est pour nous un sujet de très graves préoccupations. L’administration l’a considérée depuis longtemps avec le plus grand soin. Il est futile de dire que nous ne sommes pas intéressés par ces problèmes car nous y avons un profond intérêt du point de vue économique, parce que nos crédits et nos marchés sont en jeu, et du point de vue humanitaire, car le cœur des Américains s’ouvre toujours à ceux qui sont dans la détresse. Nous ne pouvons nous débarrasser de ces problèmes en les appelant européens, car ce sont les problèmes mondiaux, et nous ne pouvons échapper aux conséquences néfastes qui résulteraient d’un échec à les régler.[...]
Nous n’avons nul désir que l’Allemagne ne soit plus tenue pour responsable de la guerre, ni déchargée de la juste obligation de réparer les dommages causés par son agression. Pas le moindre désir que la France perde rien de ses justes réclamations. Mais d’un autre côté, nous ne voulons pas voir l’Allemagne dans le marasme. Il n’y aura pas de paix permanente sans satisfaction sur le plan économique. Pour qu’il y ait prospérité, il faut de l’espoir, et dans l’industrie, promesse d’un profit. Nous envisagerions avec défaveur toute mesure qui, au lieu de permettre le paiement des réparations, menacerait d’un désastre.
Discours de Charles E. Hugues, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, 29 décembre 1922
Un repli à relativiser
La signature du pacte Briand-Kellogg, le 27 août 1928 à Paris
Un repli maintenu face aux crises des années 1930
Un repli maintenu face aux crises des années 1930
Les lois de neutralité:
- La loi de 1935 interdit de vendre des armes à des pays en guerre.
- La loi de 1936 interdit de consentir des prêts à des pays en guerre.
- La loi de 1937 interdit la vente de produits non militaires à des pays en guerre,
sauf s'ils paient immédiatement et s’ils assurent eux-mêmes le transport (« cash and carry »)
"Toute notre aide à nos alliés", caricature de 1941
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
Dans les jours futurs, que nous cherchons à rendre sûrs, nous entrevoyons un monde fondé sur quatre libertés essentielles. [...] La première est la liberté de parole et d’expression [...]; La deuxième est la liberté d’adorer Dieu chacun à sa manière [...]; la troisième est la libération du besoin [...]; la quatrième est la libération de la peur, ce qui, sur le plan mondial, signifie une réduction des armements si poussée et si vaste, à l’échelle planétaire, qu’aucune nation ne s trouve en mesure de commettre un acte physique contre un voisin. [...] Il ne s’agit pas là de vues concernant un millénaire éloigné. C’est la base précise du genre de monde à la portée de notre temps et de notre génération. Ce monde est l’antithèse même du prétendu nouvel ordre tyrannique que les dictateurs cherchent à instaurer en faisant exploser une bombe. A cet ordre nouveau, nous opposons une conception plus haute, celle d’un ordre moral. [...] L’ordre mondial que nous recherchons est la coopération de pays libres, travaillant ensemble dans une société amicale et civilisée.
Franklin D. Roosevelt, Discours sur l’état de l’Union, 6 janvier 1941
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
Le Président des États-Unis et M. Churchill, Premier Ministre [...] croient devoir faire connaître certains principes communs de la politique nationale de leurs pays respectifs sur lesquels ils fondent leurs espoirs d'un avenir meilleur pour le Monde.
Premièrement, leurs pays ne recherchent aucune expansion territoriale ou autre.
Deuxièmement, ils ne désirent voir aucune modification territoriale qui ne soit conforme aux désirs librement exprimés des populations intéressées.
Troisièmement, ils respectent le droit qu'ont tous les peuples de choisir la forme de Gouvernement sous laquelle ils entendent vivre ; et ils désirent voir restituer, à ceux qui en ont été privés par la force, leurs droits souverains. [...]
Sixièmement, une fois définitivement détruite la tyrannie nazie, ils espèrent voir s'établir une paix qui offrira à toutes les nations les moyens de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières et qui assurera à tous les êtres humains de tous les pays la possibilité de vivre durant toute leur existence à l'abri de la crainte et du besoin. [...]
Huitièmement, ils sont convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes que spirituels, devront finir par renoncer à l'usage de la violence. [...] En outre, ils entendent faciliter et encourager toutes autres mesures pratiques susceptibles d'alléger, pour les peuples pacifiques, le fardeau des armements
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
L'attaque de la base de Parl Harbor, le 7 décembre 1941
a) Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
"Je prèfère briser le cœur du monde que briser le cœur du peuple des Etats-Unis"
Carte postale à la gloire du président républicain Harding, élu en 1920
Le repli des États-Unis sur eux-mêmes
L'exaltation des valeurs traditionnelles de l'Amérique dans les années 1920:
Une destruction d'un stock d'alcool à New York au temps de la Prohibition
Un repli à relativiser
La situation en Europe est pour nous un sujet de très graves préoccupations. L’administration l’a considérée depuis longtemps avec le plus grand soin. Il est futile de dire que nous ne sommes pas intéressés par ces problèmes car nous y avons un profond intérêt du point de vue économique, parce que nos crédits et nos marchés sont en jeu, et du point de vue humanitaire, car le cœur des Américains s’ouvre toujours à ceux qui sont dans la détresse. Nous ne pouvons nous débarrasser de ces problèmes en les appelant européens, car ce sont les problèmes mondiaux, et nous ne pouvons échapper aux conséquences néfastes qui résulteraient d’un échec à les régler.[...]
Nous n’avons nul désir que l’Allemagne ne soit plus tenue pour responsable de la guerre, ni déchargée de la juste obligation de réparer les dommages causés par son agression. Pas le moindre désir que la France perde rien de ses justes réclamations. Mais d’un autre côté, nous ne voulons pas voir l’Allemagne dans le marasme. Il n’y aura pas de paix permanente sans satisfaction sur le plan économique. Pour qu’il y ait prospérité, il faut de l’espoir, et dans l’industrie, promesse d’un profit. Nous envisagerions avec défaveur toute mesure qui, au lieu de permettre le paiement des réparations, menacerait d’un désastre.
Discours de Charles E. Hugues, secrétaire d’Etat des Etats-Unis, 29 décembre 1922
c) Un repli maintenu face aux crises des années 1930
Un repli maintenu face aux crises des années 1930
Un repli maintenu face aux crises des années 1930
Les lois de neutralité:
- La loi de 1935 interdit de vendre des armes à des pays en guerre.
- La loi de 1936 interdit de consentir des prêts à des pays en guerre.
- La loi de 1937 interdit la vente de produits non militaires à des pays en guerre,
sauf s'ils paient immédiatement et s’ils assurent eux-mêmes le transport (« cash and carry »)
"Toute notre aide à nos alliés", caricature de 1941
d) L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
Dans les jours futurs, que nous cherchons à rendre sûrs, nous entrevoyons un monde fondé sur quatre libertés essentielles. [...] La première est la liberté de parole et d’expression [...]; La deuxième est la liberté d’adorer Dieu chacun à sa manière [...]; la troisième est la libération du besoin [...]; la quatrième est la libération de la peur, ce qui, sur le plan mondial, signifie une réduction des armements si poussée et si vaste, à l’échelle planétaire, qu’aucune nation ne s trouve en mesure de commettre un acte physique contre un voisin. [...] Il ne s’agit pas là de vues concernant un millénaire éloigné. C’est la base précise du genre de monde à la portée de notre temps et de notre génération. Ce monde est l’antithèse même du prétendu nouvel ordre tyrannique que les dictateurs cherchent à instaurer en faisant exploser une bombe. A cet ordre nouveau, nous opposons une conception plus haute, celle d’un ordre moral. [...] L’ordre mondial que nous recherchons est la coopération de pays libres, travaillant ensemble dans une société amicale et civilisée.
Franklin D. Roosevelt, Discours sur l’état de l’Union, 6 janvier 1941
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
Le Président des États-Unis et M. Churchill, Premier Ministre [...] croient devoir faire connaître certains principes communs de la politique nationale de leurs pays respectifs sur lesquels ils fondent leurs espoirs d'un avenir meilleur pour le Monde.
Premièrement, leurs pays ne recherchent aucune expansion territoriale ou autre.
Deuxièmement, ils ne désirent voir aucune modification territoriale qui ne soit conforme aux désirs librement exprimés des populations intéressées.
Troisièmement, ils respectent le droit qu'ont tous les peuples de choisir la forme de Gouvernement sous laquelle ils entendent vivre ; et ils désirent voir restituer, à ceux qui en ont été privés par la force, leurs droits souverains. [...]
Sixièmement, une fois définitivement détruite la tyrannie nazie, ils espèrent voir s'établir une paix qui offrira à toutes les nations les moyens de demeurer en sécurité à l'intérieur de leurs propres frontières et qui assurera à tous les êtres humains de tous les pays la possibilité de vivre durant toute leur existence à l'abri de la crainte et du besoin. [...]
Huitièmement, ils sont convaincus que toutes les nations du monde, pour des motifs aussi bien réalistes que spirituels, devront finir par renoncer à l'usage de la violence. [...] En outre, ils entendent faciliter et encourager toutes autres mesures pratiques susceptibles d'alléger, pour les peuples pacifiques, le fardeau des armements
L'engagement progressif dans une nouvelle guerre
L'attaque de la base de Parl Harbor, le 7 décembre 1941
3. La 2nde Guerre mondiale: un tournant décisif pour la puissance américaine
a) Les Etats-Unis sont les grands vainqueurs du conflit. Précipitée par l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941, l’entrée en guerre des Américains change radicalement le cours du conflit. Les Etats-Unis deviennent l’ « arsenal des démocraties » et mettent tout le poids de leur économie – la première du monde – au service de la lutte contre l’Allemagne et le Japon (document 1). Toute la population américaine est mobilisée, convaincue par une intense propagande de mener une guerre juste en faveur de la liberté du monde (document 2). L’armée américaine joue un rôle décisif dans la victoire, aussi bien en Europe (débarquements de Normandie et de Provence) que dans le Pacifique (bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki) (document 3).
b) Les Etats-Unis sont en 1945 le pays le plus riche du monde. Leur territoire n’ayant pas été touché par le conflit et leur économie ayant tourné à plein régime pendant la plus grande partie de la guerre, les Etats-Unis disposent en 1945 des deux-tiers du stock d’or mondial et réalisent à eux seuls 50% de la production industrielle de la planète. Dès 1945, une partie de cette richesse est offerte aux pays d’Europe et d’Asie, dont les habitants découvrent aussi les cigarettes blondes, le coca-cola et le chewing-gum (document 4). Le gouvernement américain ajoute à ces exportations massives une large diffusion de la culture américaine (films de Hollywood et musique de jazz), favorisée par des traités comme les accords Blum-Byrnes de 1946 (document 5).
c) Les Etats-Unis sont les principaux architectes de l’après-guerre. Ils sont logiquement au centre des conférences de Yalta en février 1945 et de Potsdam en juillet 1945 qui décident du sort de l’Europe libérée (document 6) et c’est aux Etats-Unis même que se tiennent deux autres réunions décisives pour l’après-guerre : tandis que la conférence de Bretton Woods en juillet 1944 donne naissance au Fonds Monétaire Internationale et au Gold Exchange Standard, qui fait de la valeur du dollar une référence pour toutes les autres monnaies, la conférence de San Francisco en juin 1945 donne naissance à l’Organisation des Nations-Unies (document 7).
Une puissance victorieuse
La mobilisation de toutes les resources de la première économie mondiale
Une puissance victorieuse
Les Etats-Unis deviennent l'"arsenal des démocraties"
Des armes pour tous les alliés des Etats-Unis
La construction des Liberty ships
Une puissance victorieuse
Le pays le plus riche du monde
Charles de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, vient à Washington fin août 1945 pour rencontrer le président Harry Truman .
Je dois dire qu’en cette fin de l’été en 1945 on était, dès le premier contact avec les Etats-Unis, saisis par l’impression qu’une activité dévorante et un intense optimisme emportaient toutes les catégories. Parmi les belligérants, ce pays étaient le seul intact. Son économie, bâtie sur des ressources en apparence illimitées, se hâtaient de sortir du régime du temps de guerre pour produire des quantités énormes de biens de consommation. L’avidité de la clientèle et, au dehors, les besoins de l’univers ravagé garantissaient aux entreprises les plus vastes débouchés, aux travailleurs le plein emploi. Ainsi, les Etats-Unis se sentaient assurés d’être longtemps les plus prospères. Et puis, ils étaient les plus forts! Quelques jours avant ma visite à Washington, les bombes atomiques avaient réduits le Japon à la capitulation.
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959.
Le pays le plus riche du monde
Les États-Unis acheminent maintenant vers l'Europe 1.4 million de tonnes de charbon par mois. D'ici à janvier cela représentera 8 millions de tonnes, soit près de 1% de notre production nationale. [...] Le Département de l'Agriculture établit que les cargaisons acheminées dans le cadre de l'Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction dans le dernier trimestre de cette année vont représenter approximativement : 150 millions de livres de viande, 70 millions de boisseaux de farine, 28 000 tonnes de sucre, 90 millions de livres de pois et de haricots, 13 millions de livres de saindoux [...].Il faut se rappeler que ce ravitaillement ne va pas servir à améliorer le régime alimentaire des peuples libérés, mais de le soutenir car il reste en dessous du niveau de subsistance. [...] Ce gouvernement reçoit de nombreux témoignages montrant que le peuple américain se soucie de la souffrance de nos alliés. Il a manifesté sa détermination à ce que notre pays prenne sa part, aux côtés d’autres nations, dans l'aide à apporter pour restaurer la prospérité et la force de ceux qui ont combattu à nos côtés en Europe et en Extrême-Orient. Il en va de responsabilité de l’Amérique non seulement envers nos amis, mais aussi envers nous-même, de voir cette entreprise réalisée et réalisée rapidement.
Déclaration du Président Harry Truman, le 17 septembre 1945.
Le pays le plus riche du monde
Les symboles de l'abondance américaine dans un monde dévasté
Le chewing-gum
Les cigarettes blondes
"Coca-Cola est à nouveau là!"
Le pays le plus riche du monde
Le jazz à la conquête de l'Europe
Ecouter In the Mood de Glen Miller
Ecouter Hot house de Dizzy Gillespie et Charlie Parker
Le pays le plus riche du monde
Le secrétaire d'Etat américain James Byrnes et le président
du Conseil français Léon Blum, après la signature de l'accord
qui ouvre le marché français aux films américains en 1946
Les architectes de la paix
Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta, en février 1945
Les architectes de la paix
Attlee, Truman et Staline à la conférence de Potsdam, en juillet 1945
Les architectes de la paix
Un panneau commémoratif de la conférence de Bretton Woods, en juillet 1944
Une puissance victorieuse
La mobilisation de toutes les resources de la première économie mondiale
Une puissance victorieuse
b) Le pays le plus riche du monde
Le pays le plus riche du monde
Charles de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, vient à Washington fin août 1945 pour rencontrer le président Harry Truman .
Je dois dire qu’en cette fin de l’été en 1945 on était, dès le premier contact avec les Etats-Unis, saisis par l’impression qu’une activité dévorante et un intense optimisme emportaient toutes les catégories. Parmi les belligérants, ce pays étaient le seul intact. Son économie, bâtie sur des ressources en apparence illimitées, se hâtaient de sortir du régime du temps de guerre pour produire des quantités énormes de biens de consommation. L’avidité de la clientèle et, au dehors, les besoins de l’univers ravagé garantissaient aux entreprises les plus vastes débouchés, aux travailleurs le plein emploi. Ainsi, les Etats-Unis se sentaient assurés d’être longtemps les plus prospères. Et puis, ils étaient les plus forts! Quelques jours avant ma visite à Washington, les bombes atomiques avaient réduits le Japon à la capitulation.
Charles de Gaulle, Mémoires de guerre, Le Salut, 1959.
Le pays le plus riche du monde
Les États-Unis acheminent maintenant vers l'Europe 1.4 million de tonnes de charbon par mois. D'ici à janvier cela représentera 8 millions de tonnes, soit près de 1% de notre production nationale. [...] Le Département de l'Agriculture établit que les cargaisons acheminées dans le cadre de l'Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction dans le dernier trimestre de cette année vont représenter approximativement : 150 millions de livres de viande, 70 millions de boisseaux de farine, 28 000 tonnes de sucre, 90 millions de livres de pois et de haricots, 13 millions de livres de saindoux [...].Il faut se rappeler que ce ravitaillement ne va pas servir à améliorer le régime alimentaire des peuples libérés, mais de le soutenir car il reste en dessous du niveau de subsistance. [...] Ce gouvernement reçoit de nombreux témoignages montrant que le peuple américain se soucie de la souffrance de nos alliés. Il a manifesté sa détermination à ce que notre pays prenne sa part, aux côtés d’autres nations, dans l'aide à apporter pour restaurer la prospérité et la force de ceux qui ont combattu à nos côtés en Europe et en Extrême-Orient. Il en va de responsabilité de l’Amérique non seulement envers nos amis, mais aussi envers nous-même, de voir cette entreprise réalisée et réalisée rapidement.
Déclaration du Président Harry Truman, le 17 septembre 1945.
Le pays le plus riche du monde
Le jazz à la conquête de l'Europe
Ecouter In the Mood de Glen Miller
Ecouter Hot house de Dizzy Gillespie et Charlie Parker
Le pays le plus riche du monde
Le secrétaire d'Etat américain James Byrnes et le président
du Conseil français Léon Blum, après la signature de l'accord
qui ouvre le marché français aux films américains en 1946
Les architectes de la paix
Churchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta, en février 1945
II. La puissance américaine au temps de la guerre froide (1947-1991)
1. L’entrée des Etats-Unis dans la guerre froide
a) A partir de 1947, les Américains s'opposent à l’avancée soviétique en Europe. Dans un discours au congrès en mars 1947, le président Truman décrit le monde de l’après-guerre partagé en deux camps irréconciliables, celui de la liberté et celui du totalitarisme, et il donne aux Etats-Unis la mission de protéger tous les peuples qui veulent rester libres (document 1). La « doctrine Truman » est tout de suite mise en application, avec l’offre faite à tous les pays d’Europe d’une aide gratuite à la reconstruction de leur économie : le plan Marshall. Le refus par l’URSS de l’offre américaine est le début d’un affrontement de 40 ans entre Américains et Soviétiques (document 2).
b) Les Etats-Unis se donnent les moyens d’exercer leur nouvelle puissance. En juillet 1947, le National Security Act permet la création de deux institutions majeures : le Conseil de Sécurité Nationale, chargé d’aider le président à définir la politique diplomatique et militaire des Etats-Unis, et l’Agence Centrale de renseignement (la CIA), chargée de fournir au président les informations nécessaires à ses décisions (document 3). Parallèlement, les Américains multiplient les traités créant des alliances défensives face aux Soviétiques : L’OEA (l’Organisation des Etats Américains) est créée en 1948, l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) en 1949, l’OTASE (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est) en 1954 (document 4).
c) Les Etats-Unis se proclament les champions de la liberté face au totalitarisme soviétique. Pour faire face à l’URSS, ils mobilisent toutes les facettes de leur « Soft Power » : tandis que les comics et les films de Hollywood mettent en scène le combat mené par les Etats-Unis contre les ennemis de la liberté (document 5), une propagande manichéenne vante les vertus du modèle américain, fondé sur la démocratie libérale et l’économie de marché . Dans le même temps, la campagne anticommuniste menée par le sénateur McCarthy aboutit à une violente « chasse aux sorcières », censée démasquer les ennemis de l’Amérique (document 6).
La rupture de la « Grande Alliance »
Au moment présent de l'histoire du monde, presque toutes les nations se trouvent placées devant le choix entre deux modes de vie. Et trop souvent ce choix n'est pas un libre choix. L’un de ces modes de vie est basé sur la volonté de la majorité. Ses principaux caractères sont des institutions libres, des gouvernements représentatifs, des élections libres, des garanties données à la liberté individuelle, à la liberté de parole et du culte et à l'absence de toute oppression politique. Le second mode de vie est basé sur la volonté d'une minorité imposée à la majorité. Il s'appuie sur la terreur et l'oppression, sur une radio et une presse contrôlées, sur des élections dirigées et sur la suppression de la liberté personnelle.
Je crois que les États-Unis doivent pratiquer une politique d'aide aux peuples libres qui résistent actuellement aux manœuvres de certaines minorités armées ou à la pression extérieure. Je crois que notre aide doit se manifester en tout premier lieu sous la forme d'une assistance économique et financière [...].
En aidant les nations libres et indépendantes à maintenir leur liberté, les États-Unis mettront en œuvre les principes de la Charte des Nations unies. [...] Les germes des régimes totalitaires sont nourris par la misère et le besoin. Ils se répandent et grandissent dans la mauvaise terre de la pauvreté et de la guerre civile. Ils parviennent à maturité lorsqu'un peuple voit mourir l'espoir qu'il avait mis en une vie meilleure.
Nous devons faire en sorte que cet espoir demeure vivant.
Déclaration du président Truman au Congrès, 12 mars 1947.
La rupture de la « Grande Alliance »
La rupture de la « Grande Alliance »
Affiche soviétique de 1949 illustrant le refus du plan Marshall par l'URSS
Les moyens d'une puissance mondiale
Truman signant le National Security Act, le 10 août 1947
Les moyens d'une puissance mondiale
Deux créations majeures de 1947
Le Conseil de Sécurité Nationale
L'Agence Centrale de Renseignement
Les moyens d'une puissance mondiale
Le réseau mondial des alliances américaines en 1955
Les champions du monde libre
Un des films anticommunistes produits à Hollywood: J’ai épousé une communiste, 1949
Les champions du monde libre
Quatre affiches de la série Its America ... keep it free!
diffusées pendant la 2ndeguerre mondiale
Les champions du monde libre
La « chasse aux sorcières »:
le sénateur McCarthy devant une carte des implantations communistes aux Etats-Unis
a) La rupture de la « Grande Alliance »
La rupture de la « Grande Alliance »
Au moment présent de l'histoire du monde, presque toutes les nations se trouvent placées devant le choix entre deux modes de vie. Et trop souvent ce choix n'est pas un libre choix. L’un de ces modes de vie est basé sur la volonté de la majorité. Ses principaux caractères sont des institutions libres, des gouvernements représentatifs, des élections libres, des garanties données à la liberté individuelle, à la liberté de parole et du culte et à l'absence de toute oppression politique. Le second mode de vie est basé sur la volonté d'une minorité imposée à la majorité. Il s'appuie sur la terreur et l'oppression, sur une radio et une presse contrôlées, sur des élections dirigées et sur la suppression de la liberté personnelle.
Je crois que les États-Unis doivent pratiquer une politique d'aide aux peuples libres qui résistent actuellement aux manœuvres de certaines minorités armées ou à la pression extérieure. Je crois que notre aide doit se manifester en tout premier lieu sous la forme d'une assistance économique et financière [...].
En aidant les nations libres et indépendantes à maintenir leur liberté, les États-Unis mettront en œuvre les principes de la Charte des Nations unies. [...] Les germes des régimes totalitaires sont nourris par la misère et le besoin. Ils se répandent et grandissent dans la mauvaise terre de la pauvreté et de la guerre civile. Ils parviennent à maturité lorsqu'un peuple voit mourir l'espoir qu'il avait mis en une vie meilleure.
Nous devons faire en sorte que cet espoir demeure vivant.
Déclaration du président Truman au Congrès, 12 mars 1947.
La rupture de la « Grande Alliance »
Affiche soviétique de 1949 illustrant le refus du plan Marshall par l'URSS
b) Les moyens d'une puissance mondiale
Les moyens d'une puissance mondiale
Truman signant le National Security Act, le 10 août 1947
c) Les champions du monde libre
Les champions du monde libre
Un des films anticommunistes produits à Hollywood: J’ai épousé une communiste, 1949
Les champions du monde libre
La « chasse aux sorcières »:
le sénateur McCarthy devant une carte des implantations communistes aux Etats-Unis
2. Le face-à-face avec l’URSS dans les années 1950 et 1960
a) Les Américains multiplient les interventions pour contenir les avancées soviétiques. Appliquant la stratégie du « containment », les Etats-Unis s’attachent à « endiguer », partout où elles se manifestent, les volontés expansionnistes de l’URSS. Ils organisent ainsi, entre 1948 et 1949, un gigantesque pont aérien afin de ravitailler Berlin-Ouest coupé du monde par le blocus soviétique (document 1). De même, ils interviennent massivement en Corée entre 1950 et 1953 afin d’empêcher l’invasion de la Corée du Sud par la Corée du Nord que soutiennent la Chine de Mao et l’URSS de Staline (document 2). La stratégie du containment culmine lors de la crise de Cuba en 1962 : Kennedy n’hésite pas à brandir la menace d’une guerre atomique pour obliger les Soviétiques à retirer les fusées nucléaires qu’ils avaient installées à Cuba (document 3).
b) La rivalité américano-soviétique se manifeste dans de multiples domaines. Afin de faire face à la menace d’une guerre avec l’URSS, les Etats-Unis se lancent dans une course aux armements, aussi bien conventionnels que nucléaires : à partir des années 1950, le budget militaire américain n’est jamais inférieur à 400 milliards de dollars, alors qu’il n’atteignait pas les 200 milliards de dollars à la fin des années 1940 (document 4). De même, les Américains relèvent le défi scientifique et technologique imposé par les Soviétiques dans la conquête de l’espace, en posant l’équipage d’Apollo 11 sur la Lune en 1969 (document 5). Enfin, les grandes compétitions sportives des années 1950 et 1960 donnent lieu à des affrontements entre Américains et Soviétiques (document 6).
c) L’ « American way of life » devient un modèle offert au monde entier. C’est en effet à partir des années 1950 que le mode de vie américain connaît une diffusion planétaire. Celle-ci se fait aussi bien par l’intermédiaire des publicités des grandes marques américaines (document 7), que par celui des séries télévisées ou des films de Hollywood qui vantent les bienfaits de la société de consommation, de la réussite individuelle, de la liberté et de l’abondance matérielle (document 8). La fascination exercée par ce modèle est vigoureusement combattue par les Soviétiques, qui multiplient les dénonciations de l’impérialisme américain et n’hésitent pas à construire le Mur de Berlin en 1961, pour mettre fin à l’exode des Allemands de l’Est vers Berlin-Ouest (document 9) .
La stratégie du containment
La guerre de Corée (1950-1953)
La situation initiale:
les deux Corées au début 1950
L’offensive nord-coréenne
de juin 1950
Juillet 1950 :
la déroute sud-coréenne
Juin-septembre 1950 :
la riposte américaine
Septembre 1950 :
la contre-offensive américaine
Octobre 1950 : l’occupation
de la Corée du Nord
Novembre1950 :
l’intervention chinoise
Fin 1950: la seconde
offensive communiste
Janvier 1951:
la stabilisation du front
Mars 1951: la seconde
contre-offensive américaine
Mars 1951-juin 1953:
une guerre de position
Juillet 1953:
la signature de l’armistice
La stratégie du containment
Le point culminant de la Guerre froide:
la crise des missiles de Cuba en 1962
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
Les dépenses militaires américaines depuis 1948
(en milliards de dollars)
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
L'évolution des arsenaux nucléaires américains et soviétiques pendant la Guerre froide
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
La victoire des Etats-Unis dans la "course à l'espace":
L'équipage d'Apollo 11 (Armstrong, Collins et Aldrin) après son retour de la Lune en 1969
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
L'un des sommets de la rivalité sportive des Etats-Unis et de l'URSS:
le match de hockey sur glace des Jeux Olympiques de 1960, remporté par les Américains (3-2 )
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
Un autre sommet de la rivalité sportive des Etats-Unis et de l'URSS:
le championnat du monde d'échecs de 1972, remporté par B. Fischer face à B. Spassky
Un modèle pour le monde: l’American way of life
Sa diffusion par les publicités des grandes marques américaines
Un modèle pour le monde: l’American way of life
Sa diffusion par les films de Hollywood ...
La Fureur de vivre (1955)
Un Tramway nommé désir (1951)
El Dorado (1966)
Certains l’aiment chaud (1959)
Un modèle pour le monde: l’American way of life
Un autre puissant vecteur de diffusion du modèle américain: le rock'n roll
Ecouter (et lire les paroles) de You never can tell
Ecouter (et lire les paroles) de Blue Suede Shoes
Un modèle pour le monde: l’American way of life
La dénonciation du modèle américain par l'URSS et ses alliés
Liberté à l'américaine (affiche soviétique de 1949)
Un modèle pour le monde: l’American way of life
La dénonciation du modèle américain par l'URSS et ses alliés:
la construction du Mur de Berlin, en août 1961
a) La stratégie du containment
La stratégie du containment
La guerre de Corée (1950-1953)
La situation initiale:
les deux Corées au début 1950
L’offensive nord-coréenne
de juin 1950
Juillet 1950 :
la déroute sud-coréenne
Juin-septembre 1950 :
la riposte américaine
Septembre 1950 :
la contre-offensive américaine
Octobre 1950 : l’occupation
de la Corée du Nord
Novembre1950 :
l’intervention chinoise
Fin 1950: la seconde
offensive communiste
Janvier 1951:
la stabilisation du front
Mars 1951: la seconde
contre-offensive américaine
Mars 1951-juin 1953:
une guerre de position
Juillet 1953:
la signature de l’armistice
La stratégie du containment
Le point culminant de la Guerre froide:
la crise des missiles de Cuba en 1962
b) Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
Les dépenses militaires américaines depuis 1948
(en milliards de dollars)
Les multiples formes de la rivalité avec l’URSS
Un autre sommet de la rivalité sportive des Etats-Unis et de l'URSS:
le championnat du monde d'échecs de 1972, remporté par B. Fischer face à B. Spassky
c) Un modèle pour le monde: l’American way of life
Un modèle pour le monde: l’American way of life
Sa diffusion par les publicités des grandes marques américaines
Un modèle pour le monde: l’American way of life
Un autre puissant vecteur de diffusion du modèle américain: le rock'n roll
Ecouter (et lire les paroles) de You never can tell
Ecouter (et lire les paroles) de Blue Suede Shoes
Un modèle pour le monde: l’American way of life
La dénonciation du modèle américain par l'URSS et ses alliés:
la construction du Mur de Berlin, en août 1961
3. Le recul de la puissance américaine de la fin des années 1960 aux années 1970.
a) La guerre du Vietnam entame la puissance et le prestige des Etats-Unis. Menée à partir de la fin des années 1950 pour soutenir le Vietnam du Sud face à la guérilla communiste du Viêt-Cong appuyée par le Vietnam du Nord (document 1), l’intervention américaine s’avère désastreuse : non seulement le déploiement de plus de 500 000 soldats américains et les bombardements massifs sur le Vietnam ne font pas reculer la guérilla communiste (document 2), mais les Etats-Unis se retrouvent accusés de mener une « sale guerre » face à un peuple combattant pour sa liberté (document 3). Elu en 1968, Nixon n’a pas d’autre choix que de désengager en 1973 l’armée américaine du « bourbier » vietnamien. Les Etats-Unis perdent la première guerre de leur histoire (document 4).
b) Les années 1960 et 1970 voient se multiplier les remises en cause du modèle américain. Alors qu’une grande partie de la jeunesse américaine, inspirée par le mouvement hippie, conteste aussi bien la politique menée au Vietnam que les dérives de la société de consommation (document 5), le mouvement pour les droits civils mené par Martin Luther King fait apparaître les profondes inégalités entre Blancs et Noirs au sein de la société américaine (document 6). Le prestige du gouvernement des Etats-Unis lui-même est atteint par le scandale du Watergate qui contraint Nixon à la démission en 1974 (document 7). Enfin, le soutien apporté par les Etats-Unis aux dictatures anticommunistes d’Amérique latine dément l’idée selon laquelle ce pays combat toujours pour la liberté (document 8).
c) L’hégémonie exercée par les Etats-Unis est de plus en plus fragilisée. Dès les années 1960, la domination américaine est dénoncée comme une menace pour la souveraineté de la France par De Gaulle, qui dote la France de l’arme nucléaire, puis retire l’armée française du commandement intégré de l’OTAN en 1966 (document 9). Parallèlement, l’accroissement du déficit budgétaire américain, creusé par la guerre du Vietnam, et l’apparition d’un déficit commercial créé par la concurrence croissante de l’Europe et du Japon, conduisent Nixon à suspendre la convertibilité du dollar en or en 1971, mettant ainsi fin au système de Bretton Woods qui consacrait la supériorité des Etats-Unis sur le reste du monde. En 1973, le premier « choc pétrolier » montre la fragilité de l’économie américaine et sa dépendance vis-à-vis de l’extérieur (document 10).
d) La fin des années 1970 est une période noire pour la puissance américaine. Profitant de l’affaiblissement des Etats-Unis et de la « diplomatie des bons sentiments » menée par le président Carter, l’URSS multiplie les avancées sur tous les continents: des régimes prosoviétiques sont mis en place à partir de 1975 en Ethiopie, en Angola et au Mozambique ; l’Afghanistan est envahi par l’Armée Rouge en 1979, en même temps que les communistes du Nicaragua s’emparent du pouvoir (document 11). Mais c’est avec la révolution iranienne de 1979 que les Etats-Unis subissent leur plus grave revers, en perdant leur principal allié au Moyen-Orient (document 12).
Le tournant de la guerre du Vietnam
L'Indochine à partir de 1954:
un Vietnam communiste au Nord;
un Vietnam pro-américain au Sud.
La guerilla communiste du Vietcong,
qui affronte l'armée sud-vietnamienne à partir de 1954
Le tournant de la guerre du Vietnam
Le soutien nord-vietnamien au Vietcong
par la "Piste Hô Chi Minh"
Le président américain Lyndon Johnson venu à Saïgon en 1961
pour apporter son soutien au président sud-vietnamien Ngo Dinh Diem
Le tournant de la guerre du Vietnam
Les Etats-Unis engagent toute leur puissance militaire dans un conflit qu’ils ne veulent perdre à aucun prix.
D’à peine 10 000 en 1960, le nombre de soldats américains stationnés au Vietnam monte à 550 000 en 1969.
Le tournant de la guerre du Vietnam
"L'Offensive du T?t" menée par le Vietcong
contre les bases américaines en 1968
L'enlisement de l'armée américaine dans le "bourbier vietnamien"
diffusées dans le monde entier. Voir un reportage de CBS en 1970
Le tournant de la guerre du Vietnam
Une image de la "sale guerre" du Vietnam qui a fait le tour du monde:
le bombardement au napalm du village de Tr?ng Bàng en 1972
Le tournant de la guerre du Vietnam
La signature des accords de paix de Paris en 1973:
les Etats-Unis se désengagent du conflit vietnamien
Le modèle américain en question
La mobilisation de la jeunesse américaine contre la guerre du Vietnam
"La jeune fille à la fleur", célébrissime photo prise à Washington en 1967)
Ecouter I feel like I'm fixin'to die chantée par Country Joe McDonald à Woodstock en 1969
Le modèle américain en question
La dénonciation de la ségrégation entre Noirs et Blancs
La Marche pour les Droits Civils, à Washington en 1963.
Le modèle américain en question
Dévoilé par la presse en 1973, le scandale du Watergate discrédite durablement l'exécutif américain
Nixon, convaincu de mensonges dans l'affaire des écoutes du Parti démocrate, est contraint à la démission en 1974
Le modèle américain en question
Les méthodes peu vertueuses de la lutte contre le communisme en Amérique latine
L'assassinat de Che Guevara en Bolivie en 1967
Kissinger avec le général Pinochet
après le coup d'Etat organisé au Chili en 1973
Une hégémonie fragilisée
Rien ne peut faire qu’un traité reste valable intégralement quand son objet s’est modifié. Rien ne peut faire qu’une alliance demeure telle quelle quand ont changé les conditions dans lesquelles on l’avait conclue. [...] Je dis : les conditions nouvelles. Il est bien clair, en effet, qu'en raison de l'évolution intérieure et extérieure des pays de l'Est, le monde occidental n'est plus aujourd'hui menacé comme il l'était à l'époque où le protectorat américain fut organisé en Europe sous le couvert de l'O.T.A.N. Mais, en même temps que s'estompaient les alarmes, se réduisait aussi la garantie de sécurité, autant vaut dire absolue, que donnaient à l'Ancien Continent la possession par la seule Amérique de l'armement atomique et la certitude qu'elle l'emploierait sans restriction dans le cas d'une agression. Car, la Russie soviétique s'est, depuis lors, dotée d'une puissance nucléaire.
De Gaulle, conférence de presse du 21 janvier 1966
Une hégémonie fragilisée
En 1971, Nixon est contraint de suspendre la convertibilité du dollar en or
pour maintenir la valeur de la monnaie américaine menacée par la spéculation
Une hégémonie fragilisée
Le "choc pétrolier" de 1973: un affaiblissement durable de la puissance économique américaine
La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
Quatre nouveaux régimes communistes établis en 1975
Cambodge
Ethiopie
Angola
Mozambique
La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
Les avancées soviétiques de 1975 à 1980
La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
La plus nette illustration du déclin de la puissance des Etats-Unis à la fin des années 1970 :
la révolution iranienne de 1979 et la prise en otage du personnel de l'ambassade américaine à Téhéran
a) Le tournant de la guerre du Vietnam
Le tournant de la guerre du Vietnam
L'Indochine à partir de 1954:
un Vietnam communiste au Nord;
un Vietnam pro-américain au Sud.
La guerilla communiste du Vietcong,
qui affronte l'armée sud-vietnamienne à partir de 1954
Le tournant de la guerre du Vietnam
"L'Offensive du T?t" menée par le Vietcong
contre les bases américaines en 1968
L'enlisement de l'armée américaine dans le "bourbier vietnamien"
diffusées dans le monde entier. Voir un reportage de CBS en 1970
Le tournant de la guerre du Vietnam
La signature des accords de paix de Paris en 1973:
les Etats-Unis se désengagent du conflit vietnamien
b) Le modèle américain en question
Le modèle américain en question
La mobilisation de la jeunesse américaine contre la guerre du Vietnam
"La jeune fille à la fleur", célébrissime photo prise à Washington en 1967)
Ecouter I feel like I'm fixin'to die chantée par Country Joe McDonald à Woodstock en 1969
Le modèle américain en question
Les méthodes peu vertueuses de la lutte contre le communisme en Amérique latine
L'assassinat de Che Guevara en Bolivie en 1967
Kissinger avec le général Pinochet
après le coup d'Etat organisé au Chili en 1973
Une hégémonie fragilisée
Rien ne peut faire qu’un traité reste valable intégralement quand son objet s’est modifié. Rien ne peut faire qu’une alliance demeure telle quelle quand ont changé les conditions dans lesquelles on l’avait conclue. [...] Je dis : les conditions nouvelles. Il est bien clair, en effet, qu'en raison de l'évolution intérieure et extérieure des pays de l'Est, le monde occidental n'est plus aujourd'hui menacé comme il l'était à l'époque où le protectorat américain fut organisé en Europe sous le couvert de l'O.T.A.N. Mais, en même temps que s'estompaient les alarmes, se réduisait aussi la garantie de sécurité, autant vaut dire absolue, que donnaient à l'Ancien Continent la possession par la seule Amérique de l'armement atomique et la certitude qu'elle l'emploierait sans restriction dans le cas d'une agression. Car, la Russie soviétique s'est, depuis lors, dotée d'une puissance nucléaire.
De Gaulle, conférence de presse du 21 janvier 1966
Une hégémonie fragilisée
Le "choc pétrolier" de 1973: un affaiblissement durable de la puissance économique américaine
d) La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
Quatre nouveaux régimes communistes établis en 1975
Cambodge
Ethiopie
Angola
Mozambique
La fin des années 1970 : une période noire pour les Etats-Unis
La plus nette illustration du déclin de la puissance des Etats-Unis à la fin des années 1970 :
la révolution iranienne de 1979 et la prise en otage du personnel de l'ambassade américaine à Téhéran
4. Une puissance réaffirmée pendant les années 1980
a) Le début des années 1980 entraine un net redressement de la puissance américaine. Contre Carter qui semble incapable d’enrayer le déclin des Etats-Unis et de repousser les avancés de l’URSS, Ronald Reagan se fait élire à la présidence en 1980 puis réélire en 1984 autour d’un slogan : « America is back ! » (document 1). En s’appuyant sur les valeurs fondamentales de l’Amérique, il s’engage à relancer l’affrontement avec l’URSS, définie comme l’« Empire du Mal » et à reprendre les positions perdues au cours des années 1970 (document 2).
b) Les Etats-Unis s’engagent dans une nouvelle politique de containment. Un important soutien matériel est apporté aux mouvements de résistance qui combattent les régimes soutenus par l'URSS, en Afrique, au Nicaragua et en Afghanistan. Des missiles nucléaires à moyenne portée sont déployés en Europe de l’Ouest face aux « euromissiles » que l’URSS a installés en Europe de l’Est à la fin des années 1970 (document 3). Surtout, les Etats-Unis annoncent leur intention de se doter d’un « bouclier spatial » pour mettre leur territoire à l’abri des armes nucléaires soviétiques. Cette « Initiative de Défense Stratégique », surnommée Star Wars, permet aux Américains de reprendre l’avantage sur l’URSS, en lui imposant un défi scientifique et technique qu’elle ne peut pas relever (document 4).
c) La fin des années 1980 voit les Etats-Unis triompher de l’URSS. Le contraste de plus en plus flagrant entre la puissance américaine, en plein renouveau, et la puissance soviétique, en pleine déliquescence, impose à Gorbatchev, qui dirige l’URSS depuis 1985, de mettre fin à la Guerre froide : en 1987, Américains et Soviétiques signent à Washington un traité réduisant pour la première fois leurs arsenaux nucléaires (document 5). En 1989, les régimes communistes de l’Europe de l’Est s’effondrent les uns après les autres et le mur de Berlin est ouvert (le 9 novembre 1989) sans que les Soviétiques puissent s’y opposer. Le 25 décembre 1991, l’URSS se désintègre à son tour (document 6).
« America is back! »
Un même thème pour les campagnes électorales de 1980 et 1984
"Rendons sa grandeur à l'Amérique" (déjà ...)
"Ramener l'Amérique au premier plan!"
« America is back! »
Il est temps de réaliser que nous sommes une trop grande nation pour nous limiter nous-mêmes à de petits rêves. Nous ne sommes pas, comme certains voudraient nous le faire croire, condamnés à un déclin inévitable. Je ne crois pas en un destin qui nous frappera, quoi que nous fassions. Je crois en un destin qui nous frappera si nous ne faisons rien. Donc, avec toute l’énergie créatrice à notre disposition, commençons une ère de renouveau national. Renouvelons notre détermination, notre courage et notre force. Et renouvelons notre foi et notre espérance. [...]
La crise que nous affrontons aujourd’hui [...] exige le meilleur de nos efforts et de notre volonté pour croire en nous-mêmes, pour croire en notre capacité d’accomplir de grandes actions, pour croire qu’ensemble, avec l’aide de Dieu, nous pouvons résoudre et nous résoudrons les problèmes face auxquels nous nous trouvons aujourd’hui.
Et après tout, pourquoi ne devrions-nous pas le croire ? Nous sommes des Américains.
Dieu vous bénisse, et merci.
Ronald Reagan, Adresse inaugurale, 20 janvier 1981
« America is back! »
« America is back! »
Nous ne mettrons jamais en péril nos principes et nos critères moraux. Nous n’abdiquerons jamais notre liberté. Nous n’abandonnerons jamais notre croyance en Dieu. Et nous ne cesserons jamais de rechercher une paix véritable. [...] La vérité, c’est que nous devons rechercher et trouver la paix par la force.[...]
L’Histoire nous apprend que prendre nos désirs pour des réalités et rechercher naïvement la conciliation avec nos adversaires n’est que folie. Cette attitude reviendrait à trahir notre passé et à dilapider notre liberté. En conséquence, je vous encourage à vous élever contre ceux qui chercheraient à placer les Etats-Unis dans une position d’infériorité militaire et morale. Et, lorsque vous débattez des propositions de gel nucléaire, je vous exhorte à vous défier de la tentation de l’orgueil, de cette tentation qui consisterait à vous décréter allégrement au-dessus de la bataille, à décider que les deux camps sont également coupables, à ignorer les faits de l’Histoire et les pulsions agressives de l’Empire du Mal, à vous contenter de dire que la course aux armements n’est qu’un vaste malentendu et par là même à vous soustraire au combat entre le juste et le faux, le bien et le mal. [...] Je crois que nous relèverons le défi. Je crois que le communisme n’est qu’un chapitre supplémentaire, triste et bizarre, de notre Histoire dont les dernières pages sont entrain de s’écrire sous nos yeux.
Ronald Reagan, Discours devant l’Association
nationale des Évangélistes, 8 mars 1983
Le retour du « containment » face à l’URSS
D'importantes quantités d'armes sont fournies aux moudjahidines
qui combattent les Soviétiques en Afghanistan
Le retour du « containment » face à l’URSS
La crise des « euromissiles »
Des missiles nucléaires Pershing sont déployés en Europe de l'Ouest à partir de 1983
face aux missiles que l'URSS avait déployés en Europe de l'Est dans les années 1970
Le retour du « containment » face à l’URSS
L'Initiative de Défense stratégique, surnommée « Star Wars »
Le projet ambitieux (et irréalisable à l'époque) qui a permis aux Etats-Unis de reprendre l'avantage sur l'URSS
L’Amérique victorieuse
Gorbatchev et Reagan signant à Washington en 1987
le premier traité de désarmement nucléaire
L’Amérique victorieuse
L'ouverture du Mur de Berlin, le 9 novembre 1989,
point d'orgue de la désagrégation du bloc soviétique
L’Amérique victorieuse
L'implosion de l'URSS en décembre 1991, dernier acte de la Guerre froide
« America is back! »
Un même thème pour les campagnes électorales de 1980 et 1984
"Rendons sa grandeur à l'Amérique" (déjà ...)
"Ramener l'Amérique au premier plan!"
« America is back! »
Il est temps de réaliser que nous sommes une trop grande nation pour nous limiter nous-mêmes à de petits rêves. Nous ne sommes pas, comme certains voudraient nous le faire croire, condamnés à un déclin inévitable. Je ne crois pas en un destin qui nous frappera, quoi que nous fassions. Je crois en un destin qui nous frappera si nous ne faisons rien. Donc, avec toute l’énergie créatrice à notre disposition, commençons une ère de renouveau national. Renouvelons notre détermination, notre courage et notre force. Et renouvelons notre foi et notre espérance. [...]
La crise que nous affrontons aujourd’hui [...] exige le meilleur de nos efforts et de notre volonté pour croire en nous-mêmes, pour croire en notre capacité d’accomplir de grandes actions, pour croire qu’ensemble, avec l’aide de Dieu, nous pouvons résoudre et nous résoudrons les problèmes face auxquels nous nous trouvons aujourd’hui.
Et après tout, pourquoi ne devrions-nous pas le croire ? Nous sommes des Américains.
Dieu vous bénisse, et merci.
Ronald Reagan, Adresse inaugurale, 20 janvier 1981
« America is back! »
Nous ne mettrons jamais en péril nos principes et nos critères moraux. Nous n’abdiquerons jamais notre liberté. Nous n’abandonnerons jamais notre croyance en Dieu. Et nous ne cesserons jamais de rechercher une paix véritable. [...] La vérité, c’est que nous devons rechercher et trouver la paix par la force.[...]
L’Histoire nous apprend que prendre nos désirs pour des réalités et rechercher naïvement la conciliation avec nos adversaires n’est que folie. Cette attitude reviendrait à trahir notre passé et à dilapider notre liberté. En conséquence, je vous encourage à vous élever contre ceux qui chercheraient à placer les Etats-Unis dans une position d’infériorité militaire et morale. Et, lorsque vous débattez des propositions de gel nucléaire, je vous exhorte à vous défier de la tentation de l’orgueil, de cette tentation qui consisterait à vous décréter allégrement au-dessus de la bataille, à décider que les deux camps sont également coupables, à ignorer les faits de l’Histoire et les pulsions agressives de l’Empire du Mal, à vous contenter de dire que la course aux armements n’est qu’un vaste malentendu et par là même à vous soustraire au combat entre le juste et le faux, le bien et le mal. [...] Je crois que nous relèverons le défi. Je crois que le communisme n’est qu’un chapitre supplémentaire, triste et bizarre, de notre Histoire dont les dernières pages sont entrain de s’écrire sous nos yeux.
Ronald Reagan, Discours devant l’Association
nationale des Évangélistes, 8 mars 1983
b) Le retour du containment face à l’URSS
Le retour du containment face à l’URSS
D'importantes quantités d'armes sont fournies aux moudjahidines
qui combattent les Soviétiques en Afghanistan
Le retour du containment face à l’URSS
La crise des « euromissiles »
Des missiles nucléaires Pershing sont déployés en Europe de l'Ouest à partir de 1983
face aux missiles que l'URSS avait déployés en Europe de l'Est dans les années 1970
Le retour du containment face à l’URSS
L'Initiative de Défense stratégique, surnommée « Star Wars »
Le projet ambitieux (et irréalisable à l'époque) qui a permis aux Etats-Unis de reprendre l'avantage sur l'URSS
L’Amérique victorieuse
Gorbatchev et Reagan signant à Washington en 1987
le premier traité de désarmement nucléaire
L’Amérique victorieuse
L'implosion de l'URSS en décembre 1991, dernier acte de la Guerre froide
III. L’« hyperpuissance » américaine après la guerre froide (1991-2018)
1. Les années 1990 et 2000: du multilatéralisme à l’unilatéralisme
a) La guerre du Golfe est le point de départ de la construction d’un nouvel ordre mondial. L’invasion du Koweït par l’Irak en 1990 permet aux Américains de redéfinir leur rôle mondial après la guerre froide : à la tête d’une vaste coalition internationale formée par l’ONU, ils forcent l’armée irakienne à évacuer le territoire koweitien en 1991 par l’opération « Tempête du désert » (document 1). George Bush annonce alors la naissance d’un « nouvel ordre mondial », fondé sur la coopération entre les Etats et le respect du droit international, dont les Etats-Unis veulent être les garants: la puissance américaine se met au service de la stabilité du monde (document 2).
b) Cette politique multilatérale est poursuivie pendant les années 1990. Bill Clinton, qui succède à Bush en 1992, fait des Etats-Unis les « gendarmes du monde » : pour rétablir la paix et pour défendre la liberté, ils interviennent militairement, sous mandat de l’ONU, en Somalie en 1992 et en Haïti en 1993, et obtiennent la signature en 1993 d’un historique accord de paix entre Israël et la Palestine. En Europe, où les anciens pays communistes du bloc de l’Est rejoignent l’OTAN, les Etats-Unis mettent fin en 1995 aux guerres de l’ex-Yougoslavie (document 3). Le but principal de la politique extérieure américaine devient l’« enlargement » : il s’agit d’étendre au monde entier le modèle américain, fondé sur la démocratie libérale et l’économie de marché (document 4)
c) A partir de 2001, les Etats-Unis adoptent au contraire une politique unilatérale. Les détournements d’avions organisés par Al-Qaïda le 11 septembre 2001 atteignent le cœur même de la puissance des Etats-Unis, dans sa dimension économique (le World Trade Center) et dans sa dimension militaire (le Pentagone). Mais ces attentats sont surtout vus par les Américains comme la première attaque de leur territoire depuis 1941 (document 5). C’est ce qui explique la brutale réorientation de la politique extérieure américaine opérée par George Bush Jr : après avoir obtenu dès novembre 2001 l’autorisation de l’ONU pour une intervention en Afghanistan – dont les dirigeants islamistes (les talibans) apportaient leur soutien à Al-Qaida – (document 6), les Etats-Unis s’engagent dans un combat unilatéral contre le terrorisme et contre tous les pays de « l’Axe du Mal » qui menacent la sécurité de l’Amérique. En 2003, sous prétexte de l’empêcher de fabriquer des armes de destruction massive, l’armée américaine envahit l’Irak sans mandat de l’ONU et chasse Saddam Hussein du pouvoir (document 7).
Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
La guerre du Golfe de 1990-1991
L'invasion du Koweit par l'armée irakienne en août 1990
Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
La guerre du Golfe de 1990-1991
L'opération Desert Storm (janvier-février 1991) pour la libération du Koweit
Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays. je viens d’avoir un entretien très fructueux avec le président de l’URSS, M. Mikhaïl Gorbatchev. Je suis content que nous œuvrions de concert en vue d’établir de nouvelles relations. À Helsinki, nous avons affirmé, dans notre communiqué commun, notre détermination à réagir devant la menace que l’Irak fait peser sur la paix. Nous avons déclaré, je cite : "Nous sommes unis pour estimer que l’agression par l’Irak ne doit pas être tolérée. Aucun ordre international pacifique n’est possible si des Etats plus forts peuvent dévorer leurs voisins plus faibles." Il est clair qu’aucun dictateur ne peut plus compter sur l’affrontement Est-Ouest pour bloquer l’action de l’ONU contre toute agression.
Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.
Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie.
George Bush, Discours au Congrès, 11 septembre 1990
Les années 1990: le temps du multilatéralisme
Les Etats-Unis, « gendarmes du monde »
L'élargissement de l'OTAN aux anciens pays du bloc soviétique
Les années 1990: le temps du multilatéralisme
Les Etats-Unis ont l’intention de rester engagés et d’être les premiers. Les Etats-Unis ne peuvent pas résoudre tous les problèmes mais ils devront être, et ils le seront le pivot du changement et celui de la paix. Alors que de nouveaux périls et de nouvelles occasions se présentent, notre objectif suprême sera d’élargir et de renforcer les démocraties du monde fondées sur l’économie de marché.
Bill Clinton, Discours devant l’Assemblée
des Nations unies, 27 septembre 1993.
Nous ne sommes pas, et nous ne pouvons pas être, le gendarme du monde. Mais là où nos intérêts et nos idéaux le demandent, et quand nous aurons la possibilité de laisser notre empreinte, nous agirons et, si c’est nécessaire, nous assumerons le rôle de leader. Nous avons souscrit à des engagements forts importants d’un bout à l’autre du monde en Asie, en Amérique latine, en Océanie, au Moyen-Orient – et naturellement en France – et nous les tiendrons. Nous sommes décidés, en particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché sur tous les continents. Ceci est le reflet non seulement de nos idéaux, mais aussi de nos intérêts.
Bill Clinton, entretien à la revue française Limes, n°1, 1997.
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Les "unes" de quelques journaux américains aux lendemains du 11 septembre 2001
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
En octobre 2001, l’armée américaine intervient en Afghanistan, avec l’autorisation de l’ONU ...
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
... et chasse du pouvoir les talibans, des islamistes accusés de soutenir Al-Qaïda
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Notre objectif consiste à empêcher les gouvernements qui parrainent le terrorisme de menacer les Etats-Unis et leurs amis au moyen d’armes de destruction massive. Certains de ces gouvernements se tiennent tranquilles depuis le 11 septembre. Mais nous connaissons leur véritable caractère. La Corée du Nord a un gouvernement qui s’équipe de missiles et d’armes de destruction massive tout en affamant sa population. L’Iran s’emploie activement à fabriquer de telles armes et exporte le terrorisme, tandis qu’une minorité non élue étouffe l’espoir de liberté du peuple iranien. L’Irak continue à afficher son hostilité envers les Etats-Unis et à soutenir le terrorisme. Le gouvernement irakien complote depuis plus de dix ans pour mettre au point le bacille du charbon, des gaz neurotoxiques et des armes nucléaires. [...] C’est un gouvernement qui a des choses à cacher au monde civilisé.
De tels Etats constituent, avec leurs alliés terroristes, un axe du Mal et s’arment pour menacer la paix mondiale. (…) Le coût de l’indifférence serait catastrophique.
George W. Bush, discours sur
l’état de l’Union, 29 janvier 2002
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Saddam Hussein est chassé du pouvoir et l’Irak est administré par les Etats-Unis
a) Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
La guerre du Golfe de 1990-1991
L'invasion du Koweit par l'armée irakienne en août 1990
Les Etats-Unis, architectes d’un « nouvel ordre mondial »
Ce soir, je veux vous parler de ce qui est en jeu, de ce que nous devons faire ensemble pour défendre partout les valeurs du monde civilisé et pour maintenir la force économique de notre pays. je viens d’avoir un entretien très fructueux avec le président de l’URSS, M. Mikhaïl Gorbatchev. Je suis content que nous œuvrions de concert en vue d’établir de nouvelles relations. À Helsinki, nous avons affirmé, dans notre communiqué commun, notre détermination à réagir devant la menace que l’Irak fait peser sur la paix. Nous avons déclaré, je cite : "Nous sommes unis pour estimer que l’agression par l’Irak ne doit pas être tolérée. Aucun ordre international pacifique n’est possible si des Etats plus forts peuvent dévorer leurs voisins plus faibles." Il est clair qu’aucun dictateur ne peut plus compter sur l’affrontement Est-Ouest pour bloquer l’action de l’ONU contre toute agression.
Un nouveau partenariat des nations a vu le jour.
Nous nous trouvons aujourd’hui à un moment exceptionnel et extraordinaire. La crise dans le golfe Persique, malgré sa gravité, offre une occasion rare pour s’orienter vers une période historique de coopération. De cette période difficile, notre cinquième objectif, un nouvel ordre mondial, peut voir le jour : une nouvelle ère, moins menacée par la terreur, plus forte dans la recherche de la justice et plus sûre dans la quête de la paix. Une ère où tous les pays du monde, qu’ils soient à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud, peuvent prospérer et vivre en harmonie.
George Bush, Discours au Congrès, 11 septembre 1990
b) Les années 1990: le temps du multilatéralisme
Les années 1990: le temps du multilatéralisme
Les Etats-Unis ont l’intention de rester engagés et d’être les premiers. Les Etats-Unis ne peuvent pas résoudre tous les problèmes mais ils devront être, et ils le seront le pivot du changement et celui de la paix. Alors que de nouveaux périls et de nouvelles occasions se présentent, notre objectif suprême sera d’élargir et de renforcer les démocraties du monde fondées sur l’économie de marché.
Bill Clinton, Discours devant l’Assemblée
des Nations unies, 27 septembre 1993.
Nous ne sommes pas, et nous ne pouvons pas être, le gendarme du monde. Mais là où nos intérêts et nos idéaux le demandent, et quand nous aurons la possibilité de laisser notre empreinte, nous agirons et, si c’est nécessaire, nous assumerons le rôle de leader. Nous avons souscrit à des engagements forts importants d’un bout à l’autre du monde en Asie, en Amérique latine, en Océanie, au Moyen-Orient – et naturellement en France – et nous les tiendrons. Nous sommes décidés, en particulier, à favoriser le flot montant de la démocratie et du libre marché sur tous les continents. Ceci est le reflet non seulement de nos idéaux, mais aussi de nos intérêts.
Bill Clinton, entretien à la revue française Limes, n°1, 1997.
c) Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Les "unes" de quelques journaux américains aux lendemains du 11 septembre 2001
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Notre objectif consiste à empêcher les gouvernements qui parrainent le terrorisme de menacer les Etats-Unis et leurs amis au moyen d’armes de destruction massive. Certains de ces gouvernements se tiennent tranquilles depuis le 11 septembre. Mais nous connaissons leur véritable caractère. La Corée du Nord a un gouvernement qui s’équipe de missiles et d’armes de destruction massive tout en affamant sa population. L’Iran s’emploie activement à fabriquer de telles armes et exporte le terrorisme, tandis qu’une minorité non élue étouffe l’espoir de liberté du peuple iranien. L’Irak continue à afficher son hostilité envers les Etats-Unis et à soutenir le terrorisme. Le gouvernement irakien complote depuis plus de dix ans pour mettre au point le bacille du charbon, des gaz neurotoxiques et des armes nucléaires. [...] C’est un gouvernement qui a des choses à cacher au monde civilisé.
De tels Etats constituent, avec leurs alliés terroristes, un axe du Mal et s’arment pour menacer la paix mondiale. (…) Le coût de l’indifférence serait catastrophique.
George W. Bush, discours sur
l’état de l’Union, 29 janvier 2002
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Saddam Hussein est chassé du pouvoir et l’Irak est administré par les Etats-Unis
2. Quelle politique pour les Etats-Unis aujourd'hui?
a) L’unilatéralisme américain provoque de multiples contestations. L’invasion par les Etats-Unis d’un Etat souverain, sans justification sérieuse et sans accord de la communauté internationale, est condamnée par de nombreux pays, dont la Russie ou la Chine, mais aussi la France, l’Allemagne ou le Canada. Partout dans le monde, de gigantesques manifestations antiaméricaines dénoncent l’impérialisme des Etats-Unis et leur mépris du droit international (document 1). Aux Etats-Unis même, l’intervention en Irak et la politique sécuritaire de l’administration Bush sont de plus en plus critiquées au fur et à mesure que l’armée américaine s’enlise dans un « nouveau Vietnam » (document 2).
b) L’élection d’Obama amène un retour au multilatéralisme. Le nouveau président, récompensé dès 2009 par le prix Nobel de la paix, définit sa politique extérieure comme un "Smart power" (un pouvoir intelligent), c’est-à-dire un mélange pragmatique de « Hard » et de « Soft Power » en fonction des circonstances (document 3). Tandis que les forces américaines stationnées en Irak sont progressivement rapatriées aux Etats-Unis, ceux-ci agissent à nouveau dans le cadre des organisations internationales, l’ONU ou le G8, et renforcent leurs liens avec leurs alliés. Dans de nombreux discours, dont celui du Caire en 2009, Obama proclame sa volonté d’un partenariat avec les autres nations et ce sont par exemple la France et le Royaume-Uni qui interviennent en Libye en 2011, à la place des Etats-Unis (document 4)
c) La présidence Trump constitue un nouveau tournant. Aux yeux d’un grand nombre d’Américains, les Etats-Unis restent la première puissance du monde, mais leur dépendance grandissante vis-à-vis de l’étranger et la croissance spectaculaire de la puissance chinoise sont des limites qu’ils doivent de moins en moins ignorer (document 5). C’est la raison pour laquelle la puissance américaine est au cœur de l’élection de 2016 : Donald Trump devient président en promettant aux Américains de rendre sa grandeur à leur pays ("Make America great again") et, dès les premiers mois de sa présidence, les Etats-Unis reviennent à une politique unilatérale, comme le montre entre autres, leur retrait de l’Accord de Paris sur le climat en 2017 (document 6).
Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
Les Etats-Unis célèbrent la victoire en Irak en mai 2003 ...
Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
... mais ils déclenchent une gigantesque protestation internationale:
le 15 février 2003, des manifestations contre la guerre en Irak sont organisées dans plus de 600 villes
Madrid
New York
Jakarta
Calcutta
Rome
Londres
Berlin
Marseille
San Francisco
Montevideo
Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
Un anti-américanisme renforcé par la guerre en Irak
Un mur peint à Téhéran:
« A bas les Etats-Unis! »
Une manifestation aux Philippines en 2004
Un journaliste lançant une chaussure sur George Bush
en visite à Bagdad en 2008
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Manifestation à New York en 2003 contre le Patriot Act,
voté en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Le prix Nobel de la Paix, décerné en 2009 à Barack Obama
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Je crois que la politique étrangère des Etats-Unis doit être fondée sur le mariage des principes et du pragmatisme, non sur une idéologie rigide; sur les faits et sur les preuves, non sur les émotions et les préjugés. Notre sécurité, notre vitalité et notre capacité à diriger le monde d’aujourd’hui nous obligent à admettre la réalité écrasante de notre interdépendance avec les autres pays.
Je crois que si le leadership américain a laissé à désirer, il est toujours désiré. Nous devons utiliser le smart power, l’ensemble des outils à notre disposition – diplomatiques, économiques, militaires, politiques, juridiques et culturels –, en choisissant le meilleur outil ou la meilleure combinaison d’outils pour chaque situation.
Hillary Clinton, Secrétaire d'Etat, déclaration devant la commission
des Affaires étrangères du Sénat américain, 2009
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Barack Obama rapatrie aux Etats-Unis les troupes américaines envoyées en Irak ...
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.[...]
Tout comme les musulmans ne se résument pas à un stéréotype grossier, l’Amérique n’est pas le stéréotype grossier d’un empire qui n’a d’autre intérêt que le sien. (…) Au vu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève un pays ou un groupe d’individus au détriment d’un autre est inévitablement voué à l’échec. Quelle que soit notre opinion du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nous devons régler nos problèmes par le biais du partenariat et partager nos progrès.
Barack Obama, discours à l’université du Caire, 4 juin 2009
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Par opposition à la vision meurtrière des extrémistes violents, nous nous joignons, dans le monde entier, à nos alliés et partenaires, pour bâtir leur capacité à promouvoir la sécurité, la prospérité et la dignité humaine. Les capacités croissants de nos alliés et partenaire qui viennent d’être démontrées par la mission réussie de protection du peuple libyen, nous offrent de nouvelles occasions de partager le fardeau.
Faire face à ces défis ne relève pas seulement de l’armée, et c’est pourquoi nous avons renforcé tous les outils de la puissance américaine, y compris la diplomatie et l’aide au développement, le renseignement et la sécurité intérieure. [...] Alors que nous terminons les guerres actuelles et que nous reformatons notre armée, nous allons conserver des forces militaires agiles, flexibles et prêtes à réagir à toutes les situations.
Barack Obama, préface au rapport Maintenir le leadership mondial des Etats-Unis,
priorités de la défense pour le XXIe siècle, 3 janvier 2012
a) Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
Les Etats-Unis célèbrent la victoire en Irak en mai 2003 ...
Une hyperpuissance contestée jusqu'en 2008
... mais ils déclenchent une gigantesque protestation internationale:
le 15 février 2003, des manifestations contre la guerre en Irak sont organisées dans plus de 600 villes
Madrid
New York
Jakarta
Calcutta
Rome
Londres
Berlin
Marseille
San Francisco
Montevideo
Les années 2000: l'expérience de l'unilatéralisme
Manifestation à New York en 2003 contre le Patriot Act,
voté en 2001 à la suite des attentats du 11 septembre
b) Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Le prix Nobel de la Paix, décerné en 2009 à Barack Obama
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Je crois que la politique étrangère des Etats-Unis doit être fondée sur le mariage des principes et du pragmatisme, non sur une idéologie rigide; sur les faits et sur les preuves, non sur les émotions et les préjugés. Notre sécurité, notre vitalité et notre capacité à diriger le monde d’aujourd’hui nous obligent à admettre la réalité écrasante de notre interdépendance avec les autres pays.
Je crois que si le leadership américain a laissé à désirer, il est toujours désiré. Nous devons utiliser le smart power, l’ensemble des outils à notre disposition – diplomatiques, économiques, militaires, politiques, juridiques et culturels –, en choisissant le meilleur outil ou la meilleure combinaison d’outils pour chaque situation.
Hillary Clinton, Secrétaire d'Etat, déclaration devant la commission
des Affaires étrangères du Sénat américain, 2009
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Je suis venu ici au Caire en quête d’un nouveau départ pour les Etats-Unis et les musulmans du monde entier, un départ fondé sur l’intérêt mutuel et le respect mutuel, et reposant sur la proposition vraie que l’Amérique et l’islam ne s’excluent pas et qu’ils n’ont pas lieu de se faire concurrence. Bien au contraire, l’Amérique et l’islam se recoupent et se nourrissent de principes communs, à savoir la justice et le progrès, la tolérance et la dignité de chaque être humain.[...]
Tout comme les musulmans ne se résument pas à un stéréotype grossier, l’Amérique n’est pas le stéréotype grossier d’un empire qui n’a d’autre intérêt que le sien. (…) Au vu de notre interdépendance, tout ordre mondial qui élève un pays ou un groupe d’individus au détriment d’un autre est inévitablement voué à l’échec. Quelle que soit notre opinion du passé, nous ne devons pas en être prisonniers. Nous devons régler nos problèmes par le biais du partenariat et partager nos progrès.
Barack Obama, discours à l’université du Caire, 4 juin 2009
Les années Obama: le retour au multilatéralisme
Par opposition à la vision meurtrière des extrémistes violents, nous nous joignons, dans le monde entier, à nos alliés et partenaires, pour bâtir leur capacité à promouvoir la sécurité, la prospérité et la dignité humaine. Les capacités croissants de nos alliés et partenaire qui viennent d’être démontrées par la mission réussie de protection du peuple libyen, nous offrent de nouvelles occasions de partager le fardeau.
Faire face à ces défis ne relève pas seulement de l’armée, et c’est pourquoi nous avons renforcé tous les outils de la puissance américaine, y compris la diplomatie et l’aide au développement, le renseignement et la sécurité intérieure. [...] Alors que nous terminons les guerres actuelles et que nous reformatons notre armée, nous allons conserver des forces militaires agiles, flexibles et prêtes à réagir à toutes les situations.
Barack Obama, préface au rapport Maintenir le leadership mondial des Etats-Unis,
priorités de la défense pour le XXIe siècle, 3 janvier 2012
c) Les années Trump: un nouvel unilatéralisme
Conclusion